« J’ai mal à mon Éducation Nationale ! » le cri du coeur d’une assistante sociale scolaire à l’attention du Gouvernement

Je me permets de relayer le message d’une assistante sociale scolaire Martine D. Elle a posté cet appel en ligne sur son compte facebook :

« Cela fait 22 ans que j’ai choisi d’exercer mon métier d’assistant de service social à l’éducation nationale. J’y suis entrée et j’y reste par choix parce que je crois profondément en notre jeunesse et en la capacité de notre institution à lui permettre d’être actrice de son avenir.

Depuis plusieurs années, pas de création de poste d’assistants sociaux, diminution du nombre de personnels de surveillance, mise en place d’objectifs de performance…et aujourd’hui le gouvernement propose de mettre des policiers et des gendarmes dans les établissements scolaires.

Apparemment nos ministres ne savent pas que les forces de l’ordre interviennent déjà dans les établissements dans le cadre des actions de prévention mais également dans le cadre des conventions de lutte contre les violences milieu scolaire. Ces mêmes forces de l’ordre qui ne peuvent toujours pas récupérer toutes les heures supplémentaires effectuées dans le cadre de l’état d’urgence et de la lutte contre le terrorisme, qui sont aussi en sous effectifs, vont devoir à moyen constant, se redéployer.

À quand une vraie étude des besoins et une adéquation des moyens dans notre belle institution ? À quand un réel accompagnement des personnels de direction et non un rappel permanent des « objectifs à atteindre ». À quand une formation initiale et continue des enseignants prenant en compte l’évolution très rapide de la société et la dégradation des conditions de vie des élèves au cours des dernières décennies ? À quand une vraie prise de conscience des difficultés quotidiennes des élèves et de leurs familles sur l’ensemble du territoire ? Au passage, en milieu rural aussi les élèves parfois ont faim, la pauvreté n’est pas cantonnée aux REP +. Cela fait 30 ans que nos élèves et leurs familles les plus fragiles sont impactés par la crise économique, aucune amélioration en vue y compris dans un très lointain horizon.

En France un enfant sur dix vit dans une extrême précarité. À quand des mesures concrètes, à quand la prise en compte du rapport Delahaye ? Quand pourrons nous travailler en prévention en projetant des actions sur plusieurs années, prévoir des suivis de cohorte, avoir des objectifs à moyen et long terme avec un vrai budget dédié ? Quand cesseront les annonces action/réaction sans analyse profonde de la situation ? Je veux continuer chaque jour à croire qu’avec beaucoup de volonté, beaucoup de bienveillance nous allons ensemble, personnels d’encadrement, enseignants, administratifs, médicaux, sociaux, élèves et parents mais aussi avec tout nos partenaires institutionnels et associatifs permettre au plus grand nombre de sortir du système éducatif avec la possibilité de choisir sa vie d’adulte.

Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs les ministres, donnez nous les moyens de faire notre travail permettez nous de faire encore mieux, encore plus pour notre jeunesse. Permettez aux forces de l’ordre de faire leur travail sur leur terrain, donnez les moyens à la justice de fonctionner.

C’est une chaîne de mesures en faveur de la jeunesse dont a besoin notre pays. Redonnez à chacun la possibilité d’exercer au mieux son métier dans son champ de compétence, et en complémentarité. Redonnez du pouvoir d’achat, permettez au peuple de vivre dignement et de ne pas être sur plusieurs générations en « mode survie » afin d’avoir une chance d’éradiquer les économies parallèles et la violence qui en découle.

Aujourd’hui en vous écoutant les uns les autres, Mesdames et Messieurs nos dirigeants, j’ai mal à mon Éducation Nationale ! »

 

Photo : Julie Kertész Entree d’ecole octobre-23  Prise le 8 novembre 2007 Certains droits réservés

 

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