La Secrétaire d’État chargée de l’Enfance, Charlotte Caubel, a rencontré une délégation d’élu(e)s départementaux de Gauche le 7 septembre dernier. Cette rencontre fait suite à une lettre ouverte adressée par 25 Présidentes et Présidents de Départements le 31 août dernier.
Charlotte Caubel a accueilli favorablement l’idée d’organiser des États généraux de la protection de l’enfance. Elle souligne l’importance d’une « coresponsabilité » entre l’État et les Départements, ainsi qu’une collaboration avec les associations en charge des enfants. Ces États généraux viseraient à définir des objectifs partagés et à mettre en place des actions concrètes, soutenues par un calendrier et des moyens financiers.
La Secrétaire d’État a également réaffirmé son attachement à la décentralisation de cette politique, en renforçant les relations partenariales avec les services de l’État. Les Départements de gauche ont, de leur côté, réitéré leur engagement dans cette politique publique qui est un poste budgétaire en augmentation constante ces dernières années.
Faut-il le rappeler ? La situation actuelle est critique. Les lieux d’accueil d’urgence sont saturés, et les demandes de protection s’accumulent. Les Départements, malgré une augmentation de près de 70% de leurs budgets entre 2015 et 2023, ne peuvent pas à eux seuls résoudre cette crise. Un précédent article souligne aussi la nécessité d’une stratégie interministérielle ambitieuse pour répondre aux besoins des enfants.
Paroles, paroles, paroles ?
Faut-il paraphraser Dalida face à cet engagement ? Plusieurs questions se posent à ce sujet :
- Les États généraux de 2024 peuvent-ils provoquer un tournant décisif dans le pilotage et les moyens de la protection de l’enfance alors que les lois se sont succédé sans remédier à cette crise ? (certains aspects l’ont même amplifié)
- Comment garantir que les États généraux ne soient pas qu’un exercice de formalisme ? Nous avons connu par le passé des États généraux du Travail Social dont le bilan fut loin d’être satisfaisant.
- Quel rôle les Départements et les associations joueront-ils dans la mise en œuvre des éventuelles actions décidées lors de ces États Généraux ?
Autant de questions qui mériteraient d’être rapidement éclaircies. La délégation attend des engagements fermes de la part de l’État sur plusieurs fronts, notamment en matière de santé, d’éducation, de prise en charge du handicap et de justice. Le livre blanc du Haut conseil au travail social (HCTS) est également attendu avec impatience pour ses recommandations. Celles-ci seront-elles suivies d’effets ? Aucun signe actuellement ne montre que ce soit le cas.
En tout cas, cette rencontre entre la Secrétaire d’État et les élus départementaux ouvre la voie à des discussions que l’on espère constructives si elles mènent à des actions concrètes. Toutefois, les participants attendent des engagements fermes de la part de l’État sur ses responsabilités à l’égard non seulement des enfants en danger, mais aussi plus largement sur la prévention, l’éducation et la santé.
La délégation reçue par Charlotte Caubel était composée de Jean-Luc Gleyze, président de la Gironde et du groupe de gauche de Départements de France ; Chaynesse Khirouni, présidente du département de la Meurthe-et-Moselle ; Jean-Luc Chenut, président de l’Ille-et-Vilaine ; Dominique Versini, Maire adjointe de Paris chargée de la protection de l’enfance et des droits de l’enfant, ancienne Défenseure des enfants; Cinderella Marchand, VP protection de l’enfance département des Côtes d’Armor ; Lucie Vacher, VP Protection de l’enfance métropole de Lyon.
- Lire le communiqué « Je suis ouverte aux États généraux de la protection de l’enfance ». Rencontre des Président.e.s de Départements avec la Secrétaire d’État chargée de l’Enfance, Charlotte Caubel, le jeudi 7 septembre 2023.
- Lire aussi : Pour des États Généraux de la Protection de l’Enfance en 2024 : l’appel de 24 départements sera-t-il suivi d’effets ?
Photo : Charlotte Caubel (photo officielle publiée sur le site du Gouvernement)