La diminution des contrats aidés frappe de plein fouet les publics les plus fragiles : « Non, les contrats aidés ne sont pas inutiles »

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Les contrats aidés ne sont plus la priorité du gouvernement : Ils y en avait 456.000 en 2016, contre 280.000 en 2017 et le mouvement va s’amplifier en 2018. Si rien n’y fait nous assisterons à une nouvelle baisse annoncée de 30 à 40%. Conséquence: « Les moyens mobilisés par l’État pour l’année 2017 seront concentrés sur les contrats d’accompagnement dans l’emploi (CAE) non marchands autour de deux priorités. La première est relative à l’accompagnement des élèves en situation de handicap, ainsi que les secteurs d’urgence en matière sociale et de santé (hébergement social, alimentation d’urgence…). La seconde priorité est quant à elle consacrée à l’outre-mer, ainsi qu’aux communes rurales en difficultés financières fortes qui doivent assurer après la rentrée scolaire, la suite des accueils dans de bonnes conditions ». En tout état  de cause  la baisse des contrats aidés touche l’économie sociale et solidaire qui utilise 40% de ces contrats. Les ESAT établissements de services d’aide par le travail sont particulièrement touchés. Ils ne peuvent plus utiliser ce type de contrat. Certains salariés, en raison du non-renouvellement de leur contrat, pourraient perdre leur emploi.

Que penser de cette orientation ? Premier constat, elle touche de plein fouet les publics les plus fragiles, celles et ceux qui, souvent très motivés, se mobilisent pour retrouver du travail ou une activité qui leur rend leur dignité. Je peux témoigner à travers l’engagement des salariés des structures d’insertion que je connais bien (APIE, ASC, Accès Réagis, Les jardins du cœur, Inseretz…) que les personnes  en contrats aidés sont bien les plus fragiles. Elles évoluent et avancent grâce au travail d’accompagnement et de mise en situation, ce qu’elles ne trouveraient pas ailleurs avec un employeur privé qui lui choisira le plus efficace et le plus  performant. Car c’est bien de la performance permanente qui est désormais demandée aux salariés.

Le journal le Parisien annonce qu’une première lettre de cadrage en août prévoyait une sérieuse coupe avec seulement 84000 contrats aidés en 2018. Puis face à la réaction notamment des élus locaux et des associations, le gouvernement a lâché un peu de lest  en tablant sur 150 000 à 200 000 contrats aidés l’année  prochaine. Mais on reste loin du compte quand on compare cette annonce aux 456.000 contrats de 2016,  45% de ce qui était accordé par le précédent gouvernement. Voila de quoi mettre le secteur associatif à genoux, notamment dans le domaine du sport et de la culture qui ne sont pas concernés par ces futurs contrats.

La Dares (direction de l’animation de la recherche et des études statistiques – ministère du travail) démontre à travers une étude publiée en mars 2017 que les contrats aidés dans le secteur non marchand ne remplacent pas de vrais postes contrairement au secteur marchand. Selon cette même étude, en l’absence d’aide financière, 64 % des employeurs du secteur non marchand (principalement les collectivités et les associations) n’auraient pas recruté pour le poste, contre 19 % pour le secteur marchand. Si les emplois aidés diminuent dans les collectivités, ce sont donc des prestations « qui vont disparaître de l’emploi ».  Ce sont donc les administrés qui verront certains services offerts disparaître ou ou être fortement limités.

« À court terme, les contrats aidés, particulièrement ceux du secteur non marchand, permettent de soutenir efficacement l’emploi » précise l’étude de la DARES. Ainsi, on estime que 21 000 emplois ont été créés en 2015 grâce à l’augmentation du nombre de contrats aidés : 13 000 dans le secteur non marchand, 4 000 dans le secteur marchand et 4000 dans les structures de l’insertion par l’activité économique. Mais cela il ne faut pas trop le dire, cela va à l’encontre des décisions prises. Elles le sont uniquement sur des critères budgétaires. Les humains concernés par ces décisions comptent peu. Il devront se débrouiller autrement. Par la formation dit le gouvernement. Pour l’instant rien n’est encore annoncé sur ce sujet.

De son coté la FAS la fédération des acteurs sociaux (ex FNARS) a lancé une pétition intitulée :  » Non, Monsieur Macron, les contrats aidés ne sont pas inutiles » . Elle a recueilli plus de 20.000 signatures. Pour la FAS la décision du gouvernement est une mesure à contre temps, un marchepied efficace pour les personnes et bénéfique pour la société. Je ne peux que vous inviter à la signer.

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