Didier Dubasque

La vie est plus chère quand on est pauvre / Plonger et rebondir / Les élus des Départements et la montée de la précarité

Appartement, voiture, électroménager : une étude démontre que les personnes pauvres payent tout plus cher

« Parce qu’ils vivent dans des petits logements, le prix au mètre carré est plus élevé. Comme leur voiture est plus ancienne, ils consomment plus de carburant. Puisqu’ils n’ont pas de machine, ils paient la laverie chaque semaine. Au quotidien et pour un service identique, les ménages français les plus pauvres dépensent la plupart du temps plus que les classes moyennes » nous explique Manon Vautier-Chollet sur France Inter. Si cet effet de « double pénalité » est en partie corrigé par les aides sociales, ça n’est pas toujours le cas, pointe l’étude de la double pénalité de pauvreté en France, parue le 17 octobre dernier.

En 2022, on estime que la double pénalité brute annuelle s’élève à 1.536€, soit 8,7% des dépenses. Certaines aides permettent de réduire ses effets à 96€ de double pénalité nette annuelle, soit 0,6% des dépenses. Néanmoins, selon leurs profils et capacité à bénéficier ou non de ces aides, de nombreux ménages sont confrontés à une double pénalité nette qui peut atteindre plusieurs milliers d’euros par an. Un schéma extait de la synthèse du rapport permet de mieux comprendre :

zoom sur la double peine

(Lire l’article de France Inter) (télécharger l’étude) (télécharger la synthèse de l’étude sans avoir à communiquer son adresse mail)

 


« Je voulais faire avocate pour les pauvres ».

Le magazine Lien Social a pour caractéristique de donner une large place dans ses colonnes à la parole des travailleurs sociaux. Il a par exemple reçu près d’une cinquantaine de contributions dans le cadre d’un numéro spécial intitulé « Plonger et rebondir ». Tout ne pouvant être publié sur le journal « papier » c’est en ligne que vous pouvez trouver certains témoignages comme celui de cette éducatrice qui petite, voulait « faire avocate des pauvres ». Que nous dit-elle ? Voici quelques extraits de son propos :

« L’utopie et ce sentiment de pouvoir sauver le monde m’envahissent. Je fais un métier utile ! Je suis là pour lui, pour elle, pour eux. Je déploie une énergie débordante, je suis engagée, motivée et révoltée. Accompagnements, quotidien, taxi, école, rendez-vous médicaux, SAMU ou urgence, fugues, brigade des mineurs, contentions, écrits, sorties, projets, relations de confiance, réunions, cafés, clopes, préfecture, administratif, audiences, écoute, bienveillance, recadrage, guidance, conseils et j’en passe…

« Je me régale. Puis, je tombe » écrit-elle. « Désillusion, réalité, invisibilité, budget, prix de journée, obligation de moyen, maltraitance, mépris, ignorance, mise en danger, salaire de survie, déshumanisation, pression, contrôle, traçabilité, … Mon engagement, ma passion, mon énergie, sont mis à mal » …/… « Et je flanche, je ne peux plus aller travailler, 15 jours d’arrêt, je reviens et je pleure, mais je persiste. Merci maternité de m’avoir sauvé ! Que pour quelques années ».

« 15 jours d’arrêt, je suis angoissée, menacée, démunie, je ne suis pas psychiatre. La psychiatrie nous envahit, mais les services de psychiatrie sont démunis. Alors on gère, on contient, pas d’éducatif, on coordonne des soins mais putain j’suis pas médecin, on cherche des solutions, entre deux placements qu’on gère seul sans soutien, et quelques menaces, on tient. Puis on tombe ».

« Je ne suis plus passionnée, j’ai donné. Mais profondément engagée, mon éthique vient régulièrement me rappeler ce pour quoi j’ai voulu faire ce métier. Mais comment continuer, dans ce contexte dégradé, cette société malmenée. Parfois je flanche encore. » Alors OUI, j’ai plongé, ET, j’ai rebondi (mais pas très haut). (lire ce témoignage sur Lien Social)

 


Assises des départements : les élus craignent une « montée des précarités »

La journaliste de la Banque des Territoires,

« Ces assises interviennent dans un contexte particulier, un contexte lourd et anxiogène pour nos compatriotes et pour nos collectivités confrontées à une inflation sans précédent, depuis des décennies », a indiqué François Sauvadet. La première table ronde de ces assises était consacrée aux « précarités ». Avec bien évidemment le RSA : « Il y a eu une légère accalmie quant au nombre d’allocataires du RSA, mais nous sentons poindre une remontée », a par exemple témoigné Hélène Sandragné, la présidente de l’Aude.

Stéphane Troussel, le président de la Seine-Saint-Denis, souligne que le durcissement des règles d’indemnisation des chômeurs a mécaniquement fait augmenter le nombre de bénéficiaires du RSA. La réforme à venir de l’assurance chômage ne va faire que renforcer la tendance, prévient-il. D’autres départements sont pour leur part prêts à s’engager dans l’expérimentation d’un nouveau parcours d’insertion lancée par le gouvernement. ( au passageil n’est plus question semble-t-il d’imposer du « bénévolat obligatoire » mais plus simplement de respecter ce que prévoit la loi depuis longtemps : des parcours d’insertion.

Au-delà des seuls bénéficiaires du RSA, Stéphane Troussel évoque ce qu’il observe aujourd’hui sur le plan social : des jeunes « dont la situation s’est particulièrement dégradée ces dernières années », des gens qui « vivent de plus en plus difficilement de leur travail », la réapparition des « retraités pauvres »… Le président de la Vendée, Alain Leboeuf, estime que nous sommes « à la veille d’une catastrophe pour certains ménages ». Il rappelle en outre que « le bouclier tarifaire ne s’applique pas à tout le logement collectif » et que le FSL risque d’exploser » (lire l’article de Localtis)

 


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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.

Photo créée par cookie_studio – fr.freepik.com

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Une réponse

  1. Les métiers du social ont tous un trait commun, car il arrive des fois où on est obligé de faire un peu plus, au-delà de notre sphère, pour accompagner humainement.
    Ce côté loyal que possèdent encore quelques professionnels du sanitaire tend à disparaître face à la non reconnaissance

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