La journée internationale pour les droits des femmes est célébrée chaque année le 8 mars. C’était donc hier dimanche. Cette journée trouve son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes du début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Faut-il le rappeler ? un jour de mars 1911, un syndicat d’ouvrières américaines organisa la première manifestation visant à obtenir le droit de vote, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. la « Journée internationale des femmes » était née. Elle ne fut reconnue officiellement par les Nations Unies qu’en 1977, puis 5 années plus tard par la France. C’est une journée de manifestations à travers le monde,.
Le Dauphiné Libéré nous rappelle qu’en décembre 1981, le Mouvement de libération des femmes (MLF) a écrit au président François Mitterrand pour que le 8 mars soit une journée chômée et payée comme le 1er-Mai. Antoinette Fouque, militante du MLF, explique pour quelles raisons, elle et d’autres féministes ont fait cette demande. C’est comme cela que la Journée internationale de la femme a été officiellement reconnue en France en 1982.
Les Femen ont renouvelé leur action coup de poing comme l’explique 20 minutes : « Une quarantaine de militantes du mouvement féministe Femen ont voulu symboliquement « nettoyer les rues de Paris du virus patriarcal » lors d’une action éclair place de la Concorde hier ». Cette façon d’agir provocatrice est-elle vraiment efficace ?
Il y a eu la marche #NousToutes contre les violences sexuelles et sexistes, les manifestations contre la réforme des retraites et contre la consécration de Roman Polanski aux César… Les associations féministes avaient appelé hier à se mobiliser. La CGT aussi appelait à manifester sur la base de revendications sociales en lien avec les récentes autres mobilisations.
6300 manifestantes se sont réunies à Bruxelles, avec des actions partout en Belgique. Le caractère des revendications était social : Comment ne pas sombrer dans la pauvreté lorsqu’on est parent célibataire ou pensionné sans une solidarité qui se traduit par une sécurité sociale? Comment lutter contre la surcharge de travail domestique si nous n’avons pas des services publics de qualité et accessibles? Comment quitter son conjoint ou ses parents si nous n’avons pas les moyens de vivre seul? » voilà des questions posées en Belgique qui peuvent aussi faire écho en France.
Manifs et incidents à Paris
A Paris, Lyon; Toulouse, Bordeaux, à Rennes, Montpellier et dans le nombreuses villes les manifestations ont été suivies et nombreuses. Dans toute la France c’est aussi le regain des mouvements féministes qu’il faudra retenir.
A Toulouse pas moins de 3 manifestations étaient organisées : une le samedi, deux le dimanche. Mais que penser de celle non-mixte et non déclarée le samedi ?
Comme l’écrit Libération, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Paris à la veille de la journée des droits des femmes aux cris de « la fête est finie, les féministes sont de sortie ». Une manifestation réprimée avec une charge des forces de l’ordre. Rémy Buisine journaliste a suivi les différentes manifestations parisiennes. Il les a filmées et diffusées sur son compte twitter :
Charge policière vers le cortège féministe à République. Les femmes résistent en repoussant les boucliers des forces de l’ordre. pic.twitter.com/yeEI4k8EHU
— Remy Buisine (@RemyBuisine) March 7, 2020
Mais il y a aussi celles qui en ont « un peu marre » de la journée du 8 mars. Pourquoi ? Marie participe depuis plusieurs années à la journée. Mais en 2020, elle a décidé de ne pas s’y impliquer. Elle s’en explique dans le magazine madmoizelle.com
« Autour de moi, je ne compte plus les activistes qui s’épuisent, frisant le burn-out militant, quand arrivent les mois de novembre (avec sa journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes) et de mars. Mais en janvier, février, avril, mai, juin, (pas juillet-août laissez-nous des vacs), septembre, octobre et décembre, nos idées et nos projets ne valent-ils pas le coup ? » écrit-elle.
« Laisse tomber, c’est de la com’ » m’avait dit ma collègue il y a déjà 2 ans lors de la journée du 8 mars 2018. Elle me rappelait que l’observatoire des inégalités estime que cette journée du 8 mars est un leurre. «L’hypocrisie est grande, et un grand nombre d’organes de presse appuient cette mascarade. Ils dénoncent les inégalités entre les femmes et les hommes, s’indignent des violences faites aux femmes, mais relayent des publicités ou clips vidéos sexistes, qui renforcent les stéréotypes sans se poser de questions. Les femmes doivent être belles et douces, prêtes à servir les hommes et à s’occuper des enfants. L’inverse des idéaux de celles qui ont combattu ces préjugés » écrivait Louis Maurin le président de l’Observatoire.
Il a peut être encore raison cet homme là.
Photo : capture d’écran de la vidéo de Remy Busine Journaliste à @brutofficiel à l’occasion de la manifestation de la journée internationale du Droit des Femmes hier à Paris