Marcia, assistante sociale « Je ne suis pas trop habituée à dire à un gamin de 15 ans qu’il va dormir dehors »
Le magazine Bastamag donne a parole à Marcia Burnier, assistante sociale qui travaille au sein d’un centre de santé associatif pour exilés et demandeurs d’asile. elle nous présente la situation d’Aliou. Il vient d’avoir 15 ans, il a une tête d’enfant et un sourire collé sur la face. Il attendait son rendez-vous à la Croix-Rouge pour être évalué, pour qu’un travailleur social fasse un rapport concernant sa « minorité », pour vérifier son âge, son isolement, pour décider s’il relevait de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ou des rues parisiennes. en attendant il est à la rue . Marcia, « persuadée d’avoir eu un coup de génie », téléphone à la CRIP, la cellule du département qui recueille les informations préoccupantes sur les enfants en danger. Sa conversation s’est à peu près déroulée comme ceci : « – Il dort à la rue ? Oulala bien sûr, on va signaler ça au procureur, qu’est ce qui lui est arrivé ? – Il vient du Mali, il est arrivé il y a trois jours. – silence appuyé – …. – Ah mais madame, s’il est étranger, nous on s’en occupe pas, il faut qu’il aille se faire évaluer, et en attendant on ne peut rien faire. S’il est venu jusqu’ici, c’est qu’il est solide. » (lire ce témoignage sur Bastamag)
600 000 pauvres de plus en dix ans en France
Entre 2006 et 2016, le nombre de personnes concernées par la pauvreté a augmenté de 630 000 personnes au seuil à 50 % (du revenu médian) et de 820 000 au seuil à 60 %. Principalement sous l’effet de la progression du chômage. (même en traversant la rue). L’observatoire des inégalités nous apporte quelques explications : « Les années 2000 et 2010 constituent un tournant de notre histoire sociale. La pauvreté avait fortement baissé entre les années 1970 et le début des années 1990. Depuis, on n’assiste non pas à une explosion de la pauvreté, mais à l’inversion d’une tendance historique. Plus que l’augmentation du nombre de pauvres – même si elle est loin d’être négligeable – c’est surtout ce changement d’orientation qui est marquant. La pauvreté est mesurée de façon relative au niveau de vie médian. L’écart se creuse entre les plus pauvres et les couches moyennes si l’on raisonne à moyen terme. et il se creuse encore plus entre les riches, les très riches et ceux qui n’ont rien ou très peu pour vivre
Les travailleurs pauvres, ces invisibles
Le journal Le Monde nous rappelle la réalité de 8 % des Français en activité vivent sous le seuil de pauvreté. « Jean-Philippe Varet est un homme courageux, travailleur… et pauvre. A 44 ans, cet autoentrepreneur dans le bâtiment vit chaque fin de mois avec la boule au ventre. « On gratte au centime près. » Après dix ans de chômage et de RSA, il a monté sa boîte il y a quatre ans, juste avec un scooter et une remorque. Ce sont ses amis d’ATD Quart Monde qui lui ont payé cette année le permis, réussi du premier coup. « Pôle emploi m’avait promis de le financer mais ils n’avaient plus les fonds… »…
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A l’école, «on me ramenait toujours à ma position d’enfant placé»
Les enfants qui grandissent en famille d’accueil ou en foyer se sentent déjà à part. Mais les remarques d’enseignants ou d’autres élèves peuvent accentuer leur mal-être. Nouvelle année scolaire, nouvelle série de questions douloureuses pour les enfants placés. Ils font quoi comme métier tes parents ? Pourquoi c’est pas ta mère qui vient te chercher à la sortie de l’école ? Lyes Louffok, auteur du livre témoignage Dans l’enfer des foyers (Flammarion), s’est ému sur Facebook de ce type de remarques qui rappellent sans cesse à ces enfants qu’ils ne vivent pas avec leurs parents – mais en foyer ou en famille d’accueil – et donc qu’ils sont différents.
Revue de presse et sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre
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