« Mineurs délinquants, mineurs en danger : le bateau coule ! »
Dans une tribune publiée hier sur France Inter et dans le journal Le Monde, les quinze juges des enfants de Bobigny lancent un « appel au secours ». « Nous sommes devenus les juges de mesures fictives », écrivent-ils, dénonçant le manque de moyens pour la protection de l’enfance. ../… » Les mesures d’assistance éducative, exercées pour la plupart par le secteur associatif habilité, sont actuellement soumises à des délais de prise en charge inacceptables en matière de protection de l’enfance : il s’écoule jusqu’à 18 mois entre l’audience au cours de laquelle la décision est prononcée par le juge des enfants et l’affectation du suivi à un éducateur. Près de 900 mesures, soit 900 familles, sont en attente. Nous en connaissons les raisons : un manque flagrant de personnel, lié aux restrictions budgétaires, dans un contexte où la dégradation des conditions du travail éducatif et social en Seine-Saint-Denis rend plus difficiles les recrutements. » Lire la totalité de cet appel sur le site de France Inter
Les juges des enfants au bord de la rupture dans le Calvados
Ce problème n’est pas nouveau et ne se limite pas au tribunal de Bobigny. Ainsi le mois dernier dans le Calvados Ouest France faisait état d’une situation similaire ou presque en titrant sur » les juges des enfants au bord de la rupture ». « Depuis plusieurs années, tous les acteurs ont constaté que le tribunal pour enfants était en surchauffe, poursuit Marc Hedrich. Chaque cabinet cumule plus de 600 dossiers d’assistance éducative (dans lesquels ils suivent des familles lors de placements de mineurs en danger, par exemple). Ils ne devraient en avoir qu’entre 350 et 400 pour que la situation soit correcte. Ils sont censés recevoir chaque famille au moins une fois par an ».
« Le social brûle »
La protection de l’enfance révélatrice d’un sérieux malaise et du manque de moyen notamment des services éducatifs. Un tract d’appel à manifester fait le tour des départements sous tension : Le Nord, Les Yvelines, plusieurs département du pays basque, le Maine et Loire, le Loiret, la Seine Maritime, la Drôme… Le syndicat Sud a mis en ligne une carte de France révélatrice des difficultés un peu partout en France. Il appelle à une manifestation jeudi 8 novembre à Nantes dans le cadre d’une convergence de l’ensemble de ces mouvements. Le collectif comprend aussi des militants de la CGT et de la Coordination nationale des salarié-es en lutte du travail social.
« Le malaise des travailleurs du social une vue de l’esprit ? Non un constat, aux quatre coins de la France » précise le collectif « le social déchainé » qui intervient dans Nord de la France et a créé une page facebook. « L’exaspération est palpable et se traduit par des mouvements de grève et la création de collectifs de luttes » est-il précisé. Des associations de prévention spécialisées disparaissent ou sont restructurées avec des pertes de moyens.
Dans le Nord le dialogue est rompu
Comme l’explique le journal 20 minutes, dans le Nord le dialogue est rompu entre le département et certains travailleurs sociaux concernant la charge de travail et les missions à accomplir… «Nous sommes en surcharge de travail concernant les enfants en difficulté. Avec plus de 40 situations à gérer par travailleur social, nous n’arrivons plus à voir les familles dans de bonnes conditions», assure Marie, une assistante sociale en colère. «On ouvre des postes mais personne n’est candidat». De son côté, le président du département affirme être dans les clous au niveau personnel encadrant. «Le problème, c’est qu’on ouvre des postes, mais que personne n’est candidat, explique-t-il. Sinon, je suis d’accord sur un point : il manque des assistantes familiales pour accueillir les enfants placés.» En conséquence des travailleurs sociaux manifesteront eux aussi le 8 novembre à Lille (lire l’article de 20 minutes)
Ce mouvement va-t-il s’étendre ou s’éteindre ? Sans doute en dépend-il de chacun mais quel que soit le résultat, il montre que le secteur fait face à de réelles difficultés qui ne peuvent être niées. Ce sont non, seulement les travailleurs sociaux, les assistants familiaux et les services éducatifs qui en pâtissent mais aussi et surtout les mineurs et les personnes qui ont besoin de protection.
Photo : pexels
Revue de presse et sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre