On le savait, historiquement le service social de la MSA a toujours été à la pointe des actions collectives en zone rurale. Le développement social, le travail avec les personnes et les élus font partie de l’ADN de ce service. C’est ce que j’ai pu une nouvelle fois constater lors de la journée de présentation du plan de formation des travailleurs sociaux dans le cadre de la stratégie prévention et lutte contre la pauvreté.
Sophie Guitteau, Conseillère Sociale de Territoire à la MSA du Poitou, nous a présenté comment travaillent les assistantes sociales et conseillères ESF de son institution à travers son propre exemple. Elle nous a présenté la Charte Territoriale des Solidarités avec et autour des Aînés du Pays Montmorillonnais – Une charte construite à partir d’un diagnostic de territoire mené par les travailleurs sociaux
Il a fallu dans un premier temps repérer les difficultés rencontrées par les habitants, et affiner le diagnostic. Celui-ci faisait ressortir un territoire confronté à un triple enjeu : un vieillissement démographique massif, une raréfaction des services indispensables à la qualité de vie (désertification médicale, accès difficile aux services médico-sociaux et aux espaces de loisirs et de culture), un sentiment d’isolement des personnes concomitant à un constat de dilution du lien social.
De nombreux autres secteurs ruraux connaissent en France une situation similaire. Mais l’action présentée ici a été l’occasion de rendre visible les pratiques des travailleurs sociaux qui s’inscrivent dans une volonté de rencontrer avec l’ensemble des acteurs d’un territoire sans exclusive et de ne pas limiter leurs actions à une assistance individuelle ou collective.
Mais que font les assistantes sociales ?
Contrairement aux idées reçues, elles ne font pas que « gérer les papiers » ou instruire les demandes administratives. Elles interviennent à plusieurs niveaux. Voici par exemple ce que certaines font dans le cadre de leurs missions.
Il leur faut en amont bien connaitre le territoire où elles interviennent. C’est certes une évidence mais ce temps de connaissance fine du « qui fait quoi » sur un secteur et dans un domaine donnée n’est pas si évident. Nous avons souvent tendance à travailler les uns à côté des autres sans pour autant mettre nos actions en commun. Chaque institution a aussi tendance à développer sa propre logique sans toujours tenir compte des autres acteurs de terrain.
- Elles repèrent les ressources existantes sur leur secteur et voient comment elles peuvent y faire appel en les valorisant. Il est important dans ce cadre de respecter les temps de chacun et de ne pas imposer quoi que ce soit. L’écoute et le respect du partenaire sont essentiels.
- Elles mettent en relation les acteurs du territoire qui sont susceptibles d’avoir un ou plusieurs objectifs communs. Sophie Guitteau prendra à ce sujet pour exemple les actions de mobilité dans les différentes communes.
- Elles suscitent les envies de travailler ensemble ou du moins tentent de faire adhérer les acteurs locaux, institutionnels, population, élus à la démarche engagée à partir du diagnostic initial
- Elles écoutent et garantissent l’expression de chacun. Sans jugement, sans à priori. Il reste essentiel que la parole qui circule ne soit pas invalidée. Elle respectent aussi la temporalité de chacun, car chacun n’avance pas au même rythme.
- Elles essaient aussi de redonner du pouvoir d’agir aux personnes qui n’en n’ont pas ou que ne sont pas reconnues comme en ayant.
Pour cela elles font appel à des approches différentes, sans en prioriser l’une ou l’autre. Accompagnement individuel, utilisation d’un dispositif ou d’une action particulière, regroupement de personnes ayant les mêmes besoins identifiés etc. Bref nos collègues « font du sur-mesure » c’est à dire s’adaptent chaque situation en fonction des contextes et des personnes. Elles tissent des relations, proposent des projet et valorisent les compétences.
Des actions concrètes avec et pour les personnes âgées
Tout cela peut encore mieux s’expliquer avec des actions concrètes : Une fiche de présentation de cette démarche de travail considérée comme « inspirante » permet de mieux mesurer ce que cette pratique peut produire sur une territoire. Dans le Pays Montmorillonnais :
- Recours et accès aux soins facilités : création de trois maisons de santé rurale, semaine
de la santé, atelier « Bien manger dans son assiette », réalisation de conférences ; - Élaboration d’outils de communication permettant d’informer les retraités sur les offres de
services qui existent dans leur environnement et qui les concernent directement ; - Lutte contre l’isolement avec la création du réseau Tiss’âgeS : un accompagnement vers des séjours de vacances et la création d’un numéro vert favorisant les visites à domicile et l’écoute téléphonique ;
- Pratiques du « Bien vieillir » : semaine du goût, conférences sur le « Bien Vieillir », programmes de prévention santé (activité physique, ateliers mémoire, « santé vous bien au volant », ateliers médiation numérique seniors, ateliers nutritions…), la santé des aidants ;
- Aide au maintien à domicile : des actions de soutien aux aidants (séjours de vacances, création de groupes d’échanges, participation à la journée Mondiale France Alzheimer), un groupe de réflexion sur la mobilité ;
- Offres d’espaces de rencontres intergénérationnelles : contes et veillées (lecture réalisée par
les personnes à la retraite auprès des enfants au sein des bibliothèques et des écoles), Planetarisk (échanges, expositions et ateliers entre les enfants et les personnes retraitées au travers d’animations pour sensibiliser aux accidents domestiques).
Au total, cette démarche a permis la réalisation de quinze actions sur le territoire
Pour en savoir plus :
- Présentation du bilan de la Charte Territoriale des Solidarités avec et autour des Aînés – Pays Montmorillonnais –
- HCTS – annexe 3 du guide d’appui aux interventions collectives du travail social en faveur du Développement Social
Merci à Sophie Guitteau pour son témoignage
Photo : Sophie Guitteau à l’issue de son intervention Co DD