Les manifestations contre la réforme des retraites ne devraient pas vous empêcher « en même temps » d’écouter et de soutenir les paroles des travailleurs sociaux de terrain. Ils interviendront en visioconférence jeudi 16 février dans le cadre des entretiens du livre blanc du travail social. La formule se veut nouvelle. En effet, par le passé, les webinaires organisés par le Haut Conseil du Travail Social avaient plutôt tendance à donner la parole aux encadrements et représentants des institutions sociales (accompagnée de celle des usagers). Cette fois-ci c’est aux professionnels de terrain à prendre la parole. C’est une occasion à ne pas manquer.
Cette première séance s’intitule : L’expertise des travailleurs sociaux et des personnes accompagnées sur les politiques de solidarité et les métiers de l’accompagnement : état des lieux et perspectives. Elle inaugure une série « d’entretien auditions » pour alimenter les recommandations du futur livre blanc du travail social et aussi mettre le travail social en débat public.
Cette démarche a été initiée avec les personnes directement concernées : des travailleurs sociaux de première ligne, de terrain, et des personnes accompagnées… Cette matinée vise à nourrir le « Livre Blanc du travail social » qui sera remis en juillet à la Première Ministre et au Ministre des Solidarités.
Les organisateurs souhaitent s’inscrire dans une démarche de coconstruction. Certains peuvent penser qu’il s’agit d’un rapport de plus et que les mesures tardent à venir. Pour autant, il est nécessaire encore et toujours rappeler aux pouvoirs publics l’importance de prendre des mesures significatives pour retrouver le sens de nos métiers.
Retrouver le sens des métiers
Les deux séquences du jour vont tenter de mettre en débat le rôle et la place des travailleurs sociaux dans notre société, alors que le secteur connait un manque d’attractivité majeure. Il s’agit de pouvoir « résister » en étant force de propositions afin de transformer et de valoriser les conditions d’exercice de ces métiers dans l’objectif d’améliorer la vie des personnes accompagnées.
En effet, il est impropre de parler de crise de vocation. Il faudrait plutôt parler d’une crise qui fait suite à une instrumentalisation des pratiques, d’une captation du sens effacé par un management par les chiffres. Cette façon comptable de définir le travail social ne tient plus compte de la réalité du terrain ni de la spécificité des situations rencontrées. Le manque d’autonomie des professionnels est aussi une réalité partagée. Aujourd’hui, il ne s’agit plus à mon sens de rendre compte, mais plutôt de rendre des comptes en alimentant de multiples tableaux de bord. Le management par le chiffre est rassurant pour nos institutions.
Qui va intervenir ?
Les missions et fonctions des intervenants peuvent rassurer. Hors des discours institutionnels, ils vont s’attacher à décrire ce qui fait la valeur de leurs métiers et de leurs apports à la population. Interviendront dans la première session :
- Flora Tobelem, qui est assistante sociale, à la Fondation Olga Spitzer, à Paris.
- Pascale Simmonet. Elle est technicienne de l’intervention sociale et familiale, (TISF) et travaille à Toulon dans le cadre de l’association Aide Aux Mères et aux familles du Var (AMFD83), un service d’aide et d’accompagnement à domicile.
- Fatiha Touami est quant à elle « auxiliaire d’envie » mais aussi auxiliaire de vie, à l’association Alenvi Paris qui « aide à prendre soin et à créer du lien ».
- Sylvianne Bachelet est assistante familiale, employée au Conseil Départemental de la Seine-Maritime.
- Morgana Maravai est quant à elle conseillère Pôle Emploi en charge de l’accompagnement global à Chennevières-sur-Marne,
Ces professionnelles interviendront entre 09h45 et 11h15. Un second échange est prévu entre 11h20 et 12h45 avec
- Fatiha Mohraz. Elle est éducatrice spécialisée, à Laxou pour l’association Réalise, qui intervient dans le cadre de la protection de l’enfance.
- Nadia Messerie travaille à Besançon. Elle est monitrice éducatrice, à l’association « Boutique De Jeanne Antide« , qui intervient entre autres auprès des personnes à la rue.
- Nadia Bouthim, est quant à elle médiatrice sociale qui intervient dans le cadre du réseau d’éducation prioritaire dans le département du Nord.
- Loudia Brice est animatrice. Elle travaille à la maison pour tous d’Argenteuil.
- Yann Schraauwers, est éducateur spécialisé. Il travaille « en libéral », Il est le fondateur et dirigeant d’Humacitia.
Comme vous pouvez le constater, ce sont principalement des femmes de terrain qui interviendront. C’est à l’image de la majorité des professions du travail social. Les discussions seront animées par Cyprien Avenel, que je connais bien. Il est conseiller expert du travail social à la DGCS. Cette session sera aussi animée par Céline Lembert avec qui j’ai souvent échangé. Elle est administratrice de l’ANAS et une de ses chevilles ouvrières. Elle représente l’association au sein du HCTS. Tous deux animeront le premier débat alors que le second verra la participation d’Alexandre Lebarbey, qui copilote Atelier Livre Blanc du travail social. Il est éducateur spécialisé. Il porte haut la parole des travailleurs sociaux. Il représente le syndicat CGT au HCTS. Il interviendra avec Marie Mormesse qui est chargée de mission à la Direction Générale de la Cohésion Sociale.
La parole des personnes accompagnées et aux étudiants : l’après midi
S’interroger sur le travail social suppose de comprendre ce qu’en pensent les personnes concernées. En effet, si on souhaite connaître l’impact des interventions professionnelles, il importe de prendre en compte l’opinion, les représentations et les significations apportées par les personnes accompagnées. C’est une évidence. Leur parole rejoint fréquemment celle des travailleurs sociaux dès que l’on aborde la question du sens. Ce débat débutera à 14h30 et sera animé par par Olivier Cany, copilote de l’Atelier du Livre Blanc du travail social, représentant Nexem au HCTS. Il sera accompagné de Laurence Mari, Chargée de mission à la DGCS. Cet échange verra la participation de :
- Yasmina Younes, représentante du 5ᵉ collège du Conseil national de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE)
- Karine Zenk est travailleuse pair au comité Délégation de Bénévoles et d’Acteurs Sociaux Engagés (D-Base). Elle est aussi membre du Comité Local du Travail Social et du Développement Social (CLTSDS) de l’Ardèche
- Olivier Roux, personne accompagnée, administrateur, bénévole à la Ligue de l’Enseignement de la Marne, membre du CLTSDS du Grand Est.
- Céline Libine est quant à elle déléguée du Conseil Régional des Personnes Accueillies /Accompagnées (CRPA), CLTSDS Occitanie
- Il y aura aussi un·e représentant·e des personnes accompagnée Aide Sociale à l’Enfance qui intervient en Loire Atlantique.
La parole ensuite aux étudiants…
La dernière séquence de la journée vous propose un échange avec les jeunes générations (élèves) qui sont engagées dans une formation sociale. Il s’agit de connaitre ce qu’ils attendent de leur futur métier, comment ils le définissent et quelles sont leurs attentes… Quels sont pour eux les éléments qui rendent leur métier attractif ? Dans quelles mesures le travail social peut-il incarner à leurs yeux des valeurs de solidarité et une visée d’innovation, d’avant-garde, de transformation face aux défis sociaux et environnementaux de notre société ? Ce regard porté par des étudiants en formation est, lui aussi, essentiel. La présentation débutera à 16h00 et sera animée par Elisabeth Milhet, chargée de mission à la DGCS et Jean-Marie Vauchez, copilote de l’atelier sur le Livre Blanc du travail social. Il est connu aussi pour être l’ancien président de l’ONES l’organisation nationale des éducateurs spécialisés, structure aujourd’hui disparue. Ce dernier débat verra la participation de
- François Deguingand, Président de la Fédération nationale des étudiant.e.s. en milieu social (FNEMS).
- Léa Diakité, étudiante éducatrice spécialisée à l’IRTS de Dijon.
- Jennifer Louro, étudiante assistante de service social à l’IRTS de Dijon.
- Apolline Salles, étudiante TISF à l’IRTS de Dijon.
- Marion Claudepierre, étudiante assistante de service social, présidente de l’association des étudiants de Praxis, Ecole supérieure de Praxis Sociale à Mulhouse.
Il est encore possible de vous inscrire aujourd’hui et demain
La séance est ouverte gratuitement à tous en webinaire sur simple inscription. Celle-ci vous donnera droit à une accès en replay si vous ne pouvez être présent aux heures prévues (le replay est réservé aux seuls inscrits). Vous noterez aussi que pendant les discussions, il vous sera possible de déposer vos réflexions en ligne via un tchat. Vos réactions seront lues et utilisées pour alimenter la réflexion en cours et les travaux de rédaction.
Vous pouvez vous inscrire encore d’ici demain en cliquant sur ce lien : Les entretiens du livre blanc du travail social. C’est la plateforme collaborative de la sphère publique IdealCo qui assure la logistique du webinaire. Vous pourrez à cette occasion découvrir les multiples services qu’elle propose.
Photo : pixabay aménagée par mes soins…