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Cristina De Robertis vous présente la 3ème édition du livre « L’intervention sociale d’intérêt collectif »

Il vient de paraitre. Le manuel « l’intervention sociale d’intérêt collectif : de la personne au territoire » a bénéficié d’une 3ᵉ mise à jour. En effet, ce livre, que tout étudiant en travail social devrait connaitre, s’inscrit dans le renouveau des orientations des politiques sociales actuelles. Cet ouvrage collectif signé Cristina De Robertis, Marcelle Orsoni, Henri Pascal et Micheline Romagnan nous rappelle que le « collectif » est enjeu de professionnalité pour le travail social. De nombreux travailleurs sociaux conduisent des interventions collectives aussi bien avec des groupes et des communautés. Il faut de la méthode. Cette mise à jour est l’occasion pour ma part d’interroger Cristina De Robertis l’une des co-rédactrices de ce livre auquel elle a largement contribué…

Bonjour Cristina ! Tout d’abord, qu’est-ce qu’il y a de nouveau dans cette 3ème édition ?

Cette nouvelle édition a été largement mise à jour, revisitée et actualisée au niveau de la terminologie, des références législatives et bibliographiques. Nous avons aussi repris un certain nombre de paragraphes pour tenir compte des travaux des dernières années sur le sujet, de la définition officielle du travail social, des récents rapports du HCTS et des référentiels de formation en travail social de 2018. Nous avons également incorporé en partie des travaux de recherche plus récents que les auteurs ont effectués ensemble (voir la revue Française de Service Social – RFSS N° 259, 2015 – 4 « L’ISIC : des pratiques actuelles à l’intelligence collective »). Toutefois, ce livre conserve sa structure globale initiale, s’appuyant sur une formalisation des pratiques réelles de professionnels. Il est, si on peut dire, nouveau, mais le même.

Pourquoi avoir gardé ce terme « ISIC » acronyme d’intervention sociale d’intérêt collectif ? Que-penses-tu de l’intitulé « actions collectives en travail social » ?

« Nous avons réfléchi à cette question de changement d’intitulé prôné par les travaux du HCTS et les référentiels de formation de 2018. La question de comment nommer l’intervention sociale collective est présente depuis très longtemps, car le souci a été souvent de distinguer, séparer, différencier… Les controverses qui ont abouti à proposer aujourd’hui cette appellation plus banalisée «travail social collectif» nous interrogent sur ces querelles d’intitulés.

De notre côté, nous avons considéré que l’intitulé ISIC gardait tout son sens et décidé de ne pas le changer.  En effet, il est toujours utilisé dans les formations, notamment d’assistantes sociales, mais aussi des conseillères en économie sociale et familiale, de plus il s’inscrit dans une histoire déjà ancienne et riche de rebondissement, développée dans le premier chapitre.

À notre avis, le terme ISIC élaboré par le CSTS en 1986 est une tentative de donner corps à une « exception française », de regrouper les méthodes jusqu’alors traités séparément de travail social de groupe et travail social collectif ou communautaire. Ce mouvement s’inscrit historiquement dans une réappropriation des apports méthodologiques hérités, après la Seconde guerre mondiale, de l’influence des États-Unis d’Amérique, en les adaptant et les retraduisant selon une analyse basée sur la réalité française. Les travaux du HCTS ultérieurs avaient confirmé ce travail visant à rassembler et articuler les différentes formes de pratiques.

Ceci étant, nous n’en ferons pas une querelle d’intitulés, ce qui semble important, c’est la base même de l’ISIC, ses fondements. En effet, ce sont les personnes qui sont le fil conducteur des interventions et du processus dynamique qui se met en place avec elles. C’est en partant d’elles, de leur situation, leurs projets, leurs capacités, et, avec le savoir-faire des travailleurs sociaux, que l’on peut mettre en place des interventions modulables en fonction des parcours personnels, des disponibilités, des freins, des opportunités. La logique qui sous-tend cette forme d’intervention est toujours d’accompagner les personnes dans un processus d’empowerment et de dynamisation sociale.

Finalement, le terme « actions collectives », trop large et peu spécifié, me semble impropre pour nommer l’intervention des travailleurs sociaux professionnels. La méthodologie des professionnels du travail social est un savoir-faire, s’appuyant sur des savoirs, qui nécessite formation et compétences. Or l’action collective est aussi l’apanage de la société civile, que ce soit des partis politiques, des syndicats ou des associations diverses, leur action est fondamentale pour la démocratie et la dynamique sociale, mais reste différente par rapport au travail social. Les deux peuvent être complémentaires, mais non se confondre. »

Est-ce que ce livre peut aussi concerner d’autres professionnels tels les animateurs sociaux ?

« C’est vrai que ce livre est basé sur des expériences et une tradition de la profession d’assistant de service social. Mais la démarche ISIC a été élargie et transposée à d’autres professions sociales depuis des années, notamment les Conseillères en Économie Sociale, Familiale et les Éducateurs Jeunes Enfants. Dans certains centres de formation, ce livre est aussi utilisé pour la formation des éducateurs spécialisés. Je pense que son contenu peut être transposé, en l’adaptant si besoin, aux autres travailleurs sociaux dans la mesure où les fondements de la démarche ISIC sont mis en œuvre. »

Quels conseils donner aux étudiants qui vont passer très prochainement leur Diplôme d’État ?

« Tout d’abord, ne jamais oublier que le travail social a affaire à des personnes et non à des problèmes. C’est cette focalisation sur la personne qui est notre ADN. Cela nécessite de porter un regard global et bienveillant sur sa situation en tenant compte de facteurs multiples et en faisant une analyse multiréférentielle de la complexité de leur parcours.

Ensuite, tenir toujours présentes les bases éthiques et déontologiques de la profession, montrer son attachement aux valeurs humanistes et démocratiques car ce sont elles qui guident et orientent notre travail.

Enfin, par rapport à l’ISIC il faut pouvoir constamment tenir compte et mettre en avant la complémentarité des méthodologies d’intervention. Quelles soient individuelle et collective, leur articulation et leur utilisation dynamique par le travailleur social apportent une réelle créativité et des possibilités d’aide parfois insoupçonnées. »

Demain, nous continuerons notre échange en parlant de la crise de recrutement qui affecte le travail social. Le regard de Cristina sur cette réalité justifie un second article avec elle.

 

 

 

 

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