Municipales 2020 : les maires inquiets de la pauvreté des seniors
Chaque année d’élections municipales, le Secours Catholique réalise un sondage auprès des maires pour connaître leur perception des besoins sociaux et leur engagement contre la pauvreté. En janvier 2020, 400 maires ont été interrogés par l’Ifop. Selon eux, l’école, la fiscalité, la sécurité, le coût de la vie et les transports viennent en tête des préoccupations de leurs administrés. Un peu plus loin, suivent le chômage et l’écologie.
L’échantillonnage des 400 maires fait une large place aux toutes petites communes, celles de moins de 2 000 habitants. On y constate une pauvreté aux multiples visages. » Ce qui est frappant dans ce dernier sondage, comparé aux précédents » explique Jean Merckaert, directeur Action et Plaidoyer – France Europe, « c’est la montée en puissance de la pauvreté des seniors. En six ans, les maires sont deux fois plus nombreux à citer cette population parmi les plus en difficulté, à l’heure où on débat, dans notre pays, d’une réforme des retraites ».
Seulement 9 % des maires interrogés considèrent qu’il y a un grand nombre de personnes en situation de pauvreté dans leur commune. « Les personnes les plus pauvres sont celles qu’on entend le moins parce que, bien souvent, dans l’esprit des gens, la situation socio-économique est liée au mérite. Quand on a échoué, on en a honte, on n’a pas envie de le crier sur les toits. Les plus pauvres sont très souvent invisibles ».
Une majorité de maires se dit capable de venir en aide aux personnes âgées. (est-ce parce qu’elles votent ?) En revanche, ces mêmes maires se sentent démunis devant d’autres défis comme le chômage, la situation des personnes étrangères ou le mal logement. Seule une minorité de communes appliquent des tarifs sociaux pour l’accès à la culture, aux sports et aux loisirs, aux obsèques ou pour les transports alors qu’elles peuvent le faire. (lire l’article et l’analyse du Secours Catholique)
Les personnes handicapées préparées à aller voter
Le Média social nous rappelle que la loi « Justice » du 23 mars 2019 a supprimé la possibilité pour le juge de retirer le droit de vote à une personne sous tutelle. Depuis, les plus avertis s’étaient déplacés pour les dernières élections européennes mais la majorité des personnes concernées exercera ce nouveau droit le 15 mars prochain.
Lors des élections municipales, de nombreuses personnes handicapées sous tutelle iront donc voter pour la première fois. Dans le Loiret, quatre associations ont lancé un plan d’action pour les accompagner à cet acte citoyen. Rien que dans le Loiret, près de 7 000 personnes en situation de handicap seraient concernées pour aller voter. Le media Social est allé à la rencontre de Julie Beauvais, chargée de projets à l’Adapei (Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés). Elle explique dans une vidéo l’origine de cette action.
Accompagnés par leurs éducateurs ou leurs parents, ces adultes de tous âges se sont déplacés pour participer à une sensibilisation au vote, qui, outre un quiz, se traduit par la projection d’une vidéo que vous pouvez découvrir ici
Toujours au sujet de cette possibilité de voyer pour les personnes « sous tutelle », La ville de Paris a mis en ligne un petit film au langage facile à lire et à comprendre. Cela vise à bien informer les personnes concernées. N’hésitez pas en tant que travailleurs sociaux à relayer cette information…
Les éducateurs de rue à l’écoute des jeunes
Le journal le Républicain Lorrain est allé à la rencontre des éducateurs de rue qui interviennent à Metz. L’association Apsis Emergence emploie 21 éducateurs qui se relayent dans les quartiers de l’agglomération pour prévenir la marginalisation des jeunes. «Notre travail se situe d’abord dans la rue, explique Mehdi, 26 ans. On marche, on va à leur rencontre. On prend le temps de se faire connaître, de se faire repérer. C’est un travail permanent.»
Les éducateurs abordent les jeunes individuellement ou collectivement. Selon les envies, les besoins. Il s’agit de redonner confiance à des gamins qui vivent dans des environnements où l’école n’est pas forcément référencée.» Un milieu inaccessible qui fait encore peur précise la journaliste Anne Rimlinger (lire le reportage du Républicain Lorrain)
En grève, les travailleurs sociaux de Vendée réclament plus de moyens
Les travailleurs sociaux de ce Département dénoncent leurs mauvaises conditions de travail. Ils réclament du personnel supplémentaire face aux souffrances exprimées par des travailleurs sociaux débordés par leur charge de travail. Elle s’amplifie pour les personnels de la PMI (Protection Maternelle et Infantile), de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) et du SIPAS ( Assistantes Sociales de secteur).
Là bas comme ailleurs une réorganisation des services est engagée mais elle ne sera effective qu’en 2021. La CFDT engagée dans ce mouvement souligne un paradoxe : «Notre travail, c’est de l’humain. Comment voulez-vous le faire correctement si vous travaillez avec un mal-être, des horaires à rallonge et des missions supplémentaires ?»
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Le surendettement se concentre désormais sur les ménages les plus pauvres
Selon la dernière enquête publiée jeudi 6 février par la Banque de France, le nombre de dossiers de surendettement déposés à ses guichets en 2019 a diminué de 12 % par rapport à l’année précédente, et de 38 % par rapport à 2014. Mais il y a quand même 143 000 situations qui ont été soumises, en 2019, en métropole, aux secrétariats des commissions de surendettement de la Banque de France. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il n’y aurait que la population qui dépose un dossier qui est fortement endettée.
Le thermomètre de la Banque de France révèle plus son activité qu’autre chose à mon avis. Supprimer une permanence sociale aura pour conséquence que personne ne prendra de rendez-vous. Cela veut-il dire pour autant qu’il n’y a plus de difficultés sociales dans le secteur où les permanences sont fermées ? Non bien évidemment.
Le journal le Monde nous explique que le surendettement profondément changé de nature. Comme le constate l’enquête 2019 de la Banque de France, « le phénomène touche principalement une population aux ressources insuffisantes pour faire face aux dépenses courantes du ménage, et non des personnes incapables de gérer un budget ou faisant montre d’une prodigalité excessive.»
Cela m’évoque la réaction d’une collègue conseillère ESF me disant au sujet d’une famille : « je ne peux rien faire », « la famille gère bien son budget mais elle n’a pas suffisamment de ressources pour vivre ». Combien de travailleurs sociaux sont confrontés à cette situation ? Pourquoi ne le disent-ils pas haut et fort ? (lire l’article du Monde)
photo : Theresa Thompson « VOTE » Prise le 3 novembre 2008 Certains droits réservés