Le modèle social français, un système efficace mais fragile
Le journal la Croix nous rappelle que les impôts servent de plus en plus à couvrir les Français contre les aléas de la vie : vieillesse, maladie, charge de famille ou inactivité forcée, mais aussi à réduire les inégalités et limiter la pauvreté. Mais écrit le journal « le sentiment de remise en cause de ce système, exprimé notamment par les « gilets jaunes », va contraindre à repenser ce modèle ». Est-ce un bien ? Plusieurs schémas révélateurs agrémentent cet article
Mais il y a des particularités qui jouent beaucoup sur l’efficacité des impôts en matière de réduction des inégalités. « La France a un système où la redistribution se fait davantage par les dépenses, qui profitent d’abord aux ménages les plus pauvres, que par les recettes. Cela vient du fait que l’essentiel des prélèvements repose sur des cotisations proportionnelles aux revenus et très peu sur des impôts progressifs, résume Alain Trannoy, professeur à l’université d’Aix-Marseille. Sans oublier le fort poids des taxes qui pèse proportionnellement beaucoup plus lourd sur les foyers modestes que sur les plus aisés. » (Lire l’article de la Croix)
Sans notre politique sociale, « il y aurait cinq millions de pauvres supplémentaires »
Ouest France donne la parole à Noam Leandri, président de l’Observatoire des inégalités. Pour lui « Notre politique de redistribution fiscale est parmi les plus efficaces au monde. Sans elle, il y aurait cinq millions de pauvres supplémentaires. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille s’en contenter ». Que préconisez-vous alors ? demande le journaliste François Vercelletto. « Les pauvres ont besoin d’actions concrètes dans les domaines de l’éducation, du logement, de l’emploi et des revenus. En commençant par l’école. Il faut également en finir avec la bureaucratie sociale et simplifier les procédures. Le premier acte d’une lutte contre la pauvreté serait d’assurer un revenu minimum à tous les jeunes de 18 à 25 ans qui galèrent, d’augmenter le Smic et les minima sociaux. Il faut aussi permettre aux étrangers présents sur notre sol de travailler y compris au sein de la Fonction publique ». Pas sûr que ces préconisations conviennent à tout le monde (lire l’article de Ouest France)
Pauvreté : qui arrive à s’en sortir (ou pas) ?
L’observatoire des inégalités vient de publier un article intéressante qui montre qu’en France, la pauvreté est moins durable qu’ailleurs. Louis Maurin explique que » Pour connaître l’évolution de la pauvreté, on se contente trop souvent de comparer le nombre de pauvres entre deux dates. On oublie les parcours des personnes, ce qui fait que l’on devient pauvre ou que l’on s’en sort. Un taux de pauvreté peut correspondre à des formes très différentes de pauvreté, selon qu’elle est plus ou moins durable. Les associations qui soutiennent les plus démunis comme les travailleurs sociaux connaissent bien ces histoires de vie, faites d’avenirs meilleurs ou d’enfermements. On ne dispose que de très peu de données générales sur le sujet. Quelques études permettent cependant de comprendre un peu mieux le phénomène. (lire l’article)
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« Le sentiment de pauvreté met en évidence une insécurité sociale durable et une vision dégradée de son avenir »
Pour le sociologue Nicolas Duvoux, la pauvreté monétaire est un indicateur d’inégalité, alors que la pauvreté subjective, qui concerne environ 13 % de la population, est un indicateur d’insécurité. « La pauvreté monétaire est un indicateur d’inégalité, alors que la pauvreté subjective est un indicateur d’insécurité ». (lire l’article du Monde)
photo : Foter.com
sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre
Une réponse
Il serait bien d’éviter l’amalgame entre cotisations sociales et impôts. Il me semble que cela reflète un grand changement de mise en œuvre, rôle de l’Etat et de gestion des actions sociales. Cela biaise l’analyse et contribue aux divisions, discours d’assistanat…