L’assistante sociale dont les signalements ne mènent à rien
Un article publié par l’Obs met en lumière une triste réalité : celle de l’absence de prise en compte de certaines informations préoccupantes qui ne sont pas considérées comme telles alors que l’assistante sociale de secteur explique que le danger pour l’enfant est avéré. Faire reconnaitre ce type de signalement est parfois devenu un parcours de combattant dans certains Départements. Par un curieux hasard ceux qui ne disposent plus de places d’accueil, ni de travailleurs sociaux en nombre suffisant pour conduire des mesures éducatives sont les premiers concernés.
Il reste toutefois difficile d’écrire sur ce sujet car nous sommes encore une fois confrontés à des situations très différentes. Le dispositif de gestion des informations préoccupantes est en permanence engorgé par la multiplicité des situations qui sont transmises.
- La culture du risque zéro provoque une multiplication des signalements qui viennent de toutes parts. Les situations les plus graves côtoient celles qui ne sont pas si préoccupantes que cela mais qui obligent à réaliser des investigations qui perturbent les familles même lorsqu’elles n’ont rien à se reprocher.
- Lors des séparations, les conflits parentaux passent souvent pas des accusations de maltraitance et des signalements abusifs ou du moins excessifs. Dénoncer l’ancien conjoint est devenu monnaie courante, le conflit de couple perdure à travers la dénonciation de l’autre, considéré comme maltraitant même si aucun fait n’est avéré.
Si un drame survient, les travailleurs sociaux qui sont en première ligne. Ils sont systématiquement suspectés de ne pas avoir fait leur travail correctement alors qu’au contraire, ils se démènent souvent pour tenter de faire reconnaitre la nécessité d’agir en mettant en place des mesures de protection.
Mais il n’y a pas que cela précise l’article de l’Obs.
Les travailleurs sociaux, témoins des injustices sociales du quotidien
Les travailleurs sociaux sont témoins des injustices sociales et certain d’entre eux en sont tellement affectés qu’ils craquent littéralement. Ils craquent lorsqu’ils se perçoivent comme impuissant(e)s à agir et que leurs actions ne provoquent aucun ou trop peu de résultat. Il leur est devenu difficile d’avoir des interlocuteurs qui, dans les administrations les aident à faire avancer les demandes car les dispositifs là aussi sont engorgés, ils se retrouvent seuls avec la personne en galère et ne voient plus d’issue. Face à cela d’autres travailleurs sociaux sont tentés de se protéger et développent des stratégies souvent inconscientes. Ils ne voient plus ces injustices et, quand ils y sont confrontés, ils les banalisent tant elles peuvent remettre en cause leur travail. Et puis il y a tous ceux qui sont dans cet entre deux, conscients des problèmes mais qui continuent coûte que coûte à se battre et à faire avancer les situations. C’est un combat quotidien fait de petites victoires lorsque les situations évoluent.
Le burn-out dans les métiers d’aide
Julie Arcoulin nous avait expliqué dans la Libre Belgique qu’il semble qu’il y ait un accroissement des burn-out au sein des métiers d’aide. « Les travailleurs sociaux donnent de leur personne. Empathie, bienveillance, don de soi, écoute, disponibilité, désir d’aider sont autant de qualités dont sont dotés ces travailleurs. Certes, ces qualités sont nobles et merveilleuses mais elles ont aussi un côté pile. Celui qui pousse à en faire toujours plus et à ne pas écouter ses limites ».. « Votre corps vous parle. Écoutez les signes, les messages qu’il vous envoie et faites les choix qui s’imposent » conclut-elle