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Le cauchemar qui menace le travail social ?…

Cela doit-il encore s’appeler du travail social ? Sous couvert d’évaluation, elle même dénaturée, certaines institutions ont complètement transformé les pratiques du travail social au nom de la performance. Comment le vivent les travailleurs sociaux ? Certains d’entre eux sont désormais soumis à la pression d’objectifs à atteindre. Tout cela au nom de l’efficience et de la performance de l’offre de service social faite à des usagers désormais considérés comme des clients qu’il faut satisfaire au mieux de leurs volontés.  Les assistantes sociales s’adaptent beaucoup mais la limite n’est-elle pas atteinte ?

Mon collègue et ami Jacques Trémintin, travailleur social et journaliste à Lien Social, est lui même assez désolé après sa lecture du livre de Marie Mormesse intitulé « L’évaluation du travail social : une nécessité impossible ?« . Voici sa recension de cet ouvrage. Un texte publié dans  » Lien Social » :

« La prétention néo-libérale à vouloir imposer au travail social une évaluation quantitative et des objectifs quantifiables a déjà fait l’objet de nombreuses contestations théoriques. L’ouvrage de Marie Mormesse reprend ces critiques en les appuyant sur une analyse de terrain au cœur du service social de l’assurance maladie.

Profondément réorganisée, l’action qui s’y déploie dorénavant est  soumise à l’obligation de rentabilité et de performance. Des managers la soumettent à des scores établis en fonction d’indicateurs de « socle » ou de « cible ». Chaque agent se voit  fixer des buts à atteindre individuellement, lors d’un entretien annuel avec son responsable. Le service rendu est assimilé à n’importe quel autre produit qui doit être fabriqué selon des procédures préalablement définies et schématisées pour répondre aux exigences de la norme ISO 9001. Des groupes de travail ont été constitués pour élaborer des procédures fixant des modalités d’intervention, des logigrammes tentant d’objectiver à l’extrême le processus d’accompagnement, en déclinant ses différentes étapes.

Toute une terminologie issue du secteur marchand a fait son apparition : « plateforme téléphonique », « clientèle », « portefeuille », « scores », « produit »… La marge de manœuvre donnant la liberté d’action nécessaire de s’adapter à l’imprévu ? Elle n’a aucune place reconnue. Les phénomènes émotionnels, affectifs et relationnels touchant au cœur de l’indicible qui sont le fondement de la profession ? Ils n’ont pas de traduction dans les indicateurs imposés. La qualité de la rencontre interindividuelle qui se tisse dans l’entretien ? Elle n’entre pas dans les normes quantitatives qui sont fixés et doivent trouver leur expression dans les données informatiques saisies. La diversité, la singularité et l’unicité des situations ? Elles sont rabotées par la protocolisation de l’intervention. L’habileté, le savoir-faire et l’ingéniosité du professionnel qui doit faire face aux incidents, anomalies, incohérences qui font inévitablement obstacles aux prescriptions ?

L’action engagée doit être rendue visible par des statistiques du nombre d’usagers reçus et de dossiers traités, ainsi que du taux de satisfaction du bénéficiaire recueilli par questionnaires. L’usager imprévisible, divers et multiple collant mal à la modélisation qui en est faite ? La relation d’aide doit être aseptisée, standardisée, rationalisée et fournir des résultats chiffrables.

Marie Mormesse classe en quatre catégories les réactions des professionnels : les « nostalgiques » face à la perte de sens de leur métier ; les « raisonnables » qui composent ; les « révoltés » qui  n’acceptent pas la casse de leur métier et les « convertis » jugeant illégitimes les résistances à une modernisation incontournable. Il faut à tout prix lire ce livre, pour comprendre le cauchemar qui menace le travail social ».

credit photo : wwf cité par  « La Relève et La Peste« 

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Une réponse

  1. Cher Didier, cher Jacques, chères toutes et tous, pour vous redonner de l’énérgie je vous rappelle que les acteurs des Etats Généraux Alternatifs du Travail Social nous invitent à un Festival du Travail Social à Bobigny le 14 mai 2016. Organisons des EGATS partout en France ! D’autres voies sont possibles #NuitDebout #DeboutPourNosMétiers #OnVautMieux #EGATS

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