Didier Dubasque

Éducateurs, assistants sociaux, conseillers en ESF, quel est le socle commun de leurs connaissances ?

Les futurs travailleurs sociaux de niveau 5 (du répertoire national des certifications professionnelles) qui seront diplômés en 2021 partageront un même socle de connaissances. Cela concerne  les assistant(e)s de service social, les conseiller(e)s économie sociale et familiale,  les éducateurs et éducatrices spécialisés sans oublier les éducateurs (trices) de jeunes enfants, les éducateurs (trices) techniques spécialisés.  Leur socle commun porte sur des sujets à connaitre, des connaissances et des compétences à acquérir.  Regardons d’abord du coté des thématiques  :

  • L’histoire du travail social et des métiers,

Ces métiers sont pour une grande part  des professions : les métiers sont définis par les employeurs, les professions sont inscrites dans des textes officiels et sont généralement réglementées comme c’est le cas pour les assistants de service social. Il est toujours intéressant de connaitre l’histoire de sa profession, ses forces et faiblesses, ses moments forts et ses engagements. Cela permet de donner sens au travail et on le voit souvent, les questions dites nouvelles ont souvent déjà été traitées par nos prédécesseurs, souvent avec intelligence  et habileté. Mais cela est souvent négligé voire oublié.

  • L’éthique et les valeurs en travail social,

Le questionnement éthique est essentiel pour limiter les risque d’une trop grande instrumentalisation de nos professions et les éventuels excès sur les personnes aidées et accompagnées. Cela invite à réfléchir avant d’agir. Les valeurs du travail social ainsi que la démarche éthique sont également cités dans la définition données par le HCTS du travail social mais il y a aussi la question des valeurs républicaines et la laïcité : vaste sujet qui nécessite une réflexion solide car sur ces sujet on peut lire un peu tout et n’importe quoi.

  • La connaissance des publics,

Le public « c’est tout le monde ». Nous sommes tous en risque de fragilité et pouvons tous à un moment ou à un autre de notre histoire personnelle avoir besoin du soutien d’un travailleur social, tout comme nous avons besoin de soignants. Il y a là un risque de catégorisation qui ne me plait guère : personne handicapé, en situation de pauvreté, victime de violences conjugales, allocataires du RSA. C’est qui le public, le connait-on vraiment ? N’est ce pas plutôt notre rapport à l’autre, notre façon d’être avec lui qu’il faut travailler ? Il est nécessaire que les travailleurs sociaux sachent s’adapter à des publics multiples et divers, mais le public est à mon sens un vague concept qui ne peut vraiment être défini tant l’humain est riche, complexe, et bourré de contradictions et de potentialités. Il n’y a pas de règles en la matière…

  • L’initiation à la démarche de recherche.

La recherche nous met en position de réfléchir, de croiser nos sources et d’élaborer des hypothèses en tentant de les vérifier. C’est pourquoi cette initiation est un premier pas qui nous invite à acquérir une méthode de travail qui sera utile aux accompagnements. Mais il nous faut en parallèle garder en permanence les pieds sur terre. La recherche n’a de sens que si elle est au service de la compréhension et de l’action. Savoir « creuser » un sujet à partir des situations rencontrées, mettre des mots et aider à la compréhension de la personne que l’on reçoit, oui. Une certaine rigueur dans cette initiation ne peut que nous apporter de la méthode pour l’évaluation

  • L’accès aux droits.

Rien de nouveau pour les assistants de service social et les conseillers en économie sociale et familale. par contre les éducateurs vont devoir aussi s’y mettre : il s’agit de pouvoir aider la population à faire valoir ses droits et ainsi lutter contre le non-recours, sujet qui à mon avis ne pourra pas être uniquement par les systèmes informatiques et leurs algorithmes. L’intervention humaine reste nécessaire au regard de la complexité de la législation sociale. Il s’agira d’en connaitre les grands principes, d’aider les personnes à activer leurs droits sur les plateformes internet, mais aussi de les informer sur certaines de leurs obligations liées à l’obtention de leurs droits

  • La participation et la citoyenneté des personnes accompagnées.

C’est une volonté inscrite dans le plan d’action pour le travail social qui avait été validé par le précédent gouvernement. Cela concerne notamment les actions collectives qui s’inscrivent dans une démarche de développement social local. Cette participation citoyenne n’es pas facile à mettre en œuvre notamment depuis la crise de la Covid-19. Les travailleurs sociaux pourraient trouver là une spécificité de leur plus-value.

Non seulement nous sommes plus intelligent(e)s à plusieurs mais c’est encore mieux quand cette intelligence collective est construite avec les savoirs d’expérience des personnes accompagnées. Sur ce sujet il ne faut pas tomber dans la démagogie qui vise à considérer que seuls les personnes accompagnées par les services sociaux savent et ont une expérience, en dénigrant celle des travailleurs sociaux qui en rencontrant chaque jour des dizaines de personnes accumulent eux aussi des savoirs d’expérience.

Les conditions de la réussite pour la reconnaissance de la citoyenneté des plus exclus sont exigeantes. Il faut aussi une volonté politique et administrative ainsi que des moyens en vue d’accompagner les personnes dans des actions qui leur donne une véritable place dans la cité.

Au final  les futurs travailleurs sociaux  partagent les compétences suivantes :

  • accueillir, favoriser l’expression et l’autonomie des personnes,
  • analyser la demande et les besoins,
  • évaluer une situation,
  • concevoir un projet ainsi qu’une intervention,
  • évaluer et ajuster son action,
  • mobiliser les ressources de la personne
  • Favoriser, permettre et encourager sa participation,
  • accompagner une personne,
  • favoriser son accès aux droits.

Cela n’empêche pas la spécificité des approches qui restent tout autant utiles. Il n’y a pas là d’uniformisation, chaque profession peut mettre en avant des façons de développer ces compétences de manière spécifique. Donc, tout va (presque) bien si les centres de formation acceptent la diversité des missions et des approches professionnelles…

source :

les métiers du travail social de niveau II avec leurs dates de création et leurs fiches RNCP

 

DEASS – Assistant de service social 1932 2517
DECESF – Conseiller en économie sociale familiale 1973 7571
DEES – Educateur spécialisé 1967 2348
DEETS – Educateur technique spécialisé 1976 4502
DEEJE – Educateur de jeunes enfants 1969 4501

 

photo : pixabay

 

Note : j’ai « remanié » cet article et mis à lour les liens que j’avais publié initialement le 18 septembre 2018

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4 réponses

  1. merci de cet article utile qui replace bien les évolutions et les enjeux de ces nouveaux référentiels et décrets …
    Cordialement
    Annie Léculée

    1. Merci Hervé, je profite de cette occasion pour te dire que je te lis toujours avec plaisir !
      amitiés
      Didier

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