La pauvreté, dont il est plus difficile de sortir depuis la crise, touche non plus seulement des chômeurs mais aussi des salariés, souligne l’Insee dans une étude publiée début juillet 2014. Alors que la pauvreté se développe sur fond d’inégalité, la population la plus fragile se voit souvent accusée de percevoir indûment des prestations sociales. L’assistance a été transformée ces dernières années en assistanat, terme péjoratif, qui disqualifie les personnes fragiles mais aussi les travailleurs sociaux. Ce sujet devenu en quelques mois un des thèmes médiatiques de campagne électorale présidentielle de 2012 masquait un réel problème : celui de la croissance du chômage, des inégalités ainsi que la remise en cause de revenus de subsistance.
Observons la réalité de la pauvreté
1-Environ 2,25 millions de foyers bénéficiaient du Revenu de Solidarité Active (RSA) fin septembre, soit une progression de 7,4% en un an, D’ores et déjà, le gouvernement prévoit que le nombre d’allocataires du RSA « activité » devrait bondir de 11% en 2014.
2- La France comptait 4,9 millions de pauvres en 2011 [1] si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian et 8,7 millions de pauvres si l’on utilise le seuil de 60 % du niveau de vie médian qui correspond aux normes européennes. Le mouvement de hausse est de plus en plus net. La dégradation économique enregistrée depuis 2008 pèse tout particulièrement sur les moins favorisés. Pour la seule période de 2008 à 2011, le nombre de pauvres au seuil de 50 % a augmenté de 584 000 et de 893 000 si l’on considère le seuil de 60 %.
3- du coté des plus aisé, cela va plutôt mieux. En fait les inégalités entre les revenus se sont accrus au cours des dix dernières années. Le revenu annuel moyen des 10 % les plus modestes s’est élevé de 400 euros entre 2000 et 2010, celui des 10 % les plus riches de 8 950 euros.
Donc les inégalités se creusent car le nombre des personnes les plus pauvres augmente de façon significative. Elles ne sont plus ouvertement accusées par les médias d’être des profiteurs mais un peu quand même… « Les fraudes aux prestations sociales sont évaluées à environ 4-5 milliards d’euros, notamment du fait de personnes touchant le RSA alors qu’elles n’y ont pas droit ». L’opinion des Français est d’ailleurs sans équivoque : selon étude menée par l’IFOP en octobre 2010 80 % de la population est d’accord avec l’idée qu’il « y a trop d’assistanat en France et [que] beaucoup de gens abusent des aides sociales »
Or, contrairement aux idées reçues, les minima sociaux en France restent faibles. Alors que le Smic est à 1 445,38 euros brut, le Revenu de Solidarité Active (RSA) «socle» – de base – culmine à 493 euros pour une personne seule (hors « forfait logement »), à peine la moitié du seuil de pauvreté. le RSA a perdu par rapport au Smic, qui est indexé chaque année sur l’inflation 34% depuis le début des années 1990. Conséquence avec la crise actuelle et malgré les minimas sociaux, les personnes pauvres le sont de plus en plus car ces prestations ne sont plus indexées sur l’inflation selon un rapport del’observatoire national de la pauvreté
Les montants des aides sociales françaises sont très bas dans l’ensemble des 12 pays européens les plus riches. Selon une étude de l’Institut de recherches économiques et sociales de 2007, «les montants des revenus minima sont beaucoup plus élevés» dans les onze autres pays européens étudiés: « de 30 à 40% au Royaume-Uni et en Finlande, de l’ordre de 50 à 75% en Irlande, Suède, Belgique et Pays-Bas, environ le double en Norvège et en Islande, et de l’ordre de 150% au Danemark ».
Alors bien sûr notre système social est plus intéressant que celui de la Grèce, l’Italie et la Roumanie ou encore le Portugal. Mais faut-il pour autant considérer comme trop favorable pour ceux qui n’ont plus rien ou presque ?
crédit photo : Licence Certains droits réservés par Xavier Donat