Handicap : pourquoi passer de l’inclusion à l’inclusivité ?
Une majorité de travailleurs sociaux souhaite que lorsque nous parlons, nous utilisions les termes adéquats qui correspondent à la réalité. Le chercheur Eric Dugas, professeur des universités en sciences de l’éducation (santé/bien-être, jeux, handicap/maladie) à Bordeaux est sur le même registre dans un article qu’il publie sur le site The Conversation. « Les mots ont un pouvoir certain sur la définition, la compréhension et l’expression dynamique des pratiques sociales et éducatives » nous dit-il et il a bien raison.
Il nous explique que dans le champ du handicap, des mots ont désigné différentes phases de l’Antiquité à nos jours : l’« exclusion », en passant par la « réparation/l’assistance », la « ségrégation ou séparation », puis l’« intégration » et désormais l’« inclusion ». Il prend pour exemple le mot intégration. Celui-ci « est majoritairement associé à l’effort d’adaptation portant davantage sur l’élève qui doit s’adapter et se plier à la majorité » ; de son côté le terme inclusion suggère fortement que c’est davantage aux instances politiques d’intervenir et aux instances scolaires de s’ajuster.
Le temps de l’inclusivité est-il (bien)venu ? demande-t-il. Ce professeur constate que ce concept servirait de tremplin à la dynamique participative des citoyens dans une liberté de choix et de décisions, sans être réduit à un simple maquillage verbal. Étant aussi chargé de mission handicap à l’université, il voit que bon nombre de personnes en situation de handicap sont désireuses de co-construire un projet sociétal véritablement pris en compte par l’institution. Comme d’autres, les personnes handicapées refusent d’être passives, dominées par une démarche descendante, même bienveillante : autrement dit, « faire pour moi, mais pas sans moi ». Car elles veulent être reconnues comme pleinement citoyennes, actives, sans vivre dans l’illusion de ce qui est dit, prescrit et non suivi des faits. (lire l’article de The Conversation)
Droit au logement opposable : la Cour des comptes propose une réforme du dispositif
Les personnes reconnues éligibles au Dalo mais sans solution proposée sont de plus en plus nombreuses : plus de 78.000 fin février 2021, soit 23% des 334.000 qui furent éligibles depuis 2008. Une dépêche de l’AFP publiée par Sud-Ouest. Elle indique que la Cour des comptes propose, dans un rapport publié mercredi dernier, de réformer le droit au logement opposable (Dalo) pour éviter d’en faire une « source de désillusions ». (Il me semble que la source de désillusion soit depuis longtemps une réalité vu le parcours du combattant et les freins mis en œuvre pour y accéder)
Mais ce rapport s’inscrit surtout dans une logique économique. Ses propositions visent à faire des économies à l’État. « Les astreintes versées en l’absence de solution (129,2 millions d’euros de 2015 à 2020) et le coût de l’instruction des demandes (non chiffré) pèsent sur les finances publiques », note la Cour des comptes. Pour améliorer la situation, l’institution propose carrément de réduire le champ d’application du Dalo et d’en exclure les personnes habitant déjà dans un logement social, qui peuvent actuellement y prétendre si elles ont déposé une demande de relogement traitée dans un « délai anormalement long ». (lire l’article de Sud-Ouest)
- Lire aussi le rapport « Le droit au logement opposable (Dalo) » | Cour des comptes
Enfants maltraités : les pédopsys sous pression
Je ne sais si vous connaissez l’excellente émission « les pieds sur terre » diffusée par France Culture. Sonia Kronlund donne la parole cette fois-ci à 2 pédopsychiatres (Eugénie Izard et Françoise Fericelli). Elles ont été confrontées à des sanctions après avoir signalé des maltraitances sur des enfants qu’elles suivaient en thérapie. Elles racontent leur mésaventure en détail.
La docteure Eugénie Izard, médecin pédopsychiatre, a été condamnée à trois mois d’interdiction d’exercice de la médecine pour avoir signalé des maltraitances sur l’un de ses patients à un juge des enfants. Françoise Fericelli, également médecin pédopsychiatre, a elle reçu un avertissement au motif d’une immixtion dans les affaires de famille. Pourtant, ses craintes concernant les violences dont était victime son patient, âgé de six ans, ont été tragiquement vérifiées peu après.
Pourquoi ces affaires de maltraitance ne sont-elles malgré tout pas suivies ? Quel rôle jouent les parents des enfants victimes de sévices ? Doit-on vraiment remettre en cause l’expertise des médecins ? autant de questions que l’on se pose en écoutant ces témoignages. (lire l’article de France Culture et écouter l’émission)
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La sélection des articles a été réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre. Merci à elle