Les réseaux virtuels, tout comme les réseaux sociaux prennent de plus en plus de place dans notre quotidien. Les couple se font et se défont via les sites de rencontres. Les militants et sympathisants pétitionnent grâce à des sites dédiés. Nos relations avec les administrations passent désormais par des plates formes dédiées. Bref nous passons de plus en plus de temps devant des écrans. Que ce soit celui de l’ordinateur, du smartphone ou de la tablette, nous nous « agrégeons » dans des communautés virtuelles aussi nombreuses qu’il existe de centres d’intérêts ou de besoins. Tout ce temps passé à échanger sur internet avec nos semblables est autant de temps que nous ne passons plus avec nos voisins, ceux qui n’ont pas les mêmes centres d’intérêts que nous et qui pourtant nous sont physiquement proches. Allez à la terrasse d’un café pour mieux percevoir le phénomène. Nombreux sont ceux qui ont le regard fixés sur leurs smartphones alors que plusieurs sont autour de la table.
Nous sommes face aujourd’hui à des communautés « virtuelles » des regroupements de personnes qui développent leur propres langages, normes et objectifs (1). Il y a par exemple les hackers blancs (White Hat), la communauté Wikipédia ou encore wikileaks. Mais le système communautaire sur internet est aussi la base d’un nouveau business. L’objectif est de développer l’économie de l’attention. Face à cette déferlante d’infos qui nous sont proposées, nous développons des stratégies d’évitement plus ou moins conscientes. Il s’agit désormais de créer des sites dits communautaires pour renforcer un marché et fidéliser une clientèle. Ce sont les personnes « addicts » à une marque, à un produit, qui se reconnaissent avec leurs propres codes et sont une aubaine pour les fabricants de produits de toutes sortes.
Seul devant son écran, l’internaute peut avoir le sentiment d’agir de façon collective avec ses pairs. Ainsi peut-on constater le développement important du nombre de pétitions en ligne avec sans doute des impacts plus faibles que par le passé. les communautés virtuelles se multiplient. Certaines sont suivies de rassemblements « physiques ». D’autres communautés, parfois stigmatisées, utilisent l’Internet pour préparer des rassemblements. Selon Serge Proulx, les « communautés virtuelles » sont surtout des communautés d’intérêt.
« Dans la communauté au sens traditionnel, c’est la proximité géographique qui assurait l’ancrage territorial communautaire. Pensons aux routes et aux moyens de transport qui connectaient les résidences des familles dans le village, pensons aux écoles communales ou aux divers services (parcs publics, police, hôpitaux) qui étaient à proximité. Dans les situations de communication électronique de groupe, au contraire, cette proximité géographique – de même que le corps des internautes et le cadrage de l’échange en temps réel – disparaissent en tant que dimensions constitutives du sentiment communautaire. Dans la communication électronique de groupe, ce qui fait lien peut être le partage d’intérêts communs, ou de valeurs et croyances communes, ou la même appartenance culturelle, nationale ou ethnique, ou familiale ou générationnelle ou sexuelle ou religieuse. La structure de la communauté virtuelle peut prendre alors la forme de la diaspora ou celle des réseaux ou de la multitude où les membres sont dispersés dans l’espace, où il n’y a pas nécessairement de proximité géographique entre les membres du collectif qui éprouvent pourtant un même sentiment d’appartenance communautaire. » (2)
Juste une question : Qui ici n’utilise pas l’un des réseaux sociaux que sont : twitter, facebook, google + ?
J’attirerai simplement votre attention sur la place des communautés au sein de ces réseaux : Pouvons nous envisager qu’un jour, des intervention sociales puissent être engagées auprès de ces communautés dans le sens de pratiques de travail social communautaire?
C’est une question que je me pose et je n’ai pas pour l’instant la réponse….
1 Le terme de « communauté virtuelle » désigne des personnes réunies via internet par des valeurs ou un intérêt communs (par exemple une passion, un loisir ou un métier). L’objectif de la communauté est de créer de la valeur à partir des échanges entre membres, par exemple en partageant des astuces, des conseils ou tout simplement en débattant d’un sujet.
2 Serge Proulx (Professeur, École des médias – Université du Québec à Montréal) in «Les communautés virtuelles construisent-elles du lien social ? », communication, Colloque international «L’organisation média. Dispositifs médiatiques, sémiotiques et de médiations de l’organisation », Université Jean-Moulin, Lyon, 19-20 novembre 2004
photo réalisée pendant mes vacances il y a 2 ans (San Francisco)