J’ai eu la possibilité de participer mercredi soir à une débat sur Médiapart sur le thème de l’avenir des services publics. J’étais invité au titre d’ancien président de l’ANAS (alors qu’il est indiqué sur les sous-titre que j’en suis le président ce qui n’est pas exact. Le président est rappelons le, Joran Le Gall. Il s’agissait d’apporter le témoignage des collègues assistantes sociales sur les évolutions de leur travail lié entre autres à l’irruption des plates formes numériques pour la gestion des droits sociaux des personnes et des familles. Cela m’a permis aussi de rappeler que les services sociaux sont eux aussi des services publics. De la protection de l’enfance en passant par l’accès à différents droits dont le droit au logement et celui de bénéficier de ressources suffisantes d’existence, notre profession est en première ligne sur la question de la lutte contre les exclusions. Vos pouvez suivre ce débat ici :
Je me permet de mettre en copie ci après le compte rendu qu’en a fait Yves Faucoup que je remercie ici pour ses articles quotidiens qui réagissent aux actualités du travail social. Voici ce qu’il en a écrit sur sa page facebook :
« Mediapart organisait hier soir des débats sur la modernisation des services publics qui se fait au détriment d’une partie de la population.
Un premier débat réunissait Raymond Avrillier, militant écologiste sur Grenoble (qui a fait chuter jadis le système Carignon), Benjamin Coriat économiste, et François Taulelle, géographe à l’Institut Champollion d’Albi, que j’ai eu plaisir à retrouver (je l’avais sollicité dans le passé dans le cadre de la formation des assistants sociaux). Il a effectué récemment avec un collectif de chercheurs une étude sur la RGPP et les transformations quant à la présence de l’État sur les territoires.
Lors d’un second débat, Gaëlle Differ, Sud-PTT, Nicolas Thirion, CGT-Finances publiques et Étienne Lejeune, maire adjoint de la Souterraine ont dénoncé les mesures prises qui mettent à mal le service rendu aux citoyens.
Abondant dans ce sens, Didier Dubasque, ancien président de l’association nationale des assistants sociaux (ANAS), titulaire d’un blog fort bien fait sur le travail social, a montré combien, en milieu rural, l’accès aux droits sociaux est entravé par la quasi-obligation de passer par les procédures numériques. Des permanences (CAF, Sécu, Pôle emploi, la Poste) ferment, et des témoignages rapportent que des gens viennent voir l’assistant social (AS) en disant que le Centre médico-social c’est « le dernier endroit où il y a encore de la lumière ». « Pour les personnes les plus fragiles, leur seule richesse c’est le service public, qui petit à petit s’efface », dit-il. Et on laisse les gens se débrouiller avec l’outil (informatique) : c’est ce qu’il appelle « le syndrome IKEA ». Si la personne ne sait pas s’y prendre, si la plateforme numérique ne répond pas, alors les droits ne vont pas être ouverts. 10 à 15 % de la population, selon le Défenseur des Droits, perdent ainsi l’accès à leurs droits sociaux. Un logiciel ne répond pas à toutes les situations, souvent complexes : un être humain pour expliquer c’est mieux. Les AS sont conduits à imprimer eux-mêmes des formulaires qui ne sont plus disponibles à la CAF. Si la modernité numérique est un mieux pour beaucoup, elle ne permet pas de respecter le principe républicain d’égalité. Même la récupération d’indu sanctionne davantage ceux qui ne sont pas passés par l’ordinateur pour faire leur demande de prestation ! Le Haut Conseil du Travail Social, dont Didier Dubasque est membre, s’est penché sur ces problèmes. Des communes, des départements commenceraient également à en prendre conscience. YF
. Vidéos :
1er débat : https://youtu.be/h2htc9FYLkk
2ème débat : https://youtu.be/abAYURAJ5PQ
N’hésitez pas non plus à visiter le Blog Médiapart d’Yves Faucoup
Enfin je profite de cette occasion pour remercier l’équipe de Médiapart de nous avoir donné a possibilité de parler des services sociaux, du travail de celles et ceux qui les font vivre. De donner à voir des perspectives pour un service public répondant aux besoins des personnes, notamment celles qui sont le plus fragiles et de plus en plus en difficulté pour accéder à leurs droits.
Nous avons été accueillis chaleureusement, accompagnés avec professionnalisme. Un grand merci aux journalistes et à leurs équipes techniques qui savent mettre à l’aise les intervenants et permettent des débats sereins et argumentés où l’on a e temps d’exposer son point de vue sans être pressurés par le temps.