Maladresse ou tentative d’instrumentalisation ?
Lien Social a mené l’enquête pour comprendre d’où pouvait venir la directive donnée à un IRTS d’expurger les dossiers de l’épreuve de politique sociale du DEASS de tout document présentant une critique du gouvernement (publié dans le Canard Enchaîné du 29 janvier). (voir ici la réaction de Tom Léducspé sur ce site il y a 2 jours)
Interrogée par ce journal, la Direction générale de la cohésion sociale reconnaît « une formulation maladroite », mais confirme avoir bien donné il y a de cela quelques années déjà « des précisions pour éviter des sujets ouvertement polémiques concernant la mise en œuvre des politiques publiques ».
Pan sur le bec ! La note diffusée il y a quelques années ne s’adressait pas aux IRTS
Alors que l’info laissait supposer qu’elle était récente, « Il s’agit d’une instruction adressée depuis quelques années aux Directions régionales de la jeunesse des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) – et non pas directement aux IRTS – dans la perspective de l’organisation de l’épreuve nationale des diplômes d’Etat d’ASS et d’EJE. Les DR-D-JSCS sont invitées à la communiquer aux centres de formation ».
La raison qui est donnée à Lien Social ? «De tels sujets sont en effet susceptibles de mettre en difficulté les étudiants en les obligeant à se positionner sur des questions sans lien avec l’appréciation de leurs compétences».
Dans un billet d’humeur publié sur le même site, Jacques Trémintin s’élève contre cette consigne. Il la considère comme totalement attentatoire à l’éthique même du travail social, accusant le gouvernement de vouloir instrumentaliser les professionnels, en les transformant en courroie de transmission passive et en exécutants tout juste bons à obéir à des ordres, à appliquer des procédures et à adopter des postures formatées.
Et de lancer un appel : «Plus que jamais, nous devons penser par nous-mêmes, nous autorisant à approuver quand nous estimons que cela va dans le bon sens, mais n’hésitant jamais à critiquer quand nous craignons une régression sociale.»
Parents « hélicoptères », enfants sous pression !
Le site The Conversation nous alerte sur l’émergence ces dernières années de parents « d’un nouveau style ». Ce sont des parents anxieux surnommés parents «hélicoptères» aux « mamans tigres », réputés pour leurs exigences. Ces deux catégories de parents ont un point commun : elles ont tendance à surinvestir leur rôle de parents, et à gérer la vie de leurs enfants. Elles leur laissent peu d’autonomie, leur mettent trop de pression pour atteindre leurs objectifs scolaires et personnels,
Ana Aznar qui intervient à Université de Winchester nous explique que s’il ne fait aucun doute que ces parents agissent par amour, le problème est qu’en empêchant leurs enfants de faire face à une déception, de « rater » une tâche, d’être mis en retenue, ne les laissent pas se confronter à l’échec. Et, ce faisant, ils entravent leur développement.
Or l’échec est formateur nous rappelle-t-elle. Une étude sur les jeunes dont les parents sont surinvestis ont connu des niveaux de dépression et de stress plus élevés, ils sont moins satisfaits de leur vie et ont plus de mal à réguler leurs émotions.
De plus l’anxiété est contagieuse. Le nombre d’étudiants aux prises avec l’anxiété et la dépression est à un niveau record au Royaume-Uni. Un sondage a révélé qu’un étudiant sur cinq était concerné. Qu’en est-il en France ? (lire l’article de the Conversation)
Revenu Universel d’Activité : la concertation part en vrille
4 associations quittent la concertation institutionnelle sur le revenu universel d’activité (RUA). Elles dénoncent la disparition programmée de l’Allocation Adulte Handicapé. Elles ont décidé de quitter la concertation organisée par le gouvernement.
Très en colère L’APAJH, APF France handicap, l’UNAFAM et l’Unapei refusent fermement une réforme qui viendrait « dégrader les droits des personnes en situation de handicap ». Elles dénoncent « le simulacre de concertation organisé depuis plus de 7 mois par le gouvernement » en précisant que leur parole n’est jamais entendue.
De son Côté, Stéphane Troussel, Président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis explique dans une tribune publiée par Le Monde que le projet de revenu universel d’activité doit sortir du dogme du budget constant pour qu’il y ait des “gagnants”
Nicolas Duvoux, sociologue apprécié des travailleurs sociaux était hier invité par France Culture. Il explique que »Les critères retenus auront une portée politique ». Il a échangé avec les jurys citoyens mis en place dans le cadre de la consultation.
Nicolas Duvoux nous explique que ce quinquennat est marqué par une très forte réforme de la protection sociale. A commencer par celle de l’indemnisation du chômage qui va finir d’entrer en vigueur au 1er avril 2020. L’interaction avec le futur RUA est évidente : le durcissement des conditions d’indemnisation va sans doute faire entrer une partie des chômeurs dans le système des minima sociaux. Il y a évidemment une logique d’économies parce que financer l’indemnisation du chômage, ça coûte plus cher que des prestations sociales qui sont d’un niveau inférieur. C’est absolument évident. D’autre part, de manière plus souterraine mais à mon avis, tout aussi importante, il y a une étatisation de la protection sociale.
En tout cas une chose est certaine, c’est ce que dit La Gazette des Communes : « la concertation publique n’a pas clarifié les intentions du gouvernement »
Photo : Gratisography –
Cette revue de presse a été rédigée en partie par mon collègue Tom Léducspé… Merci à lui pour ce coup de main
Revue de presse réalisée avec le concours de Michelle Verrier Flandre Merci pour sa veille informatique…
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A lire: LA DIGNITE de PENSER auteur: Roland Gori Babel édition le livre de Poche.