Aux Etats-Unis comme en Europe, Les femmes sont l’écrasante majorité des victimes de violences conjugales. (85% sont des femmes, tandis que 15% sont des hommes). Selon le Centre for American Progress, plus de 38 millions de femmes ont subi des violences physiques de leur partenaire à un moment donné dans leur vie, et tous les jours trois femmes sont assassinées par leur partenaire actuel ou précédent. Ce phénomène est tellement fréquent que chaque minute 20 personnes sont victimes de violence conjugale. Une étude canadienne nous révèle que les violences domestiques augmentent de façon importante les risques pour les victimes de développer des troubles psychiatriques tels la dépression et la schizophrénie.
Une « double peine » à prendre en considération.
Il ne faut pas pour autant penser que toutes les victimes sont atteintes de troubles psychiatriques. Une étude met en lien la violence du partenaire et la santé mentale. Elle a été menée auprès de 1052 femmes ayant des enfants avec des interviews en face à face centrés sur 3 aspects. Le résultat en est assez inquiétant bien que correspondant assez à ce qu’en connaissent les travailleurs sociaux : 4 femmes sur 10 qui ont été suivies pendant plusieurs années se sont retrouvées inscrites dans un cycle de violence avec un nouveau partenaire.
Ces femmes connaissent une augmentation 2 fois supérieure à la moyenne d’une probabilité de souffrir de dépression mais aussi de voir apparaître une nouvelle fois les effets de la maltraitance des enfants, le tout inscrit dans un contexte de privation socio-économique.
Ces constats sont encore amplifiés lorsque la femme a été elle même dans son enfance victime de maltraitances. Les femmes qui ont été abusées dans l’enfance et à l’âge adulte étaient quatre à sept fois plus susceptibles souffrir de dépression que les femmes qui n’ont jamais été maltraitées. Les travailleurs sociaux savent un peu tout cela de façon empirique. Combien sommes nous dans notre pratique à avoir constaté que des femmes, victimes de violences, peuvent développer des troubles de comportement assez déroutants. Certaines, loin de s’éloigner de ces violence, reconstruisent une relation avec un nouveau conjoint violent (ou qui le devient). Ce phénomène de répétition peut s’aggraver comme s’il s’agissait d’une fatalité qui désespère parfois les intervenants sociaux.
Si les blessures physiques peuvent disparaître et cicatriser, c’est tout autre chose du coté psychique. L’angoisse, la dépression (souvent masquée), certaines formes de dédoublement de personnalité peuvent aussi provoquer des conduites à risques de la part des personnes maltraitées. Elles peuvent dérouter les professionnels et les bénévoles qui parfois ne comprennent pas ces aller-retour qui alimentent la violence du conjoint.
Seul l’éloignement…
Quand une femme retourne avec l’homme qui l’a maltraité, elle lui signifie symboliquement que le lien est plus fort que les coups subis par le passé. C’est en quelque sorte un message qui indique au mari violent qu’il peut « y aller encore plus ». Il y a alors une graduation dans la violence qui peut aller jusqu’au pire.
Ce n’est que par la mise à distance du partenaire maltraitant qu’il sera possible de voir évoluer les troubles psychiques et de comportement de la victime. C’est certes une évidence, mais tant que l’emprise demeure, il reste très difficile d’agir de façon efficace dans une relation d’aide qui pourra être mise à mal au moindre retournement de situation.
sources :
Une réponse
Une femme battue vit entre l’angoisse et « l’amour ». Elle hésite de dénoncer son bourreau. Elle subit une humiliation psychologique en plus des coups physiques
Elle développe une forme d’agressivité pour se détendre.
Elle perd confiance en-elle, s’ensuit une dépression latente, les enfants subissent par ricochet la violence qui existe au sein de la maison.