Loire Atlantique : un magistrat dénonce des délais « alarmants » de la prise en charge des mineurs / Des travailleurs sociaux en souffrance

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Prise en charge des mineurs en Loire Atlantique : des délais « alarmants »

En 2018, quinze magistrats de Bobigny signaient un appel au secours dans Le Monde sur le manque de moyens pour la protection de l’enfance, en indiquant notamment : « nous sommes devenus les juges de mesures fictives ».

Philippe Desloges, juge des enfants à Saint-Nazaire et délégué syndical de l’Union syndicale des magistrats tire, à son tour, la sonnette d’alarme : « nous n’atteignons pas les chiffres du département de Seine-Saint-Denis, mais la situation s’est fortement dégradée pour l’assistance éducative. » Entre 2018 et 2019, explique-t-il, la justice des mineurs a été saisie de 100 situations supplémentaires, alors que les moyens humains manquent cruellement pour réduire les délais de prise en charge : en deux ans la liste d’attente des 20 enfants en attente de l’application de la mesure décidée pour les protéger a atteint … 119. On imagine bien que le risque, c’est de passer à côté d’une situation grave. Et s’il arrive quelque chose, il sera alors facile de stigmatiser les juges et l’ASE.

Une situation kafkaïenne

 Pourtant le Conseil départemental ne ménage pas ses efforts : 900 000 € supplémentaire ont été budgétés pour la protection de l’enfance en 2020. « Mais le gouvernement a imposé un pacte aux collectivités bloquant les dépenses sociales à 1,3 %. Au-delà, on se fait ponctionner des dotations » explique Fabienne Padovani, vice-présidente du conseil départemental, chargée de la protection de l’enfance et de la famille.

La situation est kafkaïenne : l’Etat reprend dans une poche (exigence de réduction des budgets sociaux), ce qu’il donne dans l’autre poche (les 80 millions promis par Adrien Taquet).

Dépasser l’indignation

 « Apprendre que des juges des enfants dans un département dit riche deviennent, comme à Bobigny, des juges de mesures fictives, savoir la difficulté au quotidien des équipes qui œuvrent à trouver des solutions, connaître la pénurie de solutions en pédopsychiatrie, (…) c’est malheureusement une triste réalité », affirme La ligue des droits de l’homme dans un communiqué publié par Ouest-France.

L’association en appelle aux hommes et femmes politiques pour qu’ils « fassent de l’enjeu de l’enfance une politique majeure » Et de poursuivre : «Comment lutter contre le désengagement constant de l’État ? Combien de drames faudra-t-il pour que nous nous indignions tous ensemble ?»

Des professionnels de la protection de l’enfance en souffrance

Depuis de nombreux mois, les élus des différentes instances du personnel de Linkiaa (née en 2018 de la fusion de La Sauvegarde de l’Enfance 44 et d’Enfance & Famille), interpellent la direction générale sur ces dysfonctionnements  et un réel mal-être au travail. Ils affirment ne pas être entendus.

 « La politique de management humaine » prônée dans le projet associatif n’existe que sur le papier. La qualité de l’accompagnement éducatif est vivement remise en cause, les conditions de travail se dégradent de plus en plus. » dénoncent les syndicats CGT et CFDT.

 « Le recrutement se fait avec des personnes non qualifiées pour le poste occupé. C’est un choix budgétaire associatif où seul compte le montant du salaire, de faire des économies budgétaires au détriment des enfants. Cela génère de l’insécurité et des passages à l’acte chez les enfants ».

 Aux quatre coins du pays, la protection de l’enfance craque. Début février, Adrien taquet annonçait que trente départements sur les soixante-deux qui s’étaient portés candidats avaient été choisis pour passer un « contrat » avec L’État. A la clé, une enveloppe de 80 millions d’euros affectés à des projets innovants. C’est toujours bon à prendre. Mais, cet effort sera-t-il suffisant ou comme pour l’hôpital se résumera-t-il à un cataplasme sur une jambe de bois ?

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Puy de Dôme : le centre de l’enfance toujours dans la tourmente

Après des mois de mobilisation, les travailleurs du centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF), à Chamalières, attendent toujours une amélioration de leurs conditions de travail nous explique le journal médiacoop. Après un comité technique peu satisfaisant, les salariés se préparent à intensifier la mobilisation.

Si les travailleurs du centre de l’enfance ne sont pas écoutés, la mobilisation risque de monter rapidement en intensité. Après plus d’un an de mobilisation, la colère des salariés se fait de plus en plus sourde. « Les agents demandent des actions, ils n’accepteront pas de rester fatalistes et d’attendre », préviennent les syndicalistes. (lire l’article de Mediacoop)

Cette revue de presse a été rédigée  par mon collègue Tom Léducspé… Merci à lui pour ce coup de main 

photo : Luidmila Kot  pixabay

Revue de presse réalisée avec le concours de Michelle Verrier Flandre

 

 

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