l’information sur ce blog annonçant le drame survenu à Nantes jeudi après midi a été relayée via réseaux sociaux de façon importante : Samedi 171.372 internautes sont venus dans la journée prendre connaissance sur ce blog de cette disparition qui affecte toutes nos professions. De multiples témoignages ont été déposés tout ce weekend. Malgré une actualité centrée sur les élections départementales, la mobilisation a été elle aussi très importante ce dimanche.
Les 700 participants des 35ème Assises Nationales du CNAEMO qui se tenaient en cette fin de semaine sur le thème «contrôle social des pauvres » ont observé une minute de silence vendredi matin pour leur collègue. Plusieurs initiatives semblent se mettre en place. Un syndicat (Sud santé sociaux) a appelé à un rassemblement de recueillement devant les locaux de Service Social de Protection de l’Enfance lundi midi à Nantes, rue de la tour d’Auvergne. L’ANAS l’association nationale des assistantes de service social dans un communiqué que vous pouvez télécharger souhaite qu’une minute de silence puisse être organisée sur tous nos lieux de travail au même moment. Il s’agit de faire part de notre émotion et de notre complet soutien à la famille et aux collègues de la SSPE qui vivent des moments si difficiles. En effet comment reprendre le travail après une tel acte survenu dans leurs locaux ? Il s’agit aussi d’agir même si les médias nationaux ne relaient pas ou peu ce qui se passe pour les professionnels et bénévoles du travail social.
Même si elles sont nécessaires, les cellules psychologiques ne peuvent remplacer cette réelle émotion qui nous renvoie à tous les moments de dangers que nous avons tous pu connaitre dans l’exercice de nos missions. Cela concerne tous les métiers du social, mais aussi de l’aide et du soin. Il n’y a pas que les éducateurs et assistantes sociales qui ont témoigné. Des Techniciennes d’Intervention Sociales et Familiales (TISF) aux assistantes familiales (ASFAM) mais aussi les encadrements de services qui eux aussi rencontrent les familles les plus problématiques, nous sommes tous touchés et concernés par cette disparition car elle représente ce qu’il y a de plus cruel des risques liés à notre travail.
Nous vous tiendrons informé ces jours ci des éventuelles possibilités de marquer votre soutien.
Mon Collègue Jacques Trémintin, éducateur et assistant social qui travaille à l’Aide Sociale à l’Enfance a rédigé pour « Lien Social » une tribune prévue pour paraître dans une ou deux semaines. Je vous la soumets ici avec son accord :
Agression mortelle :
» Qu’il est terrifiant d’évoquer le meurtre d’un éducateur spécialisé, dans l’exercice de son métier. Il travaillait en protection de l’enfance et a été mortellement poignardé par un père venant exercer son droit de visite sur son enfant de quatre ans. Qui d’entre ses pairs, en apprenant cette information ne s’est pas remémoré les situations qui auraient pu mal tourner ? Combien de fois ne sont-ils pas passés à côté d’un drame potentiel ? Ils sont nombreux ces parents incapables de mesurer leur destructivité à l’égard de leur enfant et prenant en grippe ce « salaud d’éduc » qu’ils rendent responsable de leur propre impéritie, en lui promettant un coup de fusil, parfois même de « kalachnikov » (depuis Charlie, c’est devenu à la mode).
Mais, ils sont si rares à passer à l’acte. Et, on finit par en rire ou évoquer ces menaces avec dérision. Et voila que cette fois-ci, l’un d’entre nous en est mort. Va-t-on devoir poser des portiques de sécurité, à l’entrée de chacun de nos services, comme cela a été le cas dans les palais de justice, après qu’un juge des enfants se soit là aussi fait agresser au couteau par une mère désespérée ? Si l’annonce de cette mort nous a plongés dans la prostration et l’accablement, il faut doucement reprendre nos esprits. Nos convictions humanistes doivent nous aider à ne pas nous noyer. Oui, nous sommes souvent confrontés à des parents en grande détresse ou psychiquement perturbés. Non, ils ne sont pas pour autant des meurtriers en puissance.
Oui, la désespérance pousse parfois au geste fou. Mais non, ce meurtre isolé n’est pas le signe d’une insécurité croissante. Oui, nous possédons un savoir faire nous permettant de faire face à ce genre de situation. Non, nous ne devrons pas dorénavant nous méfier de tous ceux qui se mettent en colère contre nous. Finir ce billet, en ignorant le scénario du meurtre qui tourne en boucle dans l’esprit de son auteur est bien difficile. Une seule pensée s’impose : elle va vers celui qui n’est plus ».
Voici le Communiqué de l’Association Nationale des Assistants de Service social :
Le travail social en deuil :
La section 44, de l’ANAS, Association des Assistants de Service Social, est profondément choquée et attristée de la mort de l’éducateur spécialisé qui, en voulant défendre une femme victime de violences conjugales, a été tué à Nantes ce jeudi 19 mars, dans des conditions particulièrement dramatiques.
La section de Loire Atlantique adresse ses condoléances à la famille et aux collègues qui interviennent au service social de protection de l’enfance. Nous ne pouvons que nous associer à votre peine immense face à un drame qui endeuille tous les travailleurs sociaux et au-delà, toutes les personnes bénévoles et professionnelles agissant pour la protection de l’enfance.
La violence est une réalité à laquelle nous avons tous, à un moment ou à un autre, été confrontés. Ce drame ne doit pas être relégué à la rubrique des faits divers. Il rappelle à tous et notamment les pouvoirs publics combien les missions confiées au travail social, et particulièrement celle de protection de l’enfance, sont des missions à risque et pour lesquelles les travailleurs sociaux manquent de reconnaissance et de moyens. C’est aussi cela qui peut les mettre en danger. Nous constatons depuis quelques mois une recrudescence des incivilités et une agressivité jusqu’aux passages à l’acte, à l’encontre des travailleurs sociaux et de leurs institutions, dont la mission est pourtant d’aider et de protéger les plus fragiles.
Ainsi, à fort de France, une travailleuse sociale a été poignardée par un couple de femmes, dans les locaux du Service Intégré d’Accueil et d’Insertion, le mardi 17 mars dernier (le pronostic vital de la collègue n’est pas engagé). Ces actes et cette tragique disparition, doivent nous conduire à une réflexion sur la violence aujourd’hui, qu’elles qu’en soient les origines, ses
causes et les moyens d’y répondre, avec humanité mais sans faiblesse.
Nous invitons nos collègues à observer lundi 23 mars, à midi, une minute de silence, ou de se joindre au rassemblement de soutien devant les locaux du Service Social de Protection de l’Enfance, à l’appel de Sud Santé sociaux. Ce temps de recueillement sera à la mémoire de notre collègue assassiné, qui rappelons le, n’a fait que son travail.
Enfin, souvenons nous que le 17 mars était la Journée Mondiale du Travail Social, posée pour promouvoir la dignité et la valeur des peuples.
La section Anas 44,
présidente : dobouyer@wanadoo.fr
Photo : le 22 de la rue de la Tour d’Auvergne siège du Service Social de la Protection de l’Enfance (SSPE)
0 Responses
Nous sommes très affectées et témoignons tout notre soutien sincère à la famille touchée par ce drame.
Il est triste que des gens dont la vie est tournée vers les autres soient atteints physiquement au travail.
La conjoncture actuelle de violence doit être entendue par nos employeurs afin de pouvoir continuer d’assurer notre mission de protection de l’enfance sans craindre pour notre sécurité.
De tout cœur avec les proches, amis et collègues, toutes nos condoléances.
Maïté et Émilie, assistantes sociales ASE 82
un accident bien tragique, mais j espère que tous les travailleurs sociaux ne seront pas affectes de manière égoïste, cela renvoie beaucoup de choses a chacun certes, mais la véritable compassion est de compatir tout simplement et ne pas ce servir de ce drame pour plus d intolérance aux quotidiens vis a vis des aides.
bcp de travailleurs sociaux exerçant auprès de jeunes ont peurs sans passage a l acte, mais cette peur insecurise les jeunes, qui deviennent violent… la violence permet plus d ecoute immediate et je crois que la est le vrai fond du probleme. les personnes jeunes ou moins jeunes beneficiant d aide et etant respectueuses sont elles aidees de la meme maniere?
un accident bien tragique et mes condoleances les plus sinceres. mais malgre que les travailleurs sociaux agissent selon les politiques sociales, il est je pense important de ne pas politiser, a savoir ne pas se servir de cet accident par respect non pas pour un collegue mais pour un etre humain.
quelle tristesse ! perso j’ai travaillé 35 ans dans l’éducation spécialisée !et j’ai été usée..et j’ai terminé avec anti dépresseurs 20mg!.j’ai connu une collègue assassiné également dans les années 80! une autre s’est fait étranglée avec séquelles !et la sécu l’ennuie pour prolongation longue maladie ! mais dans quel monde sommes nous !