Ne pas faire quelque chose sera toujours plus rapide que de le faire. Cette affirmation vaut pour de nombreuses choses au travail : ne pas aller à une réunion va plus vite que d’y participer surtout quand on ne sait pas vraiment ce qu’elle peut nous apporter si ce n’est du stess ou une surcharge de travail avec des nouvelles tâches à effectuer. Mais attention cela ne veut pas dire qu’il faut se passer de toutes les réunions. Certaines sont essentielles comme les réunions d’équipe qui ont des fonctions précises et permettent le bon fonctionnement et la coordination d’un ensemble.
Ceux qui me connaissent savent que j’ai un problème : je ne dis jamais ou très rarement non quand on me demande si je peux faire quelque chose. Conséquence, la liste de ce que j’ai à faire s’allonge sans cesse. Il est certes plus facile de dire oui, surtout si on a le sentiment de rendre service. Il est difficile de dire non car cela engage un effort particulier. Pourtant dire non au regard de certaines tâches peut être beaucoup plus productif que de les faire.
Mais voilà au travail, nous sommes souvent inscrits dans une culture de soumission notamment face à un encadrement qui repère très vite celui ou celle à qui on pourra toujours demander quelque chose. Avez vous remarqué qu’au travail ce sont souvent les mêmes personnes qui sont sollicitées alors que l’on ne demande jamais rien ou presque à d’autres ?
S’il y a avantage à dire non, pourquoi alors disons-nous oui si souvent ?
Nous acceptons de nombreuses demandes non pas parce que nous voulons les satisfaire, mais parce que nous ne voulons pas être perçus comme impolis, arrogants ou inutiles. Nous avons tous un besoin de reconnaissance et celle-ci apparait lorsque nous acceptons de prendre en charge un travail particulier qui nous a été demandé. Et puis, il est souvent difficile de dire non à qelqu’un qu’on apprécie, pour qui on a de l’affection ou plus simplement que l’on reconnait comme faisant partie de nos proches.
Dire non à quelqu’un peut être particulièrement difficile parce que nous nous pouvons aussi besoin de leur aide à l’avenir ou que nous en avons obtenu par le passé. Nous répondons alors à une forme de dette. La collaboration avec les autres est un élément important dans la construction du lien. L’idée de mettre cette relation à rude épreuve l’emporte souvent sur l’engagement de notre temps et de notre énergie.
Dire non, demande une façon de le dire et de l’expliquer. Cela n’est pas évident pour tout le monde et certains sont maladroits. Il faut pouvoir expliquer son refus avec des arguments entendables, mais aussi le dire en s’adressant à la personne de façon chaleureuse et souriante afin qu’elle ne perçoive pas votre non comme un rejet de sa propre personne ou encore comme une forme d’agressivité mal placée.
Malgré la prise en compte de ces considérations, nous pouvons toujours avoir du mal à dire non. Il s’agit maintenant de se convaincre de l’intérêt d’exprimer un refus quand cela s’avère nécessaire.
Un différence notable entre le oui et le non
Les mots « oui » et « non » sont si souvent utilisés l’un par rapport à l’autre au point qu’on a l’impression qu’ils ont le même poids dans la conversation. En réalité, ils n’ont pas seulement un sens opposé, mais leur engagement est d’une toute autre ampleur.
Quand vous dites non, vous ne dites non qu’à une seule option. Quand vous dites oui, vous dites non à toutes les autres options. Vous me suivez ? C’est ce que précise l’économiste Tim Harford cité par James Clear : « Chaque fois que nous disons oui à une demande, nous disons aussi non à toute autre chose que nous pourrions accomplir avec le temps ». Une fois que vous vous êtes engagé à quelque chose, vous avez déjà décidé en quelque sorte comment ce bloc de temps futur sera dépensé.
En d’autres termes, dire non fait gagner du temps à l’avenir. Dire oui coûtera du temps à l’avenir. Non est une forme de crédit-temps. Vous conservez la possibilité de passer votre temps futur comme bon vous semble. Oui est une forme de dette temporelle. Il faudra bien rembourser son engagement à un moment ou à un autre.
Non est une décision. Oui, c’est une responsabilité.
Dire non est parfois perçu comme un luxe que seuls les détenteurs du pouvoir peuvent se permettre. Et c’est vrai : il est plus facile de refuser des opportunités quand on peut compter sur le filet de sécurité fourni par le pouvoir, l’argent et l’autorité. Mais il est vrai aussi que dire non n’est pas seulement un privilège réservé à ceux qui réussissent parmi nous. C’est aussi une stratégie qui peut vous aider à réussir à tenir bon s’il vous est demandé d’agir et que vous estimez au nom d’un principe éthique ou de positionnement professionnel, vous estimez que vous n’avez pas à le faire. Il vous faudra argumenter. C’est incontournable…
Bon, voilà pour l’essentiel, je vous quitte car je dois aller faire quelques courses. C’est ma compagne qui me l’a demandé. Et là, excusez moi je n’ai aucun argument pour lui dire non ! cela serait si déplacé de le faire que je ne le peux pas !
Note : pour rédiger ce texte, je me suis grandement inspiré d’un article de John Clear » The Ultimate Productivity Hack is Saying No »
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