Le monde numérique est un espace de liberté, d’innovation et de partage. Mais le problème est qu’il est aussi un terrain fertile pour des activités illégales et préjudiciables dans de multiples domaines. Cela vaut notamment pour l’exploitation sexuelle des mineurs qui est une atteinte grave à l’intégrité physique et psychique des enfants. Face à cette menace croissante, des voix s’élèvent pour réclamer une régulation plus stricte de l’espace numérique.
L’accès à la pornographie sans filtre d’âge et l’exploitation sexuelle des enfants en ligne sont aujourd’hui des problèmes mondiaux qui ont connu une augmentation alarmante ces dernières années. Les avancées technologiques ont facilité l’exploitation des enfants par des prédateurs en ligne qui ne reculent devant rien. Par contre, curieusement, il serait impossible de fermer les sites pornographiques gratuits aux mineurs, les contraintes techniques seraient trop fortes ou trop complexes pour cette industrie qui draine des milliards de dollars. Les autorités et les organisations de protection de l’enfance sont donc confrontées à des défis sans précédent pour lutter contre ces fléaux. L’exemple du Canada devrait nous alerter.
L’ampleur du problème
Selon un article publié par Public Sénat, les associations de protection de l’enfance ne sont pas convaincues par le projet de loi visant à réguler l’espace numérique. Elles ont récemment été auditionnées par la commission spéciale du Sénat chargée d’examiner le projet de loi visant à sécuriser et à réguler l’espace numérique. Un texte qui transpose en droit français plusieurs règlements européens. Les représentants associatifs se sont montrés vraiment critiques sur les dispositions visant à contraindre les sites pornographiques à contrôler l’âge de leurs visiteurs, une obligation légale en France depuis 2021. Car finalement rien ne bouge réellement.
Elles estiment que le projet de loi ne va pas assez loin pour protéger les enfants. Les associations sont lassées par le retard pris dans la décision de bloquer les sites pornographiques. Arthur Melon, délégué général du Conseil français des associations pour les droits de l’enfant (Cofrade), regrette une certaine hypocrisie, voire « une frilosité de la justice et un attentisme ». Ce sujet concerne la limitation et la protection des enfants face aux images pornographiques mais un autre problème se pose qui n’est pas abordé là : les risques face aux personnes pédophiles.
Les cyber-prédateurs à la manœuvre
Un article de Radio-Canada met en lumière les nouvelles tactiques utilisées par ceux que l’on nomme les cyber-prédateurs. L’utilisation de l’intelligence artificielle et le piratage de webcams sont parmi les méthodes les plus récentes et les plus menaçantes. Les prédateurs utilisent également des robots pour se faire passer pour des enfants et attirer leurs victimes. De plus, ils utilisent des techniques d’hypertrucage pour intégrer des visages d’enfants sur le corps d’autres individus de manière réaliste, créant ainsi de fausses images de pornographie juvénile. Bref tout est bon ou presque pour leur permettre d’assouvir leurs pulsions.
La lutte contre la pornographie juvénile en ligne est un défi majeur. Le nombre de signalements pour leurre informatique a bondi de 815% au Canada au cours des cinq dernières années. De plus, la rapidité avec laquelle les méthodes des cyber-prédateurs évoluent rend difficile le suivi et la lutte contre ces crimes.
Les solutions possibles
Malgré ces défis, des solutions sont en cours d’élaboration pour lutter contre ce fléau. Les parents ont un rôle crucial à jouer en surveillant activement l’activité en ligne de leurs enfants. De plus, des outils technologiques sont en cours de développement pour signaler lorsque des images de pornographie d’enfants refont surface en ligne. Cependant, il est clair que les géants du numérique ont également un rôle à jouer.
La lutte contre l’accès à la pornographie par les mineurs est une étape. Les pratiques en ligne des prédateurs sexuels doivent tout autant être combattues et pénalement réprimées. Cela nécessite une action concertée à un niveau international, car les images et les vidéos qui circulent se moquent des frontières. Ceci dit, il reste impératif de mettre en place des mesures efficaces pour protéger les enfants contre ces fléaux qui ne font qu’augmenter parce qu’en dernier ressort ce sont toujours eux qui en sont victimes.
Sources
- Pornographie, harcèlement : les associations de protection de l’enfance pas convaincues par le projet de loi visant à réguler l’espace numérique | Public Sénat
- Blocage des sites pornographiques : décision retardée, associations de protection de l’enfance lassées | 20 Minutes
- La pornographie juvénile entre dans une nouvelle ère | Radio Canada
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Photo : Arthur Melon, délégué général du Conseil français des associations pour les droits de l’enfant (Cofrade) capture d’écran de la vidéo de son audition au Sénat