De plus en plus de jeunes français sont en surpoids. Nous ne sommes pas au niveau du Mexique où 72% des habitants sont en surcharge pondérale, mais le phénomène s’accélère en France. Nous mangeons mal ou du moins n’importe comment. Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) l’a confirmé.
Mais attention : l’obésité « c’est un dérèglement du corps » estime le docteur Guillaume Pourcher, chirurgien et responsable du centre de l’obésité à l’Institut Montsouris à Paris. Selon lui, il s’agit bien d’une maladie. Finalement ce n’est pas juste parce qu’on mange mal ou qu’on ne fait pas assez de sport même si cela y contribue pour beaucoup.
En 2017, 18% des adolescents en classe de troisième étaient en surcharge pondérale et 5% obèses. L’augmentation régulière au fil des années notamment pour les jeunes filles. Elles sont passées de 17 % en 2009 à 20 % en 2017.
Ce n’est pas nouveau et nous le savons tous ou presque « le manque d’activité physique, un temps, élevé passé devant les écrans et des prises de repas irrégulières (pouvant induire du grignotage) sont autant de facteurs de risque individuel dont l’association favorise la prise de poids chez l’adulte, comme chez l’adolescent ». Les adolescents ont aussi été interrogés sur leurs habitudes de vie afin de mieux cerner la formation de ces inégalités sociales de santé.
Les fortes inégalités sociales amplifient le phénomène
Ainsi, 24% des enfants d’ouvriers sont en surcharge pondérale et 8 % sont obèses, contre respectivement 12% et 3% des enfants de cadres. Les enfants d’ouvriers sont deux fois moins nombreux à prendre un petit déjeuner. En classe de troisième, 37% des collégiens déclarent ne pas prendre de petit déjeuner tous les jours.
Une autre explication est avancée : l’exposition aux écrans
Quel rapport direz vous ? L’exposition aux écrans lorsqu’elle perturbe le cycle de sommeil provoque des troubles hormonaux. Notre corps « travaille » la nuit lorsque nous dormons. Si le temps de sommeil est diminué, le cycle de la digestion est perturbé et tout cela part en graisse. Les chercheurs américains ont montré que moins on dort, plus l’indice de masse corporelle (IMC) est élevé. Si l’on ne dort que cinq heures, on aurait en moyenne un IMC plus élevé de 3,6 % comparativement à ceux qui font des nuits de huit heures. Ainsi, le sommeil protégerait contre l’obésité. Pour les chercheurs, ces liens entre le sommeil et les hormones de la faim pourrait être l’un des facteurs à l’origine de l' »épidémie » de surpoids et d’obésité qui touche les pays occidentaux. Car selon eux, le phénomène est apparu en même temps qu’une baisse de la durée du sommeil. Si cela reste une hypothèse, les effets néfastes du manque de sommeil sont eux bien connus.
Les enfants des classes sociales dites défavorisées passent le plus de temps devant les écrans et dorment le moins
L’étude de la DRESS est claire sur ce sujet. « Les filles consomment plus d’écran que les garçons, la moitié d’entre elles passant au moins 4 heures devant les écrans en semaine, contre 3 heures pour la moitié des garçons ». ../… « Ces différences dans le temps d’usage n’apparaissent cependant plus le week-end, où la moitié des garçons et la moitié et des filles déclarent consacrer quotidiennement 6 heures ou plus aux écrans ». Il y a des situations extrêmes : « La moitié des adolescents disent consacrer au moins 6 heures, 10 % rapportent une exposition aux écrans de 11 heures ou plus par jour ». Ce temps passé est notamment pris la nuit qui se raccourcit immanquablement.
Or, précise la DRESS, « La gestion du temps passé devant les écrans est très marquée socialement, les adolescents issus des milieux les moins favorisés déclarent y passer plus de temps, aussi bien la semaine que le weekend et ce, quel que soit le support, fixe ou mobile.
Comment réagir face à cela en tant que travailleur social ?
Ne pas culpabiliser les familles, mais les informer que lorsqu’on dort mal ou peu, on a tendance à avoir faim et à manger plus.
Leur proposer des stratégies si pour les personnes concernées la prise de poids est un problème. Si pour elles cela n’en est pas un, les conseils sont assez inefficaces. Cela est vécu comme de la morale. Mais l’info et la stratégie sont nécessaires notamment sur :
- des repas réguliers, mais limités en quantité de substances nocives (le sucre notamment)
- l’intérêt ou l’importance de consulter un diététicien
- la gestion de certains régimes qui souvent ne font qu’amplifier le phénomène de prise de poids
- Le stress et la fatigue amplifiés par le temps passé devant les écrans contribuent à la prise de poids. Il faut essayer de les réguler ou de les diminuer
- Il faut retrouver un temps de sommeil raisonnable. 8 heures par nuit mini.
C’est aussi un handicap parfois socialement difficile à accepter. Les personnes trop grosses ou obèses sont très souvent malheureuses de leur situation et du regard des autres. Il y a lieu de les aider à trouver des réponses adaptées sans morale ni jugement en faisant très attention aux mots et aux phrases qui blessent. C’est aussi la compétence de travailleurs sociaux et des personnels soignants de savoir aborder ces questions avec tact et sincérité.
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texte publié initialement le 3 septembre 2019