La crise d’attractivité des métiers du lien : une étude approfondie pour mieux comprendre ce qui se passe.

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Vous le savez, les métiers du lien, qui regroupent les professions du social, de la santé et de l’éducation, font face à une crise d’attractivité sans précédent. Pour mieux cerner les raisons de cette désaffection et proposer des pistes d’amélioration, la Métropole de Lyon a souhaité engager une réflexion de fond sur les facteurs d’engagement dans ces métiers.

Plusieurs questions sont posées : comment expliquer le manque d’attractivité de ces métiers ? Comment expliquer la difficulté des employeurs à fidéliser leurs salariés ? Quelles solutions peut-on apporter aux difficultés constatées ? Certaines problématiques sont bien connues comme les problèmes d’image de ces métiers, des conditions de travail ou de rémunération

D’autres semblent moins balisées, à l’instar des conditions de la formation initiale à l’heure de Parcoursup et des pratiques managériales actuelles. N’oublions pas non plus les représentations et stéréotypes qui concernent nos métiers. L’âge, le genre ou l’ethnicité influencent à la fois les individus et les organisations dans leurs pratiques et dans leurs choix.

Alors, pourquoi on candidate, on tient, on s’en va ?

Pour mener à bien cette étude, les chercheurs ont choisi de diviser leur travail en deux volets. Le premier volet, intitulé « Pourquoi on candidate, on tient, on s’en va », s’est intéressé aux motivations des professionnels à choisir, rester ou quitter ces métiers. Le second volet, « Prendre soin des métiers du prendre soin », a quant à lui cherché à identifier les leviers d’action pour améliorer les conditions de travail et l’attractivité de ces professions.

Les résultats de ces enquêtes sont présentés sous forme de synthèse sur le site de Millénaire 3. Ils mettent en avant plusieurs facteurs qui expliquent la crise d’attractivité actuelle. On y retrouve grosso modo les mêmes constats que ceux qui ont été décrits par le livre blanc du travail social. Pour autant, cette étude est bien plus large. Elle concerne tous les métiers du soin et du lien. Cela va bien au-delà le travail social qui, bien évidemment, en fait partie.

Des motivations variées, mais une réalité décevante

Les professionnels interrogés dans le cadre de l’enquête évoquent des motivations variées pour avoir choisi ce type de métier. Parmi celles-ci, on retrouve le désir d’aider les autres, de se sentir utile, de travailler dans un secteur porteur de sens ou encore de bénéficier d’une certaine stabilité de l’emploi.

Cependant, une fois confrontés à la réalité du terrain, de nombreux professionnels expriment leur déception. Ils font face à des  conditions de travail dégradées pour ne pas dire plus. Ils perçoivent vite un manque de reconnaissance.  Ils découvrent aussi les difficultés rencontrées au quotidien. Les témoignages recueillis dans le cadre de l’enquête font état d’un écart important entre les attentes initiales et la réalité vécue sur le terrain. C’est un peu la douche froide tant la distance entre le travail idéalisé, prescrit et surtout réel sont éloignés.

Un manque de reconnaissance et des conditions de travail difficiles

Le manque de reconnaissance, tant salariale que sociale, est l’un des facteurs les plus souvent cités pour expliquer la crise d’attractivité. Les professionnels déplorent des salaires peu attractifs, des perspectives d’évolution limitées et un statut social peu valorisé.

Les conditions de travail sont également pointées du doigt. Il y a d’abord les horaires généralement contraignants, mais aussi un manque de moyens humains et matériels La charge émotionnelle importante est aussi fréquemment citée. Les professionnels évoquent par ailleurs la difficulté à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Elles se déclarent conscientes d’être confrontées au risque d’épuisement professionnel, ou de burn-out.

Des pistes d’amélioration pour redonner de l’attractivité à ces métiers

Face à ce constat alarmant, l’étude propose plusieurs pistes d’amélioration pour redonner de l’attractivité. Parmi celles-ci, on retrouve la nécessité de revaloriser les salaires et les carrières, d’améliorer les conditions de travail et de renforcer la formation initiale et continue des professionnels. Rien de bien nouveau, direz-vous et vous n’aurez pas tort

Mais l’étude insiste aussi sur l’importance de développer une culture du prendre soin au sein des organisations. Celles et ceux qui prennent soins des autres doivent aussi bénéficier de soins et d’une attention soutenue pour eux-mêmes. Comment ? Tout simplement en favorisant le travail en équipe, la coopération entre les professionnels et la prise en compte des besoins et des attentes de chacun.

Enfin, les auteurs de l’étude appellent à une prise de conscience collective de l’importance de nos métiers pour notre société. Le besoin d’une meilleure valorisation sociale de ceux qui les exercent est considéré comme prioritaire.

Une démarche participative et collaborative

L’une des forces de cette étude réside dans sa démarche participative et collaborative. En associant étroitement des professionnels du secteur, des étudiants et des experts, les chercheurs ont pu recueillir des témoignages riches et variés, qui reflètent la diversité des situations et des expériences vécues sur le terrain. C’est à saluer.

Cette approche collaborative a également permis d’identifier des pistes d’amélioration concrètes et adaptées aux besoins et aux attentes des acteurs de terrain. En impliquant directement les professionnels dans la réflexion, l’étude favorise l’émergence de solutions pérennes et durables pour améliorer l’attractivité des métiers.

En conclusion

L’étude menée par la Métropole de Lyon et Millénaire 3 met en lumière les raisons profondes de la crise d’attractivité des métiers du lien. Elle propose des pistes d’amélioration concrètes et adaptées aux besoins des professionnels. Bien que le constat actuel soit alarmant, il est essentiel de garder espoir et de se mobiliser pour redonner à nos métiers la place et la considération qu’ils méritent dans notre société.

Il est désormais temps d’agir et de mettre en œuvre les recommandations issues de cette étude comme celle du Haut Conseil du Travail Social qui attend toujours un signe politique d’intérêt de la part du Gouvernement. Pourtant, les réponses sont claires : il faut pouvoir revaloriser les salaires et les carrières, améliorer les conditions de travail et renforcer la formation initiale et continue des professionnels. Ensemble, nous pouvons redonner ses lettres de noblesse à nos métiers du lien et faire en sorte qu’ils soient à nouveau une source d’épanouissement et de fierté pour celles et ceux qui les exercent. Mais encore et toujours, c’est la volonté politique qui fait défaut, tout comme les budgets contraints qui bloquent les meilleures volontés. Et ça c’est assez insupportable.

Source :

 

 


Photo créée par wayhomestudio – fr.freepik.com

 

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