« Pourquoi je démissionne » : la goutte qui fait déborder le vase
Lien Social vient de publier une lettre très émouvante d’une assistante sociale qui a décidé de démissionner.
« Quand le confinement de la plus grande pandémie mondiale est le début d’une prise de conscience (…) Quand le retour au travail est synonyme d’angoisse et de colère » il faut prendre une décision. S. K. a pris celle « de l’abandon mais pas du regret »
Être assistante sociale, ce n’est pas seulement gérer de l’administratif, explique-t-elle. Cela ne représente que 10% de ses compétences. Dans un long paragraphe, S.K. égrène ce qui a fait aussi son quotidien : accompagner un paraplégique de naissance à faire de la moto, récolter 1400€ pour financer un voyage au Japon pour une jeune ataxique, soutenir l’écriture d’un livre, permettre à un atelier IMPRO de préparer et de servir le buffet de Noël de la Mairie, etc… Elle n’en finit plus d’énumérer ses actions.
Mais aujourd’hui, l’espace pour faire preuve de créativité, pour donner son avis, pour penser, pour réfléchir, pour prendre du recul disparaît sous la pression d’institutions protocolisées. Tout ce qui l’a animée vient d’être balayé par la grosse tempête du confinement et de ses conséquences. Le monde du social et du sanitaire est devenu une entreprise lucrative dictatoriale sous couvert de la charité et du soutien aux pauvres.
« Alors adieu. Adieu à ce merveilleux métier incompris, malmené et maltraité » termine-telle.
A lire en entier et à méditer, pour comprendre pourquoi d’excellent(e)s professionnel(les) sont parfois amené(e)s à s’en aller. (lire ce témoignage sur Lien Social)
L’aide sociale à l’enfance confrontée à la crise sanitaire
Un article publié sur le site « vie publique » nous en apprend un peu plus sur la situation de l’ASE au regard de la crise sanitaire. On y apprend que le COVID-19 a touché 3,5% des personnels de l’aide sociale à l’enfance selon les données publiées par la direction de la recherche et des études de santé (Drees) le 20 mai 2020(nouvelle fenêtre). Malgré la baisse des effectifs causée par les arrêts maladie liés au COVID-19, quatre services d’action éducative sur cinq déclarent avoir maintenu les visites à domicile.
Dans de nombreux établissements, les jeunes ont changé de lieu de résidence pendant le confinement. Des jeunes sont retournés dans leur famille, d’autres, au contraire, ont dû être éloignés du milieu familial.
98% des établissements qui accueillent des enfants protégés déclarent avoir maintenu le suivi et le soutien scolaire d’au moins une partie des jeunes scolarisés. Cependant, ce suivi a été partiel pour plus de quatre enfants sur cinq et 10% seulement des établissements ont pu poursuivre les visites à domicile pour l’ensemble de ces enfants. (lire l’article sur vie publique.fr)
Le confinement, révélateur des inégalités dans la qualité du logement
L’institut de sondage IPSOS pour l’Association QUALITEL vient de publier les résultats de l’une des enquêtes les plus complètes menées à ce jour sur le logement et le confinement. Les personnes interrogées ont noté leur logement sur la base de 17 critères (confort thermique, isolation acoustique, qualité des matériaux, ventilation, luminosité etc.) qui composent le Qualiscore, indice de la qualité perçue du logement.
20 % des Français (soit près de 8 millions de foyers) déclarent ainsi avoir « mal supporté » leur logement pendant le confinement. L’étude détaillée des profils de ces Français qui ont souffert démontre qu’il y a bien eu plusieurs France dans ce grand confinement. on trouve une sur-proportion de jeunes (28 % des – de 35 ans), personnes seules (26 %), en appartement (29%) avec des revenus modestes (32% des personnes gagnant moins de 1 250€).
41 % des personnes ayant des enfants en bas âge souhaitent déménager à l’issue de ce confinement. Elles ont, davantage que les autres, souffert de la promiscuité et du manque d’espace pendant le confinement. 38 % des habitants d’appartements affirment que cette période leur a donné envie de déménager, soit 3 fois plus que les habitants de maison. (prendre connaissance de cette enquête sur le site de l’IPSOS)
et aussi
L’opinion des Français sur le non-recours aux prestations sociales
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) vient de publier une étude qui aborde la perception qu’ont nos concitoyens sur le non recours aux prestations sociales. Et là, surprise :
Près des trois quarts des Français considèrent que beaucoup de personnes n’ont pas recours aux droits auxquels ils peuvent prétendre. Pour près d’un sur deux, le principal motif est le manque d’information. Le niveau de connaissance qu’ont les Français est très variable d’une prestation à l’autre.
Les « lourdeurs administratives » sont l’une des premières raisons citées. La première reste celle liée à un manque d’information mais vient juste après la complexité de l’administration : 25% des personnes interrogées estiment que «les démarches à faire sont trop complexes et trop longues» (télécharger l’étude de la DREES)
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Sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre
Cette revue de presse a été rédigée en partie par mon collègue Tom Léducspé… Merci à lui pour ce coup de main