«Les nouvelles dynamiques du développement social» un ouvrage franco-québécois qui répond aux idées reçues

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Cyprien Avenel, sociologue et actuel animateur du groupe de travail au HCTS sur le Développement Social, vient de publier un ouvrage sur ce thème intitulé « Les nouvelles dynamiques du développement social ». Il a co-rédigé cet ouvrage avec son collègue Denis Bourque qui est professeur titulaire au Département de travail social de l’Université du Québec. Cet ouvrage collectif présente les nouvelles dynamiques du développement social et du travail social collectif en France confrontées aux défis sociaux actuels.

Contrairement aux idées reçues, les pratiques développées en France ne sont pas en retard au regard de ce qui existe au  Québec. Il existe plutôt  une similitude des processus engagés dans les 2 pays.  Cet ouvrage en profite pour définir et clarifier les concepts que sont « l’intervention collective », « l’empowerment », « la participation citoyenne » notamment

Pour Cyprien Avenel, le Développement social ne peut passer que par des actions collectives inscrites dans le cadre d’une politique de la ville rénovée. Interrogé par le mensuel Directions sur le fait que les quartiers périphériques gardent une image de ghettos en proie aux violences. Le bilan n’est pas aussi sombre qu’on le décrit.  Certes « Le taux de chômage est deux trois fois plus élevé que la moyenne nationale, la précarité financière est criante, la mixité sociale reste un objectif compliqué. Mais sans la politique de la ville, la situation serait bien pire ».

« Les évaluations  successives oublient d’examiner ces quartiers de façon dynamique » précise Cyprien Avenel. « Le taux de mobilité résidentielle y est en moyenne le même qu’ailleurs.  Par exemple, des études montrent que la Seine-Saint- Denis est un territoire d’accueil et de promotion ». Ces quartiers sont aussi victimes de fortes représentations. Le Bondy Blog nous le rappelle régulièrement. Des réussites très intéressantes existent tout comme les solidarités de voisinage.

« On ne parle que des échecs, mais jamais ou presque des réussites, alors même qu’elles existent et se développent, malgré les embûches »

A mon avis, le premier obstacle à cette politique de la ville est son financement trop limité et la façon dont les quartiers sont considérés ou non comme prioritaires et donc susceptibles de bénéficier ou pas de moyens pour développer des actions. Si une personne habite la rue à coté du quartier, malgré le fait qu’elle rencontre les mêmes problèmes, elle ne pourra pas bénéficier de l’action engagée ou ce sera exceptionnellement à titre dérogatoire. Il m’est arrivé par le passé de trouver avec un jeune une adresse sur un quartier pour qu’il puisse bénéficier d’une action qui lui aurait refusé au regard de son adresse…

Le deuxième obstacle est sans aucun doute la façon dont l’action sociale est organisée : Il faut un décodeur quand on n’est pas initié : Vous avez les politique centrées par thématiques : logement, insertion, lutte contre les addictions, les violences, protection de l’enfance… Puis vous avez les politique liées aux prestations : RSA, handicap, APA et dépendance… Vous avez aussi les politiques par tranches d’âge : PMI, Jeunes, personnes âgées. Et enfin vous avez la politique de la ville qui offre des moyens que pour certains quartiers quels que soient les bénéficiaires qu’ils soient jeunes vieux, qu’ils perçoivent le RSA ou toute autre prestation. Bref chacun reste dans son domaine et cela freine et nuit au travail collectif lorsque celui-ci se veut transversal.

Chaque institution gère et anime son dispositif sans forcément toujours tenir compte de celui du voisin. Les travailleurs sociaux doivent eux s’adapter face à une multitude d’interlocuteurs qui fixent des règles différentes les unes des autres. Il y a de quoi y perdre son latin.

Pourrait-on faire plus simple ?  Sans doute mais comment ? Il reste bien difficile de répondre à cette question. Laissons Cyprien Avenel conclure son plaidoyer pour un développement inclusif :  « La mise en œuvre d’une démarche de développement social vise à étendre une pratique d’intervention favorisant l’implication de tous les acteurs locaux dans le développement d’initiatives du territoire (économiques, culturelles, éducatives, festives, sportives…). C’est une conception du social comme un Investissement, non comme un seul instrument réparateur des problèmes sociaux et économiques » …/…

« Le développement social n’est pas une nouveauté, mais s’impose comme une solution adéquate  aux difficultés actuelles de ces quartiers. Or, la formation des travailleurs sociaux, dominée par le modèle d’aide individuelle, n’a pas encore [suffisamment] intégré ces méthodes d’intervention collective. Ce chantier est stratégique » conclut-il.

et j’ajouterais ceci :

Il faudra aussi que les organisations employeurs permettent au travailleurs sociaux de mener des actions collectives en leur faisant confiance, c’est à dire sans leur mettre la laisse au cou en leur demandant sans cesse des comptes et des écrits ( parfois à chaque réunion avec les habitants!). Il leur faut aussi un minimum de moyens et de temps dédiés, sinon nous resterons dans des pratiques d’affichage feront croire que l’on avance alors que ce n’est pas le cas.

Pour en revenir sur ce livre :

« L’ouvrage est construit autour de quatre questions structurantes : le rôle de l’État et la contribution des politiques sociales au développement des territoires ; l’ouverture des pratiques professionnelles du champ social à l’intervention collective ; le renforcement de la société civile et de la participation citoyenne ; l’enjeu d’une conception stratégique de la politique sociale, qui n’est pas simplement une dépense et une charge, mais un instrument dynamique de construction du bien commun local. »

l’interview des auteurs :

« Ce livre s’adresse aussi bien aux universitaires et aux étudiants, qu’aux travailleurs et intervenants sociaux, aux cadres et dirigeants territoriaux, aux associations et aux responsables politiques, à tous ceux qui sont sensibles à une approche transformatrice des questions sociales. »

vous pouvez vous le procurer ici 

Note : je me dois de vous préciser que je connais bien Cyprien Avenel et nous nous croisons régulièrement et échangeons souvent sur les questions liées à l’action collective et au développement social

La photo est issu du reportage vidéo

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