Le travail social toujours porté par les femmes
La journaliste Audrey Guiller nous rappelle dans le Média Social que neuf travailleuses sociales sur dix sont des femmes. Certains estiment que c’est l’histoire de la profession qui en est la cause : Au XXe siècle, ce sont des femmes – de milieu social aisé – qui « inventèrent » le travail social. Les deux guerres mondiales les ont installées dans ce rôle, écrit-elle. Oui, mais pourquoi rien ou si peu n’a changé en plus d’un siècle d’existence ?
La réponse nous vient de Véronique Bayer, directrice générale de l’Institut de recherche et de formation à l’action sociale de l’Essonne (Irfase) et docteure en sociologie : « Les activités des métiers du travail social sont associées au travail domestique, poursuit-elle. Ces compétences professionnelles et savoir-faire discrets, ni mesurables, ni évaluables, continuent à être perçus comme des aptitudes naturelles des femmes. Pour résumer, le travail social n’est toujours pas considéré comme un travail. » dit-elle.
La journaliste donne aussi la parole à Céline Lembert ancienne secrétaire de l’ANAS l’association nationale des assistantes de service social. Pour elle, l’image de la profession est biaisée : « Quand on présente notre métier, on parle de ce que l’on fait, de sa technicité. Car beaucoup croient encore à tort : c’est un métier de bienveillance et d’écoute, un métier de femme quoi ! » Pour toutes les interviewées, le secteur n’attirera pas d’avantage d’hommes tant que les salaires n’y seront pas revalorisés. Parce qu’ils sont considérés comme féminins. Nos métiers restent encore aujourd’hui dévalorisés. Tant que les revenus des travailleuses sociales ne seront pas à la hauteur des salaires des métiers dits « masculins » avec le même niveau d’étude, rien ne pourra vraiment changer. (lire l’article du Média Social) et voir plus bas la rubrique « bonus »
Maltraitance dans les Ehpad : les pouvoirs publics ne sont « pas à la hauteur », dit la Défenseure des droits
Visiblement, rien ne change ou presque dans les Ehpad : Les signalements pour « maltraitance » sont en hausse. « La réponse des pouvoirs publics n’est pas à la hauteur des atteintes dénoncées, ni de l’urgence », a dénoncé hier la Défenseure des droits dans le Journal du dimanche. Claire Hédon rend public ce lundi un suivi du rapport des 64 recommandations qu’elle avait émises en mai 2021 pendant la crise du Covid-19.
« Les manquements concernent autant le privé que le public, le privé à but lucratif comme non lucratif », explique-t-elle. Les services de la Défenseure des Droits ont reçu 281 plaintes depuis mai 2021. Rappelons à cette occasion que le journaliste Victor Castanet, avait révélé en 2022 le « scandale ORPEA » qui avait provoqué de multiples signalements allant bien audelà cette société.
Les plaintes reçues font état dans 43% de « maltraitance », dans 30% de « limitation de visites », dans 12% de « restrictions à la liberté d’aller et venir ». La recommandation principale du rapport est de fixer « un ratio minimal d’encadrement », comprenant « au moins huit soignants et animateurs pour dix résidents en Ehpad ». On en reste fort loin.
Lire aussi sur ce sujet
- Enquête Des suspicions de maltraitance dans un Ehpad de Maurepas | actu 78 (Plusieurs familles de résidents et certains membres du personnel du Clinalliance Ehpad Repotel de Maurepas dans les Yvelines suspectent des faits de maltraitance. Ils veulent alerter. Malgré les accusations d’une aide soignante, la direction estime que les faits ne sont pas avérés.
Protection de l’enfance : quatre travailleurs sociaux se livrent (dans un livre)
Une vie professionnelle entière consacrée au travail social, il y a de quoi écrire. C’est ce que viennent de réaliser quatre anciens travailleurs sociaux du Jura en publiant un livre intitulé « Aux côtés des familles : Des professionnels de l’Aide sociale à l’enfance racontent leur travail ». Ce sont quatre collègues, devenus amis ( Françoise Epailly, Élisabeth Maître, Marie-Agnès Ponçot et Alain Vurpillat). Ils ont été assistantes sociales, éducateur spécialisé, cadres techniques. Ils ont passé l’essentiel de leur carrière dans un même service départemental de l’Aide sociale à l’enfance. Ils ont décidé de témoigner de leur vie professionnelle.
Chapeau ! A-t-on envie de leur dire. La rédaction de la Voix du Jura met en valeur leur travail à travers un article qui explique leur démarche. Aujourd’hui retraités, ces quatre travailleurs sociaux expliquent leur pratique professionnelle qu’ils illustrent par des récits de situations vécues, des réunions de travail et des débats.
Le lecteur s’apercevra au fil de cet ouvrage que la pratique du travail social change ceux qui le font. Les auteurs ont préféré le quotidien au sensationnel. C’est tout à leur honneur. « On verra que malgré des imperfections du système, les travailleurs sociaux agissent en faveur des familles et construisent des interventions utiles ». Leurs récits apporteront au lecteur un éclairage sur la pratique quotidienne et l’implication indispensable dans une relation humaine autant que professionnelle. (lire l’article de la Voix du Jura) (lire la présentation du livre sur le site de la BNF)
Bonus : Au sujet des rémunérations dans la Fonction Publique
La lettre hebdomadaire de l’ANDASS animée par Roland Giraud nous apporte des éléments essentiels pour comprendre ce qui ne va pas dans la fonction publique du côté des salaires. Il s’appuie pour cela sur les travaux du collectif « sens du service public ». Le SMIC progresse plus vite que le #salaire moyen de la #fonctionpublique. Tendanciellement, de plus en plus d’agents sont donc payés au SMIC, indépendamment de leur niveau de recrutement et de leur ancienneté, explique-t-il. Les chiffres sont éloquents :
En 2006, la différence par rapport au SMIC mensuel pour un agent payé au 1er échelon était :
- en catégorie C : 9€ (à partir du 1er échelon)
- en catégorie B : 121€
- en catégorie A : 315€
En 2023, la différence par rapport au SMIC pour un agent payé au 1er échelon :
- catégorie C : 7€ (jusqu’au 8eme échelon)
- catégorie B : 14,55€
- catégorie A : 179€
Cherchez l’erreur ! N’oublions pas non plus que la féminisation est forte dans la fonction publique sauf…. dans les emplois de direction.
L’État préfère investir dans le matériel de sécurité. (Je sais, le rapprochement est discutable, mais quand même) : Maintien de l’ordre : un appel d’offres de 38 millions d’euros de grenades. Pour qui tout ce matériel ?
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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.