Comme le précise l’éthicien Emmanuel Hirsch, «Le Covid-19 est une maladie que l’on découvre ensemble et à laquelle il nous faut adapter au jour le jour des réponses évolutives en s’efforçant de privilégier ce qui importe : les bonnes pratiques professionnels et sociales, les relations, la communication et surtout la capacité de poursuivre nos missions dans la durée.» «Si la crise n’était traitée que d’un point de vue sanitaire, renonçant à considérer sa dimension humanitaire, elle en deviendrait davantage encore insupportable.»
Les conséquences du COVID 19 dans les pratiques professionnelles font l’objet actuellement de travaux initiés par l’Espace éthique de la région Île-de-France, en lien avec l’Espace national de réflexion éthique maladies neuro-dégénératives et le Département de recherche en éthique des l’Université Paris-Saclay. Cette réflexion peut être tout à fait utile aux professionnels de l’action sociale qui sont en « première ligne »
Ces recommandations sont issues de plusieurs groupes de travail qui ont alimenté cette réflexion éthique. En voici l’essentiel :
- Groupe de travail « COVID-19 : EHPAD et domicile » + autres travaux
- Groupe de travail « COVID-19 : Situations de handicap ». + autres travaux
- Groupe de travail « COVID-19 : Précarités, personnes migrantes et sans-abris » + autres travaux
- Groupe de travail « COVID-19 : Autour des fins de vie, de la mort et du funéraire » (*1)
Les travailleurs sociaux sont déjà nombreux à présenter des symptômes de Covid-19 explique le comité éthique. Ils sont « tiraillés entre l’idée que leur devoir est de continuer à travailler et la crainte d’être eux-mêmes vecteurs de la maladie. Ils sont dans la culpabilité vis-à-vis des résidents des établissements dans lesquels ils travaillent ».
Des conditions insuffisantes de sécurité sanitaire : des acteurs pris en étau
Le rapport du groupe sur la précarité indique que cette souffrance éthique est ressentie par l’ensemble des acteurs de terrain. Ils sont « pris en étau entre le souhait de se protéger eux-mêmes ainsi que leur cellule familiale et la crainte d’abandonner les personnes qu’ils soignent ou accompagnent ».
L’appel à volontaires,lancé par le Centre Primo Levi auprès des travailleurs sociaux pour intervenir dans les centres et les gymnases, révèle une anxiété extrême chez ces acteurs qui, pour la plupart, ne souhaitent pas se porter volontaire en raison des conditions insuffisantes de sécurité sanitaire. Un certain nombre évoque la possibilité de faire valoir leur droit de retrait.
À ce stade de la crise sanitaire, les acteurs de terrain disent répondre «au coup par coup» aux besoins de plus en plus urgents et se trouver «dans une sorte de trou noir». Les initiatives sont mises en place de façon très parcellaire, sans coordination centralisée. Tous sont en difficulté pour mettre en place une organisation efficiente sur la durée.
Urgence alimentaire en Île de France pour les plus précaires
Le rapport précarité de l’espace éthique indique que « confrontés à la fermeture des services administratifs, les demandeurs d’asile ne peuvent plus recevoir ni leur courrier, ni leurs allocations. Beaucoup se retrouvent dans l’impossibilité de payer leurs frais d’alimentation et d’hébergement éventuel et sont menacées d’expulsion.
Nous sommes aussi dans l’urgence alimentaire en Île de France : La fermeture de l’accès aux distributions alimentaires, en raison notamment d’une pénurie de personnels et de bénévoles, pose de grandes difficultés pour faire face aux besoins.Malgré toutes les initiatives d’ores et déjà mises en place, la problématique de l’aide alimentaire représente aujourd’hui la principale urgence.
« Les remontées du terrain font état de dispositifs extrêmement inégaux en termes d’accès à l’aide alimentaire, avec actuellement des personnes en très grande situation de détresse ». L’accès à l’alimentation, pas toujours situé à proximité du domicile, est également rendu complexe du fait des difficultés pour se procurer une attestation de déplacement dérogatoire (accès à Internet, problèmes de langue, etc.).
Bref c’est la galère pour nos collègues d’Île de France. Pour tenter de trouver des réponses adaptées aux besoins et éviter que les travailleurs sociaux et plus largement les aidant ne perdent un temps conséquent dans leurs recherches de structures ouvertes, Soliguide propose de relayer les informations sur les services existants :
Structures ouvertes à Paris (75)
Structures ouvertes dans les Yvelines (78)
Structures ouvertes dans les Hauts-de-Seine (92)
Structures ouvertes en Seine-Saint-Denis (93)
Structures ouvertes dans le Val-de-Marne (94)
Structures ouvertes en Gironde (33)
Structures pour les autres départements
note (*1) le lien du premier compte rendu du 25 mars ayant disparu, je l’ai remplacé par la synthèse en date du 25 avril 2020
Lire aussi : Épidémie, pandémie, éthique et société : des ressources pour comprendre et agir
Photo : freepik
Merci à Véronique Roussin pour la transmission des documents cités