En plein mouvement social, le médico-social veut se faire entendre
Il faut le faire ! En plein conflit sur les retraites, les syndicats CGT et Sud ont organisé jeudi dernier une manifestation spécifiquement centrée sur les revendications des professionnels médicaux et sociaux. Un pari risqué dont on a peu parlé dans les médias, mais ce rendez-vous du 2 février avait été planifié depuis plusieurs semaines. Les salariés du secteur ne souhaitaient pas voir la réforme des retraites, qui les affectera tout particulièrement, éclipser leurs autres revendications.
Le magazine en ligne « Rapports de force » engagé dans les mouvements sociaux rend compte de la manifestation qui s’est tenue à Paris devant les locaux de Nexem. Pourquoi ce lieu et cette date ? Ce jour-là, des négociations ont eu lieu entre représentants syndicaux et employeurs, à propos de la future convention collective étendue. Celle qui a pour objectif de rassembler derrière un même accord tous les salariés du secteur médico-social, actuellement partagés entre deux conventions, la 51 et la 66
Il y a aussi la revendication sur la prime Ségur qui fait figure de symbole d’injustice aux yeux de beaucoup. Si certaines professions du secteur médico-social y ont droit, d’autres en restent exclus, alors même qu’ils sont au contact quotidien de personnes fragiles et dès lors assume un rôle social dans leur travail. Pour ces salariés, (comme les secrétaires médico-sociales de Loire-Atlantique qui demandent aussi cette prime), ces 183€ mensuels viennent compléter leurs faibles salaires, mais jouent aussi un rôle symbolique : pour beaucoup, elle est un signe de reconnaissance de leur abnégation au travail. (lire l’article de Rapports de force)
Des travailleurs sociaux unis et déterminés
Cette manifestation s’est aussi déroulée à l’appel de la Commission du travail social Île-de-France. Lien Social était présent et vous propose dans sa rubrique actu un compte rendu avec plusieurs photos. Le journaliste Jérémie Rochas a dénombré 4.000 manifestants venus de plusieurs régions. « Les slogans unitaires, fumigènes et prises de paroles de travailleurs sociaux en souffrance ont lancé la dynamique jusqu’au départ de la manifestation vers Matignon ».
On s’en serait douté, la première ministre n’a pas souhaité recevoir de délégation de la manifestation. Il faut aussi préciser que le mouvement n’est pas près de s’arrêter. Le prochain rendez-vous est donné le 25 et 26 mars prochain à Lille. Ce sera à l’occasion des 10e rencontres nationales du travail social en lutte. (lire l’article de Lien Social)
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Deux millions de personnes en situation de grande pauvreté, selon l’Insee
Il y a la catégorie sociale des « pauvres » mais encore plus bas, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui vivent la « grande pauvreté ». L’observatoire des inégalités nous explique que pour la première fois, l’Insee propose une définition de la grande pauvreté, en tenant compte des revenus et des conditions de vie. L’institut estime également le nombre de personnes qui échappent habituellement aux statistiques sur la pauvreté. Mais que nous dit l’INSEE ?
La grande pauvreté est définie comme la combinaison de faibles revenus et de privations matérielles et sociales sévères. Leur niveau de vie médian est équivalent à 43 % de celui du reste de la population. Elles déclarent sept fois plus de privations matérielles et sociales que les personnes non pauvres. Vivre la grande pauvreté, c’est à la fois vivre avec très peu d’argent mais aussi se priver de façon importante. (La moitié des personnes très pauvres disposent de moins de 800 euros par mois quand elles vivent dans un logement ordinaire, et moins de 430 euros pour les autres)
En France en 2018, (année de recueil des dernières statistiques) un million neuf cent mille personnes sont en situation de grande pauvreté et 170.000 sont susceptibles de l’être. Parmi celles vivant en logement ordinaire, en habitation mobile ou sans domicile, 35 % sont des enfants, 7 % ont 65 ans ou plus. 24 % vivent dans les DOM, dont 10 % à Mayotte et 14 % dans les quatre autres DOM. De plus, 79.000 personnes vivent en Ehpad ou autre établissement sanitaire ou social et 86.000 sont en cité universitaire ou foyer, ont des revenus particulièrement faibles et sont donc susceptibles d’être en situation de grande pauvreté. Un tableau permet de situer notre pays au regard des autres pays européens :
(Lire l’article de l’Observatoire des Inégalités) (lire l’article de l’INSEE) (télécharger le dossier complet de l’INSEE)
Vieillir au travail : Marcia, 58 ans et assistante sociale à l’Aide sociale à l’enfance
La journaliste Khedidja Zerouali de Médiapart donne la parole aux personnes âgées de 58 à 67 ans. Elles témoignent de la dureté de leur quotidien au travail. Elle a ainsi recueilli le témoignage de Marcia, 58 ans, assistante sociale à l’Aide sociale à l’enfance. Elle raconte le service public qui s’effrite et une carrière hachée comme le sont celles des femmes. » Je travaille à l’Aide sociale à l’enfance et je pleure presque tous les jours » dit-elle. « Je ne sais sincèrement pas si je tiendrai comme ça encore six ans. Le travail social est devenu atroce, c’est devenu maltraitant autant pour les usagers que pour les travailleurs ».
« Le travail social, ça s’effondre comme l’hôpital, comme l’école, comme tous les services publics… Je n’ai pas la même usure que mes collègues qui n’ont travaillé que dans ce domaine, mais moi aussi je suis fatiguée explique-t-elle à la journaliste. Elle revient sur son parcours qui débute à l’enfance.
Cette assistante sociale a souhaité se renseigner sur la possibilité de prendre une retraite anticipée, car elle totalise sept trimestres cotisés avant la fin de ses 20 ans. (Normalement, au bout de cinq trimestres cotisés avant l’année de ses 20 ans, on peut partir plus tôt). Oui, mais voilà, la conseillère de la Caisse d’assurance retraite a dit que, pour les carrières longues, les périodes de chômage étaient comptabilisées différemment. Seuls quatre trimestres peuvent être retenus dans ce cadre, même si cette période était mise à profit pour une formation diplômante. Conséquence, ses deux ans de formation, financée par les AFR, ne comptent pas. « Du coup, je ne peux pas partir à 60 ans, je dois attendre 64 ans. Au final, j’aurais travaillé 46 ans quand je partirai à la retraite. » (lire l’article de Médiapart)
Bonus : une « brève » dans le journal des Départements : « Être au RSA n’est pas un choix »
Ce magazine mensuel gratuit de 92 pages propose une somme d’informations issues des collectivités territoriales. Ce numéro de février donne une large place à la parole des élus et cette fois-ci, c’est le Département du Nord qui est mis à l’honneur. Un département « Hors Norme » comme nous l’explique Olivier de Brabois le rédacteur en chef du magazine.
Parmi les brèves concernant l’action sociale, j’ai retenu celle-ci : Le nouveau président du Département de Haute-Garonne, Sébastien Vincini, le dit clairement, il est opposé au conditionnement du versement du RSA. « Être au RSA n’est pas un choix. Les bénéficiaires, éloignés de l’emploi, en sont là, car toutes les politiques en amont, notamment celles de Pôle emploi, ont échoué » dit-il. C’est sur cette question majeure qu’il faut agir. Ce projet flou de conditionnement ne résout pas le problème des freins au retour à l’emploi.
« Le RSA, c’est le dernier rempart pour lutter contre la pauvreté. Le conditionner serait vécu comme une sanction. Je suis contre, c’est
une question philosophique » conclut-il. Comment ne pas être d’accord avec ces propos ? Ne manquez pas dans ce mensuel les pages Actualités Solidarités (pages 35 à 39) vous y apprendrez plein de choses. (lire Le Journal des Départements)
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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser
Photo : Manifestation des travailleurs médico-sociaux à Nancy – capture d’écran du reportage vidéo réalisé par Ici-c-Nancy.fr