Le Blog de Maitre Eolas, avocat chevronné, est source de connaissances, mais aussi d’inspiration. Dans un texte, il propose un décalogue de sa profession. Je trouve que ces 10 commandements peuvent être adaptés et appliqués à nos professions, d’où cette proposition de décliner 10 verbes comme autant de devoirs et de conseils en direction des travailleurs sociaux et notamment des jeunes professionnels qui débutent au travail (mais pourquoi eux seuls ?). Alors, allons-y, voyons ce que cela donne…
Travailleur social tu es…
Étudie. La législation, la société, les comportements humains évoluent constamment. Si tu ne suis pas ces évolutions, tu seras chaque jour un peu moins professionnel.
Pense. Le Travail Social s’apprend en étudiant, mais il se pratique en pensant, en agissant avec logique et en utilisant ce qui est précieux, ton cœur et ton cerveau : les 2 fonctionnent ensemble et l’un ne peut oublier l’autre.
Travaille. Le Travail social est une dure tâche sans cesse à réinventer, car chaque situation est unique et mérite d’être prise en considération. Elle oblige à travailler sans relâche et, à cette condition, cela t’apportera de multiples satisfactions.
Lutte. Tu dois lutter pour une plus grande justice sociale, mais le jour où tu es en conflit éthique entre ce qui est juste et ce que l’on te demande de faire, choisis toujours le camp de ce qui est juste.
Sois loyal. Loyal avec la personne que tu aides ou accompagne, que tu ne dois pas abandonner même si parfois elle te semble que ce qu’elle fait ou dit est indigne de toi et même insupportable. Loyal avec tes pairs, même s’ils sont déloyaux avec toi. Loyal avec ton employeur, qui ignore les faits et doit pouvoir se fier à ce que tu lui dis, et qui, s’agissant de ton évaluation, doit pouvoir se fier à ce que tu invoques. Tâche d’être loyal avec tout le monde et tout le monde tâchera d’être loyal avec toi.
Tolère. Tolère la vérité des autres dans la même mesure que celle dont tu souhaites que la tienne soit tolérée.
Aie patience. Le temps se venge des choses qui se font sans sa collaboration.
Aie la foi. La foi dans ce travail si particulier en le considérant comme le meilleur instrument pour la cohabitation des humains, le lien qui nous unit, comme destination naturelle du droit à vivre ensemble en paix. Considère-toi comme un soutien bienveillant de la cohésion sociale ; et surtout aie foi en la capacité de chacun d’évoluer dans son humanité.
Oublie. Le travail social est une espace où l’on s’engage avec passion et conviction, mais aussi avec raison. Si à chaque bataille tu chargeais ton âme de rancœur, un jour viendra où la vie te sera impossible. Une fois l’action terminée, oublie aussi vite ce que tu considères comme une victoire ou comme une défaite. Chaque jour est un jour nouveau.
Aime ta profession. Tâche de l’exercer de telle façon que le jour où ton enfant te demandera conseil pour choisir son futur métier, tu considères comme un honneur de lui proposer de devenir travailleur social. Sois en fier.
Note: ce texte, certes un peu (beaucoup ?) moraliste est une très libre interprétation d’un texte écrit par Eduardo Juan Couture Etcheverry (1906-1956), juriste uruguayen et doyen de l’Udelar, l’Université de Montevideo. Il a écrit le décalogue de la profession d’avocat.
photo : Julian Jagtenberg pexels
(J’avais initialement rédigé ce texte en juin 2016)
Une réponse
Très intéressant. Il s’agit là d’un bréviaire d’un travailleur qui doit à chaque instant s’en référer s’il veut être efficient et efficace dans ses interventions, dans la mise en place d’une relation d’aide dépourvue de tout préjugé. Ce texte m’a permis de me replonger dans ce métier aussi noble que sensible.