Quatre experts sur cinq répondent oui à la question qui demande si les médias sociaux nuisent aux enfants et aux ados nous expliquent Alexandra Hansen et Lionel Cavicchioli respectivement responsable et chef de rubrique du site The Conversation. Voici en résumé ce qu’ils nous disent. Ce sera pour certains une évidence, mais pas pour tous…
- Joanne Orlando, chercheuse sur les enfants et les technologies à l’Université de Sydney en Australie : « Oui, il y a danger, si une trop grande quantité d’informations sur la vie d’un enfant se retrouve publiquement consultable en ligne. Les enfants ont droit à la vie privée. Il s’agit même d’un des droits mentionnés par la Convention des droits de l’enfant…. »
- Karyn Healy, de l’université de Queensland aux États-Unis explique qu’ « un accès sans entrave peut exposer les jeunes au cyberharcèlement. Ils peuvent aussi se retrouver face à des contenus inappropriés dont la consultation peut avoir des conséquences dévastatrices. Les algorithmes de suggestion de contenu qui s’appuient sur les centres d’intérêt peuvent par exemple amplifier toute tendance à la dépression et à l’automutilation,.. »
- Susan J Paxton, Professeur émérite, de l’école de Psychologie et de Santé Publique de l’université de La Trobe : « l’utilisation fréquente des médias sociaux basés sur le partage de photos, est nuisible à la santé mentale des jeunes. Les adolescents cherchent à trouver leur place dans le monde. Une façon de le faire est de comparer leur vie avec celle de leurs amis, de leurs pairs et des célébrités. Or, les comparaisons qu’ils font sont généralement négatives, car les gens partagent les images les plus attrayantes qu’ils puissent produire … /… L’utilisation des médias sociaux à des niveaux élevés peut aggraver les symptômes dépressifs, entraîner une perte d’estime de soi, des problèmes de représentation de son corps et des troubles de l’alimentation.
- Tracii Ryan Chercheur associé (Education et Technologies), Université de Melbourne : » La recherche empirique sur l’utilisation des médias sociaux indique que les jeunes peuvent éprouver une détresse psychologique s’ils sont exposés à la cyber-intimidation, au cyber-ostracisme, au cyber-harcèlement ou s’ils ont tendance à se dévaloriser lorsqu’ils se comparent aux autres. Les jeunes enfants peuvent aussi éprouver de l’anxiété et développer des troubles du sommeil s’ils tombent par inadvertance sur des images inappropriées. Cela existait sans les médias sociaux, mais ceux -ci les amplifient.
Une seule universitaire sur les 5 interrogés estime que l’usage des réseaux sociaux ne nuit pas aux adolescents. Il s’agit de
- Marie Yap Professeure associée à la chaire de Psychologie à l’université de Monash. Pour elle « Les médias sociaux en eux-mêmes sont des outils neutres » dit-elle ; « c’est le comment, le quoi, le qui, le quand et le pourquoi de leur utilisation qui détermine les conséquences de leur fréquentation. Ils sont désormais omniprésents dans nos vies, et encore plus dans celle de nos enfants et adolescents, nés à l’époque du numérique » …/… « Il est plutôt essentiel d’éduquer les enfants et les jeunes à la cybersécurité et à une utilisation responsable des médias sociaux. En outre, les parents/personnes qui sont responsables de jeunes enfants devraient constamment les superviser et leur procurer des conseils ».
J’ajouterais toutefois à ce sujet que les enfants et adolescents, s’ils paraissent habiles dans leurs pratiques, ne sont pas à l’abri de prédateurs ou encore de pratiques abusives qu’ils peuvent eux-mêmes engager. Certains parents se sentent dépassés. Comment les aider à « reprendre la main » sans pour autant leur demander à devenir des experts ? Comment également aider les personnes dites « vulnérables » ? Il s’agit dès lors de soutenir celles et ceux qui sont en quelque sorte victimes des excès de la société numérique. Il y a là toute une réflexion à mener sur ce sujet
Et vous qu’en pensez-vous ? Il n’est pas besoin d’être un(e) universitaire pour avoir sa propre opinion sur ce sujet. Si vous avez des adolescents autour de vous, vous êtes bien placé(e) pour argumenter à partir de votre expérience. N’hésitez pas à communiquer votre avis dans les commentaires pour nous faire partager vos réflexions à ce sujet.
Lire aussi à ce sujet : « Les amitiés des adolescents sont-elles « hackées » par les réseaux sociaux ? »
Sans oublier que… pour découvrir mon ouvrage, vous pouvez cliquer sur ce lien
Article extrait du site the Conversation sous licence creative commons
Photo : pixabay
Note : j’avais initialement publié cet article le 2 décembre 2019
2 Responses
C’est vrai que l’on passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux… il faut encadrer les jeunes pour qu’ils ne soient pas trop addict. Rénovation nettoyage
compliqué de reguler ces liens de dépendance…la responsabilité des parents…sans doute… mais eux-mêmes sont accros…des dispositifs… les promeneurs du net de la CAF peinent à trouver leur public… un apprentissage des jeunes… je suis ok avec le 5eme mouton noir des savants 😉 les réseaux ne sont pas plus ou pas moins dangereux que le saut à l’élastique… il faut préparer le saut et bien mesurer l’élastique !