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Comment réagir face à une équipe qui « dysfonctionne » ?

Ma collègue Charline Olivier avait pris sa plus belle plume pour tenter de répondre dans Lien Social à cette question qui nous concerne tous. Qui n’a pas, dans son parcours professionnel, été confronté à ce que nous nommons pudiquement des dysfonctionnements ? Que ce soit dans un cadre personnel ou institutionnel, les pratiques de certains peuvent nous mettre face à nos propres limites. Nous pouvons, nous aussi, et c’est parfois le cas, « dysfonctionner » car l’humain n’est pas une machine qui a réponse à tout. Nous pouvons être emporté(e)s par nos émotions, ou plus simplement être fatigué(e)s… Mais je laisse la parole à Charline qui nous rappelle certaines réalités en passant par le biais d’une fiction plutôt réaliste

Alors, comment réagir face à une équipe qui « dysfonctionne » ?

« Fermez les yeux et projetez-vous dans une fiction improbable : après des années de lutte pour la défense de leurs services publics, des humains sont subitement soumis à une pandémie qui vient leur confirmer le désastre. Et cruauté parmi les cruautés, ces pauvres hères ne peuvent même plus aller boire des verres après le travail pour débriefer sans vergogne sur la réunion de service exécrable commise le matin-même par leur chef(fe) de service.

Ah, on me dit dans l’oreillette que ce film se joue actuellement… Tant pis, je nous installe en distanciel (sic) dans mon troquet préféré, pour vous raconter la suite. Comment continuer à fonctionner quand la machine s’emballe?

Nous avons tous eu à nous interroger sur cette question, peu importe notre place dans le système. Et je suis aujourd’hui persuadée d’une chose: il s’agit d’une responsabilité collective. Je vois déjà certains remuer sur leur tabouret de bar… Trop facile ce discours du «tous responsables»!

Certains collègues ou cadres sont (au choix) tyranniques, incompétents, maltraitants, harcelants. Ils mettent à mal leurs équipes et favorisent des jeux d’alliance malsains dignes d’un épisode de Game of Thrones. C’est juste et le préalable à toute réflexion sur les dysfonctionnements institutionnels se joue précisément sur la définition des problèmes rencontrés. Si nous faisons face, seul ou en équipe, à de graves attitudes répétées (donc délictuelles), elles nécessitent un dépôt de plainte.

Le harcèlement au travail est un fléau à combattre à haute voix, par la loi et soutenu par les organisations salariales et/ou syndicales. Il ne doit plus être subi dans une solitude écrasante ou un entre soi de confidences qui ne libèrent pas. Heureusement, la majorité des dysfonctionnements institutionnels au quotidien ne relève pas du Code Pénal et devrait pouvoir se dépasser collectivement. Mais comment ? Pourquoi ? Pour qui ?

Dysfonctionner seul ou collectivement ne sert pas à rien ; cela maintient le système en place, quand bien même il ne semble satisfaire personne. Ce peut être l’expression d’une résistance maladroite ou mal dirigée, d’une faille personnelle face à l’exercice de l’autorité, d’une incertitude face à l’évolution de nos métiers.

Dysfonctionner, c’est parfois aussi un des symptômes d’une dépression ou d’une addiction qui éclabousse un collectif de travail qui va, au gré des évènements et de son intérêt, compenser les difficultés du collègue pour les masquer ou les instrumentaliser, sans même en percevoir le danger ou le péril pour celui qui devient le stigmate de son équipe.,J’ai si souvent entendu «mais elle fait quoi la psycho de l’équipe (…) mais que fait la Direction ?» Phrase magique par essence qui esquive notre coresponsabilité. Que voudriez-vous qu’elles fassent ces deux entités face au collectif ? Une psychanalyse sauvage en réunion de service? Un diagnostic à l’arraché ? Un licenciement brutal sans fondement légal ?

D’expérience, il me semble que le seul moyen de rendre le système plus vertueux est de l’ouvrir à un tiers extérieur qui devra réussir le pari incommensurable de nommer ce qui déraille, déroute, dérange les uns et les autres afin qu’ils s’en emparent eux-mêmes pour produire du changement. Il faut alors trouver au bon moment la pépite humaine pour sauver ce monde.

Fiction ou réalité? À voir…

Note : cet article a été publié dans le numéro 1288  de LIEN SOCIAL du 2 au 15.02.2021 Je ne résiste pas au plaisir d’ajouter le dessin qui l’accompagne tellement il est criant de vérité :

jiho

 

Merci à Charline Olivier et à Jiho qui m’ont donné leur accord pour cette publication

Vous pouvez aussi retrouver dans Lien Social sur ce même sujet la tribune de Christine Maurey assistante sociale ainsi que de nombreux autres articles intéressants. Par exemple  » La dématérialisation et le service public sans visage » et dans l’espace lecteur une lettre ouverte : « L’action sociale doit-elle devenir un service marchand ? »

 

Photo créé par wayhomestudio – fr.freepik.com

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