La grande famille du travail social s’est retrouvé sous la pluie hier matin à Nantes le temps d’un cortège et d’une manifestation à Nantes. L’occasion de se retrouver pour refuser la violence, les contraintes budgétaires qui insécurisent les professionnel débordés par les demandes qui sont le reflet de la précarisation actuelle de la société.
La lettre des salariés du service social de protection de l’enfance est très claire sur ce sujet : « Nous sommes ainsi parmi les derniers professionnels à aller dans des endroits où les services de proximité (police, prévention…) et encore moins la psychiatrie en cela qu’elle a été malmenée en termes de crédits ces dernières années (délais d’attente, lits…), ne vont plus ».
Le reportage Video de Presse Océan
Des salariés du SSPE ont rappelé en début de manifestation qu’une lettre ouverte interpelle les financeurs sur la dégradation continue des conditions de travail des travailleurs sociaux et notamment des éducateurs en charge de la protection de l’enfance.Il a été rappelé que le Conseil Général et le juge des enfants respectent ce processus de deuil et soutiennent l’association. Mais cela ne peut éviter que soient abordées la question des moyens et de la sécurité pour assurer nos missions: « Nos revendications, mesurées et rigoureusement tournées vers une volonté de travailler mieux en direction des familles, de pouvoir remplir décemment nos missions ne sont pas entendues alors qu’elles sont les mêmes depuis des années.«
L’unité retrouvée
Les organisations syndicales, toutes ensembles, ont été exemplaires dans l’unité sans surenchère et dans la dignité avec une prise de parole commune pour rappeler que « nous sommes dans des métiers que nous avons choisis. Nous avons fait le choix de l’humanité, pas celle de sa destruction. En mémoire de notre collègue, en signe de fraternité avec ses proches, et pour nous tous, nous devons réaffirmer notre volonté de mettre en œuvre cette humanité, et nous devons retrouver la sérénité pour pouvoir le faire ». « Nous devons aussi penser à cette femme qui s’est trouvée exposée au même risque, qui a failli perdre la vie et qui s’en sortira meurtrie et traumatisée…Nous devons aussi penser à son enfant … » Mais il y a aussi ce qui ne va pas au quotidien : « Nous en avons assez des remises en cause de nos métiers, de nos qualifications. Nous en avons assez du manque de moyens humains et financiers, des logiques financières de rentabilité, de baisses de budget, d’effectifs insuffisants, du travail dans l’urgence. Nous en avons assez que notre expertise professionnelle ne soit pas prise en compte ».
« Oui, nos métiers sont des beaux métiers. Pour qu’ils le restent, que chacune et chacun prenne soin de soi, et pour cela, que chacune et chacun prenne soin des autres collègues qui l’entourent. » (Ici le texte définitif de la prise de parole)
« Pour qu’ils le restent, les responsables politiques, institutionnels et patronaux ont des obligations envers nous, envers les usagers, ils doivent nous donner les moyens de bien travailler.« L’un des membres de son équipe nous l’a rappelé au moment de l’hommage à Jacques lundi dernier : Non, notre collègue ne faisait pas ce métier pour terminer comme cela… … Nous non plus !!!. C’est pourquoi, cette mobilisation a vocation à se poursuivre et s’amplifier pour nous faire entendre » ont déclaré l’ensemble des organisations syndicales.
Celles-ci ont été reçues ensemble par la préfecture et le Conseil Départemental. Une phase de discussion / négociations devraient s’ensuivre. Le matin même le Président du Conseil Départemental Philippe Grosvalet réélu rendait un hommage soutenu à notre collègue disparu devant l’ensemble des nouveaux élus réunis en assemblée plénière.
Mais…
Que penser quand on se rappelle ce cri d’alerte lancé il y a 4 ans par les associations de protection de l’enfance ? « Faut-il un mort ? ». C’était alors le « cri du cœur d’une quinzaine de salariés (travailleurs sociaux, psychologues et personnel administratif) du service Investigation de l’Association d’Action éducative 44, lancé à la mi février 2011″. A l’époque des rencontres avaient eu lieu. Cette mobilisation s’était aussi traduite par une réforme importante de l’organisation de la protection de l’enfance au sein du Conseil Général. Des moyens avaient été mis en oeuvre. Mais ceux ci ont ils été suffisants ? Difficile à dire au regard de ce qui s’est récemment produit et de ce qu’en disaient ce matin dans le cortège une majorité de professionnels.
photo : une partie de file du cortège le long de la Loire
3 réponses
Pas sûr que mes collègues qui ont ouvert la porte alors que tout le monde hurlait, ont attrapé la petite fille de 4ans pour la mettre au chaud dans nos bureaux pendant que son père tuait notre collègue, puissent penser qu’elle n’ont « pas protégé » cette enfant. J ai trouvé, et je ne suis pas le seul, cette phrase très malheureuse de la part du cgtisite, et je suis déçu que vous la repreniez ici
Bonjour,
Cette phrase peut prêter à confusion et je ne doute pas de la bonne intention du collègues à qui vous attribuez ce propos. Je souhaite éviter ici toute polémique autour de tel ou tel syndicat alors que la démarche de la prise de position se veut unitaire. Je retire donc la partie de phrase qui peut être considérée effectivement comme ambiguë et discutable.