Le premier ministre en visite à la Maison d’accueil spécialisée La Source à Châtenay-Malabry le 8 novembre a fait référence au déficit de recrutement de personnels dans les établissements médico-sociaux. Plusieurs extraits de son discours délivré lors de ce déplacement concernent les travailleurs sociaux : « Nous constatons ces dernières semaines des difficultés très importantes de recrutement » dit-il « Cette problématique, nous la vivons à l’hôpital, nous la vivons aussi dans les établissements médico-sociaux, sans doute avec une intensité encore plus importante lorsqu’il s’agit d’accompagner les personnes les plus fragiles, notamment polyhandicapées ou avec des troubles autistiques sévères ».
Jean Castex confirme que les métiers du social sont « peu attractifs »
« Beaucoup d’ingrédients sont réunis pour rendre ces métiers peu attractifs alors qu’ils sont essentiels. Dans ces secteurs, les grilles salariales, établies il y a plusieurs décennies de cela, n’ont jamais été modernisées si bien que l’écrasement des salaires des éducateurs ou des accompagnants est tel que l’on reste bloqué pendant les premières années au SMIC sans véritable perspective » explique-t-il.
« J’ai pu voir aujourd’hui l’investissement des éducateurs et des accompagnants dont le rôle est essentiel. Ces métiers, on en a besoin partout, ce sont des travailleurs sociaux qui participent à la politique de cohésion sociale. »
Mais voilà, « L’État n’est pas seul en responsabilité s’agissant de ces métiers et de leur attractivité » dit-il. Cette responsabilité, est partagée avec les Départements qui sont très largement financeurs. Il y a aussi les partenaires sociaux avec qui sont fixées les règles conventionnelles d’évolution des carrières. « Il ne fait pas mystère que ces règles doivent aujourd’hui être profondément modernisées pour motiver les équipes, mieux accompagner les parcours professionnels et les perspectives de progression de carrière, et mieux intégrer les problématiques de santé au travail. C’est en effet sur ces enjeux que se joue la capacité de ces filières à attirer et motiver leurs salariés dans la durée ».
Une conférence des métiers et de l’accompagnement social et médico-social d’ici le 15 janvier
Pour remédier à cette réalité le premier ministre a fixé « le cap et la méthode s’agissant des métiers du travail social » « dans le respect bien sûr des attributions de chacun » a-t-il précisé. Il souhaite qu’une Conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social se tienne d’ici au 15 janvier au plus tard. Cette conférence doit permettre de dessiner un calendrier partagé permettant de concilier des premières avancées rapides et l’engagement d’un travail de fond et dans la durée. C’est-à-dire sur les échelles de salaires et les conventions. Mais dit-il aussitôt « chacun doit prendre ses responsabilités. Entendez par là « mettre la main au portefeuille » et là rien n’est acquis bien évidemment.
Il faut redonner des perspectives au secteur social et médico-social dit-il. Effectivement il y a urgence et il est même déjà trop tard. Le premier ministre a demandé à Denis Piveteau ( Secrétaire général des ministères chargés des Affaires sociales), de piloter une réflexion globale sur ce sujet dans un moment charnière d’après crise, et alors que le secteur est traversé par d’importantes transformations pour répondre au plus près des aspirations des personnes.
Des déclarations qui ne préfigurent en rien les résultats
Nous n’en sommes encore qu’au stade des déclarations d’intentions. Il faudra pour ce comité aboutir à des propositions concrètes de revalorisations des professions du social. Il est à craindre une nouvelle fois que les négociations sur les salaires et les évolutions de carrières s’enlisent ou aboutissent lentement avec une faible revalorisation, car la vraie question est : « qui va payer ? Et combien »
Attention sur les augmentations de salaires en début de carrière : rappelons à ce sujet que lors de la dernière réforme des grilles dans la fonction publique si les salaires ont augmenté en début de carrière, leur évolution au fil des ans a diminué, voire stagné, au point que finalement les salaires cumulés sur 20 ans ont diminué de façon conséquente (les syndicats avaient à l’époque démontré l’entourloupe, il ne faudrait pas que cela se reproduise pour le secteur privé associatif).
Quant à la nouvelle réflexion sur l’évolution des métiers ( contenus, formations et pratiques ) Merci, mais le secteur a déjà donné. Il a déjà apporté la preuve de sa capacité d’adaptation et de son savoir faire. Ce n’est pas cela qu’attendent les professionnels. La perte de sens est la conséquence d’un grand manque de moyens. Les travailleurs médico-sociaux et sociaux attendent des moyens réels pour conduire à bien les missions qui leur sont confiées. S’ils ne sont pas au rendez-vous, les départs risquent tout simplement de se multiplier et l’attractivité ne sera qu’un vain mot.
Télécharger et lire le discours de Jean Castex en visite à la Maison d’accueil spécialisée La Source
Photo : capture d’écran lors du discours du premier ministre : « ces métiers, on en a besoin partout ce sont des travailleurs sociaux qui participent à la politique de cohésion sociale. »