Ces données sont issues du rapport de l’observatoire national de la protection de l’enfance qui dans sa conclusion a élaboré plusieurs propositions qui intéresseront celles et ceux qui se sentent concernés par ce sujet majeur. En voici les principaux extraits.
Au 31 décembre 2019, le nombre de mineurs bénéficiant d’au moins une prestation ou une mesure relevant du dispositif de protection de l’enfance est estimé à 312.500 sur la France entière (hors Mayotte), ce qui représente un taux de 21,7 ‰ des mineurs, soit une augmentation de 1,6 % du nombre de mineurs par rapport à 2018.
À cette même date, le nombre de jeunes majeurs concernés par une prestation ou une mesure est estimé à près de 24.700 sur la France entière (hors Mayotte), ce qui représente 10,2 ‰ des jeunes âgés de 18 à 21 ans. Ce taux est en hausse de 15 % entre 2018 et 2019
112.706 nouveaux mineurs ont fait l’objet d’une saisine d’un juge des enfants. Un chiffre conséquent qui révèle l’ampleur de la protection. Il a connu une croissance modérée en 2019 (+ 2,7 %), après une croissance importante entre 2017 et 2018.
En 2019, 94 mineurs ont été victimes d’infanticides. L’auteur pouvant être un membre de la famille ou une personne extérieure à celle-ci. Parmi ces mineurs, 53 sont décédés dans le cadre intrafamilial, c’est-à-dire que l’auteur des faits se trouve être un parent, contre 80 en 2018.
Les violences sexuelles en nette augmentation
Près de 28.970 mineurs ont été victimes de violences sexuelles selon les forces de sécurité ont enregistré les plaintes et signalements. Ce chiffre est en hausse de 14 % par rapport à 2018. La forte augmentation constatée entre 2016 et 2019 (le nombre de victimes déclarées de violences sexuelles a augmenté de 45 % entre ces deux années) s’inscrit dans une tendance à l’augmentation des plaintes depuis 2010. Parmi les mineurs victimes 80 % sont des filles. En 2019, 3,4 filles sur 1 000 ont été victimes de violences sexuelles, contre 0,8 sur 1 000 pour les garçons.
Les recommandations de l’ONPE
- La formation des professionnels reste au cœur des préoccupations actuelles, mais sa mise en œuvre que ce soit en formation initiale ou continue doit être encore assurée et renforcée, en y allouant les moyens notamment en termes de construction de référentiels sur la base de connaissances scientifiques actualisées en protection de l’enfance.
- Il apparaît aussi essentiel de développer et de soutenir, de façon participative, des démarches d’évaluation des pratiques professionnelles, mais aussi des interventions et politiques départementales de protection des mineurs
- Il y a urgence à reconnaître les professionnels dans leur expertise, à leur permettre de la développer au gré des évolutions sociales et sociétales du secteur.
- Les métiers de la protection de l’enfance sont des métiers difficiles, mal reconnus et parfois même oubliés. Le risque est de se trouver face à une crise professionnelle de motivation et de recrutement d’ampleur, dont les premières victimes seront les enfants de la protection de l’enfance qui ont inévitablement besoin de tels professionnels.
- Des progrès sont attendus pour une meilleure prise en compte de la parole des enfants, il apparaît
nécessaire de poser des questions éthiques, des objectifs clairs et des questions de méthodes avant d’engager des actions qui risquent sinon de ne pas être adaptées. - Il semble essentiel de clarifier ce qui est attendu dans la prise en compte de la parole des enfants en tenant compte de la diversité des situations. 4 axes sont à travailler. Il est important de préciser s’il s’agit :
- de permettre l’expression des enfants et de communiquer dans l’objectif de les informer ;
- de les consulter, c’est-à-dire d’échanger avec eux pour obtenir leur point de vue pouvant aider à la production d’avis et de recommandations ;
- d’engager une concertation avec eux pour les associer à la recherche de propositions communes
- ou de codécider en cherchant à partager des décisions et négocier avec eux pour arriver à des écritures communes
Et les parents ?
Personnellement, à moins d’être passé à côté d’un paragraphe du rapport, il me parait surprenant que la place des parents ne soit pas identifiée de la même façon ni vraiment prise en considération dans les préconisations. Il y a peu, voire pas de références à leur sujet ce qui me parait assez regrettable.
- lire aussi : Protection de l’enfance : l’ONPE alerte sur le risque de pénurie de professionnels | lassmat.fr
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