L’état des inégalités en France en 2019 : il reste tant à faire…

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Le rapport de l’Observatoire des inégalités qui  vient de paraître décoiffe ! Il montre notamment que pauvreté et inégalités sont alimentées par la précarité croissante de l’emploi. Ce travail assez remarquable de compilation de données s’appuie sur de nombreuses statistiques fournies par l’INSEE. Il met en évidence les écarts qui existent entre les milieux sociaux dans notre pays. Ils se sont traduits cette année par le mouvement des «gilets jaunes» et sont à la base de la montée du populisme dans les démocraties occidentales est-il précisé. Entrons dans le détail  de ces inégalités qui divisent la population :

Les inégalités de revenus : « La France est, après la Suisse, le pays d’Europe où les riches sont les plus riches »

En moyenne, les Français les 10 % les plus aisés touchent 6,7 fois plus que les 10 % les plus pauvres après impôts et prestations sociales. 1 % des plus aisés touchent au moins 7 000 euros par personne contre 5800 euros au Royaume-Uni. Au bout du compte, même après redistribution par les impôts et les prestations sociales, le gâteau des revenus demeure bien mal partagé : les 10 % les plus favorisés récupèrent 23,8 % de l’ensemble (Insee, 2016) ; c’est trois fois plus que si le partage était égal. Mais attention aux moyennes qui « rabotent » les résultats. retenons que 5 millions de personnes vivent avec moins e 885 euros par mois. Ce sont ces pauvres là qui sont le plus stigmatisés (accusés de toucher indûment des prestations sociales). Ils sont aussi la catégorie de la population la plus contrôlée.

Les inégalités dans l’éducation : les orientations sont différentes selon la catégorie sociale des parents mais aussi selon les filles et les garçons.

Sans surprise l’Éducation Nationale  indique dans un rapport que « dès les petites classes, l’origine sociale des enfants influence fortement leurs résultats scolaires. En CE2, les élèves les moins favorisés obtiennent une note moyenne de 57 sur 100 en français et 58 en mathématiques, pendant que le quart le plus favorisé atteint 87 et 85 respectivement.  Le taux d’accès en seconde générale ou technologique est deux fois plus élevé pour les élèves d’origine favorisée (84,8 % contre 42,4 %) que pour les élèves d’origine sociale défavorisée » .  Là non plus il y a encore à faire : « les filières qui conduisent aux emplois les mieux rémunérés restent dominées par les garçons. Seuls 40,3 % des étudiants des filières scientifiques sont des femmes alors qu’en termes d’éducation, les filles ont dépassé les garçons (55 % des étudiants sont des étudiantes).

Les inégalités dans le travail : les non diplômés sont les plus touchés

Le taux de chômage des non-diplômés (18,3 %) est 3,7 fois plus élevé que celui des titulaires d’un diplôme du supérieur long. Quand ils travaillent les jeunes non diplômés en emploi sont à 65 % en contrat précaire (CDD ou intérim), soit 3,6 fois plus souvent que les diplômés de niveau bac + 5. Plus de huit millions de personnes sont en situation de mal-emploi. Cette forme d’insécurité sociale touche un actif sur quatre. La précarité augmente depuis 2014, après une stabilisation de près de dix ans. Ainsi un million de Français avec un emploi ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté.  Par ailleurs l’Observatoire des inégalités chiffre à 5,4 millions le nombre d’emplois interdits aux étrangers d’origine non européenne. Eux aussi sont 2 fois plus touchés par le chômage que la moyenne de la population. Mais qui s’inquiète de la situation des personnes immigrées ou qui en sont issues ?

Les inégalités de mode de vie : les hommes riches vivent plus longtemps

L’écart est important : les hommes riches ont une espérance de vie de plus de 84 ans alors que les plus pauvres vivent en moyenne jusqu’à l’âge de 71 ans et 7 mois environ. soit près de 13 années d’écart. mais il n’y a pas que cela :

  • Le logement : 800 000 personnes n’ont pas de domicile personnel. La majorité d’entre elles (643 000) sont hébergées dans des conditions de confort précaires, sans accéder à l’autonomie. 143 000 personnes n’ont aucun domicile et doivent recourir à l’hébergement social, à l’hôtel et,  11 000 d’entre elles, dorment à la rue (Fondation Abbé Pierre 2019).
  • L’accès à Internet, mais aussi les usages que l’on en fait, restent très différenciés, surtout en termes d’âge, mais aussi entre catégories sociales. 98 % des cadres supérieurs effectuent par exemple des démarches administratives en ligne, proportion 1,4 fois plus élevée que chez les ouvriers qui ne sont que 69 % à le faire. Ne pas pouvoir ou savoir acheter un billet de train ou accomplir une demande d’aide sociale en ligne, par exemple, constitue désormais un handicap grave pour une partie non négligeable  de la population.
  • Les pratiques culturelles sont également révélatrices d’inégalités mais là il faut se méfier ; les données ne portent pas sur les pratiques culturelles des personnes à faibles revenus qui pourtant en ont même si elles sont différentes de celles des personnes qui ont de l’argent. Cela laisse supposer que la culture est un mode de consommation sans tenir compte de ce qui se conçoit et se pratique dans la gratuité.

Tout cela est-il déprimant ?

Ces inégalités ne sont pas nouvelles loin de là. Les seigneurs dans leurs châteaux étaient bien plus riches que « les manants » qui les servaient. Pour autant aujourd’hui, un sentiment de croissance d’inégalités existe au sein de la population alors que plusieurs d’entre elles diminuent même si c’est très progressif et lent. Ainsi la participation et la représentation des femmes dans la vie politique évolue favorablement. L’accès aux soins même avec des défaillances  se maintient tant bien que mal. les écarts moyens de revenus de 1 à 3 ne sont pas choquants. Seuls sont choquants les écarts de revenus entre les très riches (et « ultra riches ») et le reste de la population. Certaines inégalités restent inacceptables : l’accès au logement, les discriminations de toutes sortes et la montée de la précarité du travail qui avait été contenue ces 10 dernières années. Mais depuis l’uberisation est passée par là créant de nouvelles catégories de précaires qui sont comme les « tacherons » qu’avait connu le 19ème siècle.

Chacun pourra en tirer les conclusions qu’il souhaite à la lecture de ces résultats. Toujours est-il que les travailleurs sociaux sont chaque jour confrontés à ces inégalités. Pas étonnant qu’ils les dénoncent et tentent d’agir pour les contenir autant qu’ils le peuvent.

 

Note : Les sources de cet article proviennent de l’observatoire des inégalités notamment avec

 

 

Photo : pixabay

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