Hébergement des sans papiers : les travailleurs sociaux invités à informer la préfecture. Réactions unanimes : c’est non !

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Un préfet demande aux travailleurs sociaux de « lister » les personnes hébergées d’urgence : En Haute-Savoie, les travailleurs sociaux ont eu un choc en prenant connaissance d’un courrier daté du 14 novembre. Leur préfet, Pierre Lambert, leur demandait ni plus ni moins de lister chaque mois les personnes prises en charge dans l’hébergement d’urgence du département, où sont accueillies pour quelques jours ou des années les SDF, Pourquoi cela ? tout simplement pour assigner à résidence, puis pouvoir expulser toutes les personnes hébergées qui sont déboutées du Droit d’asile. Les travailleurs sociaux et leurs services seraient de fait des auxiliaires de police, chargés de « dénoncer » les sans papiers. Le courrier circule sur le réseau Twitter ce qui fait vivement réagir les travailleurs sociaux et les représentants des institutions qui les emploient avec en première ligne les CHRS

courrier du préfet

Les termes utilisés dans le courrier sont habiles et se veulent neutres. Or c’est bien une dénonciation des personnes les plus précaires qui est demandé avec à l’issue des mesures conservatoires. Les associations ne s’y sont pas trompé.

Maryline Baumard journaliste au journal le Monde précise que la CNIL a déjà refusé l’usage des fichiers de l’hébergement d’urgence par d’autres. Là, il s’agit d’un recensement mensuel… (il s’agit d’un détournement de finalité).

De son coté Lyes Louffok éducateur, est très remonté « Si je croise les équipes mobiles d’agents de l’Office Français de l’Immigration et des préfectures pour les « contrôles», @gerardcollomb, sachez que je désobéirai, j’entraverai la procédure,et je résisterai comme bon nombre de mes collègues! #Résistance » indique son tweet qu’il a adressé au ministre de l’Interieur.

Florent Gueguen, Directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (ex-FNARS) -850 associations et organismes de lutte contre l’exclusion – rappelle que ce courrier est en complète contradiction avec le code de l’action sociale et de la famille

Bernard Thibault Secrétaire général Secours Catholique @CaritasFrance, vice-pdt @CaritasEuropa,  parle de Déshumanisation avec « une pensée technocratique perverse : répondre aux « besoins » de « rotation ou de fluidité » remettra + de familles à la rue ! Les humains ne sont-ils que des « flux circulants ». Il n’est pas le seul à être outré et inquiet

Pierre Henry, Directeur Général de France terre d’asile indique que  « Le ministère de l’intérieur met une pression énorme sur les opérateurs associatifs » et « inverse les priorités ».

La Cimade titre sobrement « les associations s’opposent au tri des personnes sans-abri « 

La LDH rappelle le communiqué du collectif des associations qui s’oppose au « tri des populations » et  rappelle que les services de police ne peuvent intervenir dans les centres d’hébergement en dehors de l’application d’une décision de justice.
▶ La Cnil encadre strictement la transmission d’informations individuelles : les associations veilleront scrupuleusement au respect de ce cadre légal.
▶ le renforcement des mesures de contrôle des personnes dans les lieux d’hébergement va précariser les personnes, dont des familles avec enfants, les éloigner des structures d’accueil en favorisant ainsi la reconstitution de squats et campements indignes, particulièrement dans les grandes villes.

les réactions se multiplient et la presse n’en n’est pas de reste :

Joel Plantet (Lien Social) : Sans vergogne aucune. « Cohésion sociale », dites-vous ? Le travail social instrumentalisé comme jamais.

Libération : Sans-papiers et hébergement d’urgence : les assos refusent de collaborer avec Collomb

Le Monde : Le monde associatif refuse de cautionner un tri des migrants dans l’hébergement d’urgence

La Croix : Les associations craignent un tri des migrants dans les centres d’hébergement

L’Humanité : Solidarité. Les associations s’opposent au recensement des migrants dans les centres d’hébergements

RTL : Centres d’hébergement : les associations refusent les contrôles de papiers

Du coté « des politiques » c’est le Parti socialiste qui a réagi en premier  Hébergement d’urgence : pour un accueil inconditionnel des personnes sans-abri. Dominique Versini se déclare   « Choquée ! Les associations n’ont pas à se voir demander d’effectuer le travail des forces de police ! Jamais vu çà en 24 ans »

Enfin n’oublions pas le syndicat FSU de la DASES qui aura sans aucun doute avec le dessin de l’album « Martine » la palme de l’humour  provocateur tout en dénonçant une remise en cause sans précédent des principes du Travail Social dans l’hébergement d’urgence   :

martine sanspapiers.png

 

 

Photo de présentation de l’article : blogocram  (Québec) Prise le ‎11‎ ‎avril‎ ‎2013 Certains droits réservés

 

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Une réponse

  1. à nouveau la préfecture du Bas-Rhin demande aux travailleurs sociaux, qui travaillent avec les demandeurs d’asile, de lui fournir un rapport social pour expulser les familles en indus. Je suis désemparée et je ne suis pas quoi faire

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