Handicap et travail social : Pourquoi y a-t-il (encore) des escaliers ?

La question n’est pas anodine : Jean Yves Le Capitaine auteur de l’ouvrage  intitulé   » Des enfants sourds à l’école ordinaire »  nous donne quelques clés de lecture sur la prise en compte du handicap par nos gouvernants.  Le secteur du Handicap est passé depuis plusieurs années déjà sous tutelle des ARS, les Agences Régionales de Santé.  Et, dit-il, c’est désormais la logique comptable qui prédomine cela au détriment de la logique sociale. Si nous schématisons il y aurait désormais deux visions du handicap et celle qui intéressera les personnes et les travailleurs sociaux est insuffisamment reconnue.

La première vision, malgré les discours et déclarations d’intention, est essentiellement médicale : « la déficience est la raison du handicap et il faut pouvoir le traiter et le compenser. Conséquences :  les personnes voient leurs « handicap » et sa compensation médicalisée et tarifée. Des actes et des besoins sont référencés, quantifiés, et financés selon telle ou telle politique. Et peu importe en fait si la personne « handicapée » trouve sa place dans la société.

À l’inverse le handicap peut être vu comme une situation systémique et dynamique : il faut alors considérer les personnes qui ont une déficience à travers le prisme de leur possibilité d’agir « comme tout le monde » dans la société. Dans ce cas, c’est la restriction de la possibilité de participer à la vie sociale et professionnelle ainsi qu’à prendre sa place dans la société qui est regardé.

En tant que travailleur social, c’est bien sûr cette deuxième option ou vision de la personne qui  est essentielle à prendre en considération dans la société. Rappelons qu’un travailleur social est là pour justement aider toute personne à résoudre des difficultés spécifiques et à prendre une place et être reconnue dans son environnement social et professionnel. Qu’elle soit ou non handicapée. La personne dite « handicapée » est considérée comme toute autre personne avec des compétences, des envies, des potentialités et non pas en fonction d’une défaillance physique ou mentale. Cela me parait très important.

En effet, des personnes qui vivent avec un problème de santé peuvent être littéralement enfermées dans une logique culpabilisante. Être handicapé serait alors un statut non pas qui protège, mais au contraire qui exclue  : or une déficience peut très souvent être compensée et  ne pas empêcher une activité. Dans une ville américaine où 50% de la population est sourde ou si vous préférez « mal entendante », le moyen de communication pour tous est le langage des signes. Cela ne pose alors aucun problème à personne puisque ce moyen de communiquer est universel. Dans ce cas le fait de ne pas entendre n’est plus un handicap qui empêche la communication. Nous voyons avec cet exemple, que le handicap est très lié aux possibilités offertes (ou pas) par l’environnement et le corps social.

Malheureusement en France on n’est pas très bon sur ce sujet. Pourquoi par exemple ne remplace-ton pas partout dans les lieux ou il y a une marche ou deux pour accéder à une habitation, par un plan incliné utilisable pas tous ? Ce serait bien plus simple. Non ? Lisez sans retenue cet article intitulé « Pourquoi y a -t-il encore des escaliers ?« 

Ce billet est là pour rappeler une évidence : la personne vivant avec un handicap ne se réduit pas aux troubles ni aux caractéristiques de sa maladie ou de son manque.  C’est bien pour cela aussi qu’il faut continuer à dire (même si c’est un peu lourd dans nos phrases) que nous travaillons avec des personnes « en situation de handicap » :

C’est sur la situation qu’il faut travailler et aider à faire évoluer. Les travailleurs sociaux sont là inscrits dans cette dynamique. Ils travaillent avec les personnes qui font face à des situations particulières que celle-ci soit considérée ou reconnue « handicapée » ou pas !

Merci Jean Yves de m’avoir apporté cet éclairage tellement évident !

2 sources pour aller plus loin sur ce sujet :

 

Photo : Jean Yves Le Capitaine photo prise en 2018

 

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