Journal d’une assistante-sociale non-confinée
Sylvie, 52 ans, cadre socio-éducative d’une équipe d’assistant·es sociales dans un hôpital de la Nouvelle-Aquitaine témoigne de son quotidien dans le journal les Inrocks. Les équipes sont très mobilisées, mais c’est très compliqué, car l’on doit s’adapter à la situation qui évolue au jour le jour. Il y a tout de même une grande solidarité qui se crée, plein de gens nous apportent de la nourriture. » “Il faudra repenser notre rapport au service public” précise-t-elle.
Les premiers patient·es atteint·es du Covid-19 arrivent depuis 2-3 jours. Nous sommes en train d’étudier un autre problème : les familles ne peuvent pas venir rendre visite à leurs proches, et avoir des nouvelles est aussi très compliqué car les soignant·es sont débordé·es et n’ont absolument plus le temps de répondre au téléphone. C’est pourquoi nous sommes en train de réfléchir à une manière de faire passer ces demandes par le service social avec des assistant·es sociales qui seraient dévolues à maintenir ce lien entre les patient·es et l’extra-hospitalier.
« On fera les comptes à la fin. Pour l’instant, nous sommes trop dans l’action pour pouvoir avoir le recul nécessaire. » (lire le témoignage recueilli par Fanny Marlier)
Comment maintenir la prise en charge en pleine crise sanitaire ?
Comment veiller sur les 341 000 enfants placés sous la protection de l’enfance en ces temps de confinement, tout en faisant potentiellement face aux véritables poudrières qu’a produit le confinement ? Des veilles téléphoniques sont mises en place mais les limites de ce système risquent d’être vite atteintes. Des directeurs auraient pris la décision de renvoyer des jeunes placés dans leur famille, hors de tout cadre légal, estimant ne pas avoir les capacités humaines de les garder.
Le manque de masques inquiète de plus en plus indique la Gazette des Communes. L’absentéisme des travailleurs, estimée à 20 à 30 %, est aussi liée à la décision initiale de l’État de ne pas ouvrir les services de garde d’enfants aux professionnels du secteur précise la journaliste Morgane Pellennec. Un imbroglio difficile à démêler. (lire la Gazette des Communes)
« Ne pas oublier ceux qui s’occupent des invisibles »
Malgré la pandémie de coronavirus, les travailleurs sociaux continuent d’accompagner les populations précaires, dont ils ont la charge. Johan Douaze, éducateur spécialisé à Roanne, s’inquiète des conséquences du confinement sur les personnes à l’équilibre psychique fragile dont il s’occupe : « Ces gens sont fragiles ». « L’errance leur permet habituellement de tenir et de ne pas devenir fou. Et là on leur demande de rester chez eux… »
Il se sent démuni : les ressources hospitalières sont réaffectées vers la lutte contre le coronavirus, privant le CHRS de moyens d’action, le service d’accueil psychiatrique de jour a été fermé. Le manque de moyens à sa disposition, ainsi qu’à celle de ses collègues est criant : comment continuer à assurer leur mission de service public, en se confrontant chaque jour à des publics dont ils ignorent s’ils sont porteurs du virus (lire l’article de France 24).
et aussi
« Compenser le confinement » dans les établissements pour enfants
Le Média Social a interrogé Michel Brioul, psychologue clinicien en Mecs. Il propose des issues pour chasser les angoisses et violences des jeunes.
Le catastrophisme de la télévision face à l’épidémie peut effrayer les jeunes. dit-il « Il est donc important de ne pas se laisser envahir par les informations, pour leur préférer des films ou des émissions de détente. Mais si les écrans, classiquement, nous paraissent envahissants, pour le coup, ils peuvent aussi constituer une ressource ! Les appels vidéo peuvent être essentiels pour des ados qui souffrent d’abandonnisme et manquent d’étayage parental »
Michel Brioul invite à contrebalancer les contraintes actuelles par des moments de plaisir. « Il est important que les adultes expliquent le réel, sans exagérer les risques, ni trop dédramatiser. Il ne faut pas laisser les jeunes construire leurs propres fantasmagories sur l’épidémie ». (lire l’article du Média Social)
Confinement et violence conjugale : prudence avec les chiffres
Laurent Puech explique sur son site protections-critiques que si les données actuelles sur « l’explosion » des violences est très inquiétante, ce qui a augmenté, c’est l’activité des gendarmes et des policiers de la Préfecture de Police de Paris sur des affaires de violences conjugales. Nous ne pouvons pas savoir si les violences conjugales ont réellement et significativement augmenté. « En effet, du fait du confinement, on peut aussi faire l’hypothèse que la présence de voisins eux-aussi confinés 24H sur 24H est propice à favoriser l’appel aux services de police et gendarmerie »
Ainsi, le chiffre qui amène à parler d’explosion de violences est en fait un chiffre qui parle d’explosion d’interventions; et le nombre de femmes tuées qui semble peu élevé au regard de la moyenne sous-estime peut-être l’ampleur des faits réels conclut-il (lire l’article de protections-critiques.org)
Photo : freepiK
Sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre
Cette revue de presse a été rédigée en partie par mon collègue Tom Léducspé… Merci à lui pour ce coup de main