Il fait tomber les clichés. Le président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, ancien maire UMP de Versailles et ancien député des Yvelines continue de dénoncer les circulaires sur les étrangers signées par Gérard Collomb l’actuel ministre de l’Intérieur. Ces circulaires sont « scélérates » a-t-il écrit. Un terme fort pour parler des 2 documents : le premier daté du 20 novembre 2017 incite les préfets à augmenter fortement leurs objectifs chiffrés à l’expulsion. Le second daté du 12 décembre 2017 prévoit le contrôle des personnes accueillies de façon inconditionnelle dans des centres d’hébergement. Cette dernière circulaire est celle qui mobilise tant la FAS la Fédération des Acteurs Sociaux ainsi que de nombreuses associations.
J’ai rencontré Etienne Pinte et échangé avec lui à l’occasion de la journée mondiale du travail social jeudi dernier à l’Hôtel de Lassay. Cet homme est un sage et un humaniste. La politique menée actuellement à l’égard des immigrés. le consterne. Je lui ai expliqué de mon coté combien les travailleurs sociaux et notamment les assistantes sociales de secteur sont démunies mais aussi désespérées (une collègue me l’a rappelé encore hier) lorsqu’elles reçoivent des étrangers alors qu’elles n’ont rien à leur proposer et que toutes les portes se ferment. Le 115 ne répond pas pour ces situations mais cela n’est pas dit officiellement. Rien ne se passe même si un travailleur social appelle et insiste en utilisant les réseaux institutionnels. Seules quelques associations humanitaires et mais aussi des particuliers tentent de faire quelque chose. Il y a là quelque chose qui ne va vraiment pas.
Etienne Pinte m’a alors rappelé toute la signification du mot « accueillir ». Il l’avait écrit dans une tribune remarquée publiée par Libération en 2007, il y a déjà 11 ans. Cette tribune pourrait être écrite aujourd’hui tant elle est d’actualité.
« Accueillir, l’un des plus beaux mots de la langue française, semble aujourd’hui devenir tabou lorsqu’il s’adresse à l’autre, à l’étranger. Pour certains, l’étranger n’a pas sa place dans notre pays, la patrie des droits de l’homme et du citoyen. Accueillir est trop souvent synonyme de quotas, cet horrible mot qui nous vient de la communauté européenne et en particulier de la politique agricole commune avec ses quotas laitiers. Comment peut-on parler de quotas lorsque l’on s’adresse à des hommes, à des femmes, à des enfants ? Accueillir au cas par cas a même été contesté par un directeur de cabinet d’un ministre de l’Intérieur au prétexte que les préfets devaient appliquer la réglementation dans le domaine de l’immigration de la même manière que pour les coefficients d’occupation des sols, c’est-à-dire sans aucune nuance ».
« Accueillir ne veut pas dire ouvrir nos portes à n’importe quelles conditions, dans n’importe quelles circonstances et quelle que soit notre situation économique et sociale. Accueillir signifie, pour les uns, leur intégration dans notre pays en tant que réfugié politique, le regroupement familial, l’immigration choisie. Accueillir voudra dire, pour les autres, une halte temporaire pour reprendre leur souffle, pour construire de nouveaux projets, repartir vers de nouveaux horizons, leur pays d’origine ou d’autres contrées. Les accueillir, c’est les aider à repartir d’un bon pied et les accompagner à s’approprier une nouvelle vie. Cet accompagnement exige beaucoup d’efforts d’information, de pédagogie, de sollicitude ».
Accueillir est à mon sens une des plus belle mission du service social : « accueillir quoi qu’il en coûte » et surtout ne pas considérer l’étranger comme une personne qui ne nous concerne pas. Le travail social est aussi et surtout nécessaire quand on n’a pas de dispositif ni de réponse institutionnelle à sa disposition.
Laissons Etienne Pinte conclure :
Il nous rappelle que « tous ces hommes, toutes ces femmes, tous ces enfants ne sont ni des quotas, ni des marchandises, ni des chiffres. Nous avons bénéficié de leur richesse quand nous étions chez eux à l’époque de la colonisation. Nous avons été très contents de les faire venir dans notre pays pour travailler dans nos mines et dans nos usines. Nous sommes très heureux de les avoir à nos côtés dans les services à la personne pour s’occuper de nos jeunes enfants et de nos personnes âgées. Nous leur sommes très reconnaissants, même si cette gratitude ne s’est pas exprimée comme elle aurait dû l’être, quand ils nous ont aidés à nous libérer et qu’ils ont versé leur sang pour nous. Notre dette est immense à leur égard ».
« Il y a d’autres moyens d’accompagner les flux migratoires dans une Europe très développée et dans une France considérée comme la cinquième nation la plus favorisée du monde. Tout homme est une histoire sacrée. Ne soyons pas les instruments du rejet, de la misère, du désespoir d’hommes, de femmes et d’enfants pour qui la France est le pays des droits et des libertés ».
3 Responses
Bonjour Monsieur
En effectuant des recherches sur les migrants j’ai eu la chance de découvrir votre article de 2008 concernant Etienne Pinte.
Je connais bien ce monsieur. Je l’ai côtoyé pendant 7 ans lorsque j’exerçais à la Protection Judiciaire de la Jeunesse à Versailles. J’ai cessé mes activités en 2021 alors que j’étais Responsable du service PJJ à Saint-Nazaire.
Je voulais vous féliciter de ce portrait très fidèle que vous avez dressé de ce Monsieur.
j’apprécie et je partage également le fond de ses propos.
Respectueusement.
Michèle Adam ( auteure d’Enfants en Justice)
Merci beaucoup de votre commentaire. Bien Cordialement DD
Bonjour Mr Étienne pinte je suis Mr bechaa said vous m’avez aidé d’avoir mon Visa de retour en fran en 2010 quand vous étiez à l’assemblée nationale je me suis installé a Nanterre j’ai un titre de séjour de 10 ans je n’en jamais oublier ton geste qu’à ta fais avec moi je te remercie beaucoup dieu vous protège