Mathieu Klein : « Il faut redonner la fierté d’exercer » le travail social
Ne manquez pas cet interview exclusif du président du Haut Conseil du Travail Social publié par le Média Social. Nous avions préparé en amont Olivier Bonnin et moi, les questions posées à Mathieu Klein. Je ne peux toutes les résumer ici, mais voici quelques éléments de ses réponses. Le président du HCTS estime tout d’abord que la situation est critique pour le travail social. Il est nécessaire qu’un message fort soit adressé, depuis le plus haut niveau de l’État dit-il. « Il faut aussi redonner du sens au travail social. Je suis convaincu qu’il faut le « dé-technocratiser » et cesser de le noyer dans la procédure, pour redonner à la relation interpersonnelle toute sa légitimité ».
Ceci précisé, le président du HCTS garde en ligne de mire la production d’un Livre blanc, à remettre l’été 2023, avec des propositions opérationnelles afin que des mesures soient prise. Mais il souhaite auparavant un temps de remontées du terrain, avec une mobilisation des comités locaux du travail social et du développement social, mais pas qu’eux. Tous les acteurs du travail social doivent pouvoir être entendus.
« Il faut faire connaître la diversité de ces métiers, qui sont un socle de notre pacte républicain. Le pilier de la fraternité repose sur l’engagement des travailleurs sociaux ! Ces métiers extrêmement enrichissants doivent être reconnus, valorisés, et aussi mieux rémunérés » dit Mathieu Klein. Ok, a-t-on envie mais dans ce cas, une prime ne pourra suffire. Le président du HCTS en est conscient. D’autres points sont abordés, par exemple celui de la formation et sur ce qui est attendu concrètement de la Première ministre, Elisabeth Borne. C’est à découvrir en ligne sur le Média Social (lire l’interview)
- lire aussi : « La lettre de Mathieu Klein, Président du Haut Conseil du Travail social à la première ministre Élisabeth Borne »
Géolocalisation des enfants : une nouvelle forme de surveillance parentale
Parmi les stratégies des parents pour surveiller les activités de leurs enfants, la géolocalisation est une pratique à la fois singulière et de plus en plus courante nous explique Yann Bruna, maître de conférences en sociologie à l’Université Paris Nanterre. Son article publié par le site The Conversation mérite que l’on s’y arrête car le chercheur a décelé là une nouvelle pratique parentale qui donne à voir leurs inquiétudes et leur façon d’y répondre. Les applications permettant ce suivi à distance sont nombreuses ((Find My Kids, Google Family Link, Apple FindMy, etc.)
L’enquête conduite par le chercheur indique d’abord que les parents interrogés se situent exclusivement dans des zones urbaines. C’est une donnée importante. Leurs témoignages mettent en avant les risques inhérents à la ville : « quand je vois ce qu’il se passe dans certains quartiers, je suis très contente » dira une mère de famille. Un commercial de 46 ans, Stéphane ajoute : « quand vous voyez ce qu’il s’est passé à Nice, je me dis que pour ne pas vouloir savoir où se trouvent ses enfants, il faut être irresponsable ». L’usage de la géolocalisation ne permettrait pas seulement de vérifier la position de l’enfant, mais aussi de le situer spatialement – et donc socialement – par rapport à un ensemble de lieux identifiés comme plus ou moins sécurisants en ville.
Le point de vue des adolescents est aussi abordé : de façon générale, ils ont majoritairement un point de vue critique sur l’utilisation d’applications de contrôle parental. Lorsqu’il leur est demandé si quelque chose va trop loin dans les possibilités offertes par ces applications, leurs réponses convergent presque unanimement vers la restriction du temps passé sur les réseaux sociaux et la géolocalisation.
Le recours à la géolocalisation n’est pas sans conséquence dans les relations intrafamiliales. Par exemple, depuis qu’il a appris qu’il était géolocalisé, Xavier déclare que cet épisode a profondément bouleversé la confiance réciproque entre son père et lui. La rupture s’est effectuée de part et d’autre, car en apportant la preuve que l’adolescent mentait sur ses déplacements… (lire l’article de The Conversation)
Un manifeste pour l’inclusion financière universelle
Pas rentables, trop à risque, de nombreuses personnes se heurtent encore aux refus des banques de leur ouvrir un compte nous explique Myriam Léon dans Lien Social. D’autres éprouvent des difficultés à obtenir de l’argent liquide, faute d’adaptation des distributeurs et des agences aux handicaps. Cette situation fait réagir un collectif d’associations (Le Secours Catholique, Emmaüs, l’Association France handicap, UFC Que Choisir, avec Familles rurales et la Confédération Syndicale des familles).
Ce groupe de travail inter-associatif vient de publier un « Manifeste pour l’inclusion financière universelle. » « L’inclusion financière englobe l’accès à un compte et aux moyens de paiements, explique à la journaliste Geneviève Colas du Secours catholique. Sans l’un et l’autre, de nombreux droits sont bafoués. Il est difficile de vivre sans ces services bancaires nécessaires pour trouver un emploi, pour percevoir un salaire, des allocations, des remboursements de santé, s’abonner à un service téléphonique, régler des factures… »
Parfois en toute illégalité, les pratiques bancaires stigmatisent des publics déjà confrontés à des difficultés : mineurs non accompagnés, jeunes accueillis à l’aide sociale à l’enfance, personnes sans domicile, aux revenus jugés trop faibles ou entièrement dépendantes des prestations sociales, étrangers sans titre de séjour ou d’une durée d’un an ou moins. Ce droit fondamental est pourtant inscrit dans la loi. (lire l’article de Lien Social) (télécharger le manifeste pour une inclusion financière universelle)
Lire aussi
- La première grève des auxiliaires de vie de Caen | Le Média Social (Noël Bouttier nous relate par le détail le pourquoi de ce mouvement social de salariées de Domidom du groupe Orpea )
- Quand il y a urgence | Revue l’Observatoire (L es acteurs de l’urgence qui a gagné tous les domaines sont aussi souvent les témoins des effets des inégalités, du délitement de la cohésion sociale, du mal-être social, sociétal qui gagne du terrain, mais aussi des défaillances des institutions et de ce qu’il y aurait à améliorer dans les systèmes de prise en charge. Un numéro utile pour un sujet d’actualité)
- Crise à l’hôpital : la mise en garde du comité d’éthique | Santé Magazine
- Associations : la validation d’acquis et de l’expérience des bénévoles facilitée | Les Échos
- Entretien. Comment aider les orphelins après un féminicide ? Une pédiatre explique | Ouest France (Pédiatre et médecin légiste à Rennes, Martine Balençon s’exprime sur la prise en charge des enfants ayant perdu un parent lors d’un féminicide. Depuis six mois, un protocole spécifique a été mis en place)
La phrase du jour : » Je n’emploie jamais le mot d’assistanat » (Valérie Simonet présidente du Département de la Creuse) Un entretien à lire dans le Journal des Départements
Bonus : Les Podcasts « Par la capuche »
Des jeunes traînent dans les rues. Trop âgés pour l’Aide sociale à l’enfance (ASE), trop jeunes pour toucher le RSA. Leur enfance s’est passée en foyer ou en famille d’accueil. Leurs seuls repères : la gare de Metz, le squat et le Point accueil écoute jeunes (Paej). Là, des éducateurs tentent de les retenir «par la capuche». Pour les empêcher de sombrer dans la marginalité ou la délinquance. Pendant un an, Claire Hauter et Samuel Hirsch ont suivi ce travail et ces jeunes. Voici les différents épisodes de ces podcasts.
Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.
Photo en une : Mathieu Klein en 2019 (Wikipedia) Vrs54000 — Travail personnel CC BY-SA 4.0