COVID-19 : les nouvelles mesures anti-pauvreté / RSA : la guerre aux pauvres est déclarée / Les sans-abri « confinés dehors »

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Ce qu’il faut retenir des annonces de Jean Castex pour lutter contre la précarité

Le gouvernement ne relèvera pas les minimas sociaux, comme le réclamaient les associations, mais renforce deux dispositifs d’aide à l’insertion professionnelle, et prolonge et élargit une aide au paiement des loyers. le premier ministre a pourtant déclaré que « Nous sommes revenus en urgence sanitaire, mais nous sommes aussi en urgence sociale » mais pour lui cette urgence sociale peut se juguler avec notamment la création de 30 000 postes supplémentaires d’ici à 2022 dans les structures du secteur de l’insertion par l’activité économique,

Le gouvernement compte renforcer l’accès au logement et à l’hébergement d’urgence. Pour cela il va notamment prolonger l’aide aux impayés de loyers mise en place en juin par Action Logement (l’ancien « 1% logement »), avec un assouplissement des critères d’octroi de cette aide pour les plus fragiles.( il n’y a pas création de moyens mais une réaffectation d’une cotisation patronale déjà existante). Par ailleurs 1.500 places d’hébergement et d’accompagnement social seront financées pour des femmes sans abri sortant de maternité avec leur nourrisson, « afin de leur éviter de dormir dans les locaux des hôpitaux ou dans la rue ». Il faut aussi retenir l’annonce de distribution de masques« gratuits et lavables » seraient envoyés à « neuf millions de citoyens en situation de précarité » Les personnes concernées les recevront « d’ici la mi-novembre », a précisé Jean Castex.

Les associations de lutte contre la pauvreté ont aussitôt critiqué l’insuffisance de ces annonces, regrettant que le gouvernement se refuse toujours à augmenter les minima sociaux. Cette revalorisation, a souligné, Christophe Devys,  (président du collectif Alerte) » est d’autant plus nécessaire que le RSA n’atteint plus aujourd’hui que 39% du SMIC, contre 50% en 1988, au moment de la création du RMI (l’ancêtre du RSA) ».

Lire à ce sujet

ATD Quart Monde, ne décolère pas et parle de « mesures pansements, déconnectées de la vie des gens ». Voici la réponse de l’association qui a aussi choisi la vidéo comme réponse à la communication du Gouvernement :

RSA : la guerre aux pauvres est vraiment déclarée

Jacques Littauer sur Charlie Hebdo n’y va pas de main morte pour nous expliquer cette errance du Gouvernement mais comment ne pas lui donner raison ?

« Avec les minimas sociaux, dès le départ les dés étaient pipés explique-t-il. L’aumône a toujours été pour les méritants, pas pour les feignasses qui n’aiment pas le travail. Donc, la solidarité active est de moins en moins solidaire et mise de plus en plus sur « le retour à l’activité » des bénéficiaires. Qui d’ailleurs dans l’énorme majorité ne demandent que ça mais euh… On fait comment quand il y a six millions de chômeurs ? »

Cette article, certes satirique, est truffé d’arguments percutants : alors qu’Emannuel Macron déclare « Je tiens à une chose, c’est qu’on ne perde pas nos fondamentaux, c’est-à-dire la lutte contre la pauvreté par le retour à l’activité et le travail. Et plus on augmente de manière unilatérale tous nos minima sociaux, car on ne les rebaisse jamais après, plus on rend difficile le retour à l’activité. C’est ce que l’on a constaté. (…)

Ce qu’il dit est une « fake new » totalement démentie par Esther Duflo, Prix Nobel d’économie, récompensée l’an dernier pour ses travaux sur la lutte contre la pauvreté. Elle en a mis une bonne à Mister President : « Il y a une grande peur dans ce gouvernement : qu’augmenter les minimas sociaux conduirait à une réduction de l’activité parmi les précaires. Au contraire, toutes les études ont montré qu’il n’y avait aucun effet décourageant sur le travail de garantir à ceux qui n’ont pas d’emploi un revenu plus important. »

Jacques Littauer explique aussi chiffres à l’appui que les aides vont aux riches et que les pauvres n’ont que des miettes. « Avec le RSA, on ne vit pas » Il cite un  » extraordinaire article du Secours Catholique paru ces jours-ci. Il décrit l’enfer des personnes vivant au RSA, souvent avec des enfants ».  (lire l’article de Charlie Hebdo.fr)

Couvre-feu : les sans-abri de nouveau confinés dehors

Depuis le 17 octobre, alors que le couvre-feu a été mis en place en Ile-de-France et dans huit métropoles, seules demeurent dans les rues les personnes sans solution d’hébergement, davantage isolées la nuit explique me Samu Social. [extraits ]. « L’interruption soudaine des emplois très précaires  fait aujourd’hui basculer dans une situation catastrophique de nombreuses personnes. En quelques mois, certaines d’entre elles se sont retrouvées sans aucune ressource ; et sans indemnisation. difficultés pour payer les factures, le loyer, pour se nourrir et nourrir leur famille, voire pour survivre à la rue. »

« La pression redouble au 115 déjà depuis longtemps saturé par les appels. Bien que la trêve hivernale ait été avancée par le gouvernement d’une quinzaine de jours, le manque de places pour l’hiver est plus important que jamais : certaines personnes ne sont jamais sorties des places ouvertes pour l’hiver 2019, d’autres occupent encore celles allouées lors du 1er confinement.

Autre difficulté, les associations peinent à maintenir leurs actions. le manque de bénévoles avec la période qui s’ouvre rend difficile l’organisation des maraudes : « Isolement, peur de la contamination, difficultés pour survivre, se fournir un masque, se faire dépister et accéder aux soins, risque de verbalisation même si les autorités ont été sensibilisées à ce sujet…. La crise sanitaire vient renforcer l’épreuve que constitue la vie à la rue ». (lire l’article du Samu Social)

et aussi

Avoir 20 ans en 2020 : quand la Covid-19 révèle les inégalités entre les jeunes

«C’est dur d’avoir 20 ans en 2020». Ces mots prononcés par Emmanuel Macron le 14 octobre dernier expriment une forme de compassion envers les jeunes. Ce message présidentiel contraste cependant avec d’autres discours gouvernementaux, jugés parfois culpabilisants nous explique Nicolas Roux Maître de conférences en sociologie, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA). Certains ont en effet pointé les festivités étudiantes, qui expliqueraient les «clusters» à l’université, ou adopté une approche infantilisante, présentant les jeunes comme les principaux responsables de la diffusion du virus.

« Les études sur l’éducation ont aussi montré que cette période a eu un effet démultiplicateur des inégalités. À l’université par exemple, les étudiants d’origine populaire sont les premiers à pâtir du manque de moyens humains et matériels – qui inquiète les enseignants-chercheurs depuis de nombreuses années ».

Il y a une distinction à opérer entre jeunes issus des classe populaires et ceux issus des classes dites « aisées » explique le chercheur en sciences humaine. « Ce type de division rappellent que, comme toute catégorie, la «jeunesse» est une catégorie manipulable, notamment par les responsables publics ». Ne serait-il pas temps de considérer sérieusement la possibilité d’assurer aux jeunes au moins des minima sociaux, ou un revenu universel à un niveau décent ? demande Nicolas Roux ? (Une question qui va à contresens des positions du Gouvernement qui tient une position idéologique qui pourrait à terme se retourner contre lui).

 

Photo : capture d’écran de la vidéo du Gouvernement  sur l’annonce de Jean Castex depuis Épinay-sur-Orge

La sélection des articles a été réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre. (Merci à elle !)

 

 

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