Le Média Social vient de créer un support de communication que je vous invite à découvrir. Il s’agit d’un podcast ou si vous préférez un fichier audio que vous pouvez écouter en ligne ou télécharger. Comme pour la radio, une émission sur podcast permet de vous informer de façon simple notamment lorsque vous vous déplacez.
Premier épisode des Voix du Social nous parle d’un sujet « sensible » : « la juste implication » Un thème peu ou pas enseigné en travail social. L’engagement émotionnel des travailleurs sociaux dans la relation d’accompagnement n’est pas une question facile à traiter en quelques minutes. Écoutez-voir !
Comment s’impliquer sans se perdre ?
C’est la question que pose Marion Léotoing qui est rédactrice en chef « longs formats » du Média Social. La journaliste « tombée dans le social dès l’enfance » a interrogé Stéphanie Krystlik, éducatrice spécialisée reconvertie dans la supervision et l’analyse des pratiques.
L’analyse de la pratique professionnelle rendue possible par la supervision permet d’interroger notre façon d’agir auprès des personnes accompagnées. Stéhanie Krystlik raconte une situation particulière qu’elle a vécu et sa réaction après avoir reçu un appel en pleine nuit d’une adolescente en détresse. Elle est allée la voir et ce qu’elle a dit » m’a touché et percutée de plein fouet et je me suis retrouvée à pleurer avec elle sur son lit à 2h00 du matin… »
Bref, vous l’avez compris, ce sujet aborde la question de l’implication émotionnelle. Il y a beaucoup à écrire sur ce sujet. C’est ce qu’ont fait d’ailleurs Alexandrine Laizeau et Catherine Galopin toutes deux assistantes sociales qui ont écrit un livre tiré de leur expérience.
Les émotions qui révèlent notre implication remplissent trois fonctions importantes.
Ce sujet me donne l’occasion de vous rappeler les 3 principales fonctions de l’expression des émotions
Elles servent à communiquer avec les autres et à les influencer. la fonction principale d’une émotion consiste à envoyer un message et à influencer l’état émotionnel d’autrui. Les expressions faciales, les mouvements et la posture sont directement connectés aux émotions. Plus l’émotion est liée à un besoin de communiquer, plus elle sera difficile à s’apaiser tant que l’on n’est pas entendu. Cela va poser problème lorsque l’autre n’est pas disposé, capable ou disponible pour recevoir le message véhiculé par l’émotion.
Les émotions organisent et motivent l’action. elles amènent à réagir aux situations qui surviennent, motivent le comportement et préparent à l’action. Elles permettent également d’agir plus rapidement dans des situations importantes (Par exemple, la peur prépare à la fuite, la colère à l’attaque, la joie à rechercher l’autre pour partager son bonheur …). Mais attention cela peut être à la base de comportements impulsifs. La précipitation sur base d’une impulsion forte peut mener à des débordements.
Les émotions donnent de l’information importante sur les besoins du moment. Elles peuvent être considérées comme des signaux d’alerte que quelque chose d’important se passe. Mais lorsqu’elles sont poussées à l’extrême, les pensées et sensations qui les accompagnent peuvent être considérées comme des faits réels et apparaître comme une vraie crise d’infirmité spasmodique. L’implication diffère selon les personnes aidées, selon les aidants et selon les moments. En effet, les personnes se caractérisent par leur diversité et leur imprévisibilité. Les aidants, loin d’être semblables, n’appliquent pas une façon d’être et d’agir unique avec les personnes. Ils doivent s’adapter à chacune d’entre-elles.
Il ne faut pas avoir honte d’exprimer ses émotions en tant que travailleur social. Il s’agit plutôt de savoir les identifier et les gérer, car les émotions peuvent aussi être mauvaises conseillères. Il s’agit plutôt de savoir combiner émotion et raison : c’est ce que l’on appelle aussi l’intelligence émotionnelle. Les travailleurs sociaux savent aussi que l’émotion est un vecteur privilégié de la transformation et de l’actualisation de soi, de son rapport aux autres et au monde. Aussi elle peut être mise au service de la relation d’aide. Pour cela il faut pouvoir être en capacité d’analyser et de gérer au mieux ces émotions qui peuvent être envahissantes alors qu’elles sont aussi un moteur positif de changement.
Image : Le Média Social © DR