La Fédération Internationale du Travail Social (IFSW) a créé un blog spécifique pour nous informer du sort des réfugiés qui errent notamment en Europe et on y apprend beaucoup de choses qui ne sont pas diffusées par les médias. Ainsi par exemple contrairement à ce qui semble indiqué, la situation reste très tendue en Grèce. La Fédération dénonce des pratiques d’expulsions qui font suite à des manipulations. Des traducteurs locaux font signer des imprimés que les réfugiés venus de Libye croient être des demandes d’asile alors que ce sont des acceptation de reconduite à la frontière Libyenne.
Or dans ce pays la cruauté dans les camps est une triste réalité : Joanne Liu, Présidente internationale de Médecins Sans Frontières, a visité les camps de détention en Libye. Elle en est revenue choquée notamment par « la cruauté contre les humains ». Elle a publié une lettre ouverte aux hommes et femmes politiques européens pour leur demander d’arrêter la politique actuelle en direction des réfugiés.
Selon elle, « le financement européen qui contribue à empêcher les bateaux de quitter les eaux libyennes, nourrit également un système criminel d’abus sur les réfugiés ». C’est dit-elle « une entreprise prospère d’enlèvement, de torture et d’extorsion. » « Les gens sont simplement traités comme un produit à exploiter. Ils sont parqués dans des pièces sombres et sales sans ventilation, vivant les uns sur les autres. Les hommes nous ont dit comment certains d’entre eux sont forcés de courir nu dans la cour jusqu’à ce qu’ils s’effondrent de l’épuisement. Les femmes sont violées et il est fait ensuite fait appel à leurs familles pour demander une rançon permettant de les libérer. Toutes les personnes que j’ai rencontrées avaient des larmes aux yeux, demandant encore et encore de quitter ces lieux. Leur désespoir est écrasant ».
« Coté européen, il est mis en valeur le nombre réduit de personnes quittant les rives de la Libye. Cela a été loué par certains comme un succès dans la prévention de la perte de vie en mer et la destruction des réseaux de contrebandiers. Mais lorsque l’on sait ce qui se passe en Libye, ce qui est considéré comme un succès est une hypocrisie pure et simple. Il faut s’interroger sur une forme de complicité cynique dans ce qui est organisé de la réduire le nombre de candidats aux voyages des êtres humains en les livrant aux mains des trafiquants ».
Les personnes emprisonnées dans ces conditions de cauchemar en Libye ont besoin d’une issue. Ils ont besoin d’accéder à la protection, à l’asile et aux procédures de rapatriement librement consenti. Ils ont besoin de fuir en sécurité par des voies juridiques. à ce jour, seule une petite fraction de personnes ont pu y accéder.
« Cette horrible violence contre les réfugiés doit s’arrêter; il faut un respect fondamental pour leurs droits de l’homme, y compris le droit d’accès à une alimentation, à de l’eau et à des soins médicaux suffisants. ce qui n’est pas le cas actuellement »
La présidente internationale de Médecins Sans Frontières termine son courrier avec une question assez terrible : « Dans leurs efforts pour endiguer le flux des migrants, les gouvernements européens sont-il prêts à accepter de permettre les viols, torture et l’esclavage mis en place par des organisations criminelles ? » En tout cas précise-t-elle, vous ne pourrez pas dire que vous ne le saviez pas.
le témoignage Joanne Liu, Présidente internationale de Médecins Sans Frontières, est accablant (en anglais)
photo de Lybie Par Guillaume Binet / Myop