Les travailleurs sociaux sont régulièrement confrontés à des injustices sociales notamment dans le cadre de l’accès aux droits : logement, vie décente, accès à l’emploi, mais aussi à des ressources permettant de vivre dans la dignité. Ils doivent sans cesse s’adapter à l’évolution de la législation. Leurs actions et les dispositifs qu’ils activent peuvent pour une grande part contribuer à la justice sociale en permettant l’accès à des droits pour tous dans le respect de la loi. Ainsi par exemple, la mise en œuvre du droit au logement opposable, peut dans certains cas provoquer une mobilisation des acteurs institutionnels en vue de d’apporter des solutions liées à certaines situations. Telle action peut aider à l’accès à un emploi, telle autre peut favoriser les liens distendus entre parents et enfants…
Parfois, « l’injustice sociale » devient insupportable : c’est le cas avec les personnes demandeuses d’asile « sans papier » confrontés à la « non-citoyenneté » lorsque leur demande a été rejetée.
Les dispositifs d’aide et d’insertion sont dans leur quasi totalité réservés aux citoyens français. L’universalisme posé dans la déclaration des droits de l’homme n’est alors pas pris en considération (rappelons à ce sujet que les Etats s’en inspirent mais ne l’ont pas signé). On peut légitimement se poser la question de savoir si finalement une forme de « préférence nationale » tant décriée à une époque récente n’est pas désormais mise en œuvre. Ainsi un étranger demandeur d’asile ne pourra pas accéder à un logement, ni à un travail. S’il est venu sur le territoire en dehors des cadres prévus, il ne pourra non seulement pas se loger et sera en quelque sorte condamné à une forme d’errance.
Et que dire des centaines d’expulsions qui s’opèrent dans un silence assez assourdissant ? Des associations comme le réseau « éducation sans frontière » dénoncent et tentent d’alerter l’opinion sur des manquements importants aux droits de l’homme avec par exemple des séparations familiales assez dramatiques où des pères se voient séparés de leurs conjoints et enfants qui eux ont la nationalité française. Mais ce réseau a aussi dénoncé des « abandons » de mineurs par les services sociaux .
Les travailleurs sociaux ne peuvent rester indifférents lorsqu’il leur est demandé de se soumettre à des législations contraires aux droits essentiels
Comme le rappellent fort justement les principes éthiques de la Fédération Internationale du Travail Social (IFSW), les travailleurs sociaux ont la responsabilité de promouvoir la justice sociale par rapport à la société en général et aux personnes avec lesquelles ils travaillent. Cela signifie :
« 1. Contester la discrimination négative : Les travailleurs sociaux ont la responsabilité de contester cette discrimination sur la base de caractéristiques comme les capacités, l’âge, la culture, le genre et le sexe, le statut matrimonial, le statut socio-économique, les opinions politiques, la couleur de la peau, les caractéristiques raciales ou autres caractéristiques physiques, l’orientation sexuelle ou bien les croyances spirituelles.
2. Reconnaître la diversité : Les travailleurs sociaux doivent reconnaître et respecter la diversité ethnique et culturelle des sociétés dans lesquelles ils travaillent, en tenant compte des différences individuelles, familiales du groupe et de la communauté.
3. Distribuer les ressources de façon équitable : Les travailleurs sociaux doivent veiller à ce que les ressources mises à leur disposition soient distribuées de façon équitable, selon les besoins.
4. Contester les règles et pratiques injustes : Les travailleurs sociaux ont le devoir d’attirer l’attention des employeurs, des responsables, des politiques et du grand public sur les situations où les ressources sont inadéquates ou bien où la distribution de ressources, les règles et pratiques sont abusives, déloyales ou nocives.
5. Travailler dans un esprit de solidarité : Les travailleurs sociaux ont l’obligation de contester les conditions sociales qui contribuent à l’exclusion sociale, à la stigmatisation ou à la subjugation et de travailler à une société inclusive. »
Ces deux derniers points 4 et 5 sont assez essentiels : nous ne pouvons nous satisfaire d’être des agents exécutants de politiques sociales qui dans certains cas excluent des catégories de population tout simplement parce qu’elles n’ont pas la possibilité de posséder la carte nationale d’identité française. Nous avons la nécessité d’interpeller nos institutions sur ces questions.
Photo : akynou » Apéro pour les sans-papiers » Le 20 octobre 2006, de nombreux collectifs de parents défendant les sans-papiers ont organisé un apéro festif en l’honneur de leurs protégés pour sensibiliser les gens du quartier aux problèmes de ceux qui sont leurs voisins et dont les enfants vont à la même école que les leurs. C’était une jolie fête
Last night, a aperitive demonstration for the prople without papers in Paris.