Nous avions abordé avant l’été avec Annie Pasquereau une première analyse du référentiel 2018 des assistant(e)s de service social . Cela concernait les fonctions et la définition de la profession. Passons maintenant aux référentiels de compétence et de certification qui conditionnent les épreuves d’obtention du diplôme d’Etat. Ce texte vient en complément de l’analyse de l’ANAS sur ce sujet.
Comment se présente le référentiel de compétence ?
« Il a été travaillé dans le cadre d’un groupe élargi aux organismes de formation UNAFORIS, à davantage d’employeurs, ainsi que de représentants d’étudiants.
Le DC 1 s’appelle désormais Intervention professionnelle en travail social (et non plus de service social). Il se décompose en Accompagnement social individuel. Curieusement le terme ISAP disparaît pour l’accompagnement individuel alors que le terme ISIC est lui présent pour le collectif. Mais en tout cas les 2 formes d’interventions sont bien mises en évidence.
Le DC2 devient Analyse des questions sociales et de l’intervention professionnelle (au lieu d’expertise sociale)
Le DC3 Communication professionnelle en travail social met davantage d’accent sur le numérique, ce qui aujourd’hui est nécessaire.
Le DC4 : Dynamiques inter – institutionnelles, partenariats et réseaux permet de retrouver là certaines fonctions du référentiel de 2004
Mais attention : les compétences énoncées sont davantage détaillées. Ce référentiel est beaucoup plus riche et conséquent avec 36 compétences au lieu de 14 dans le précédent référentiel.(Voir plus précisément ici l’analyse de la commission formation de l’ANAS)
Qu’en est-il du référentiel de certification ?
Il définit les épreuves pour obtenir le diplôme d’Etat en 2021. Il concernera donc les étudiants qui sont entrés en formation à la rentrée de septembre 2018. Les épreuves seront principalement placées sous la responsabilité des centres de formation – Une seule épreuve reste sous la responsabilité de la DRJSCS – une autre est sur site qualifiant (évaluation avec le formateur de terrain)
Le DC1 : avec deux présentations écrites et orales d’une intervention sociale individuelle ou collective traitée l’une lors du stage de deuxième année et l’autre lors du stage de 3ème année. Avec un coefficient 1 pour chaque épreuve en établissement de formation . Il est ensuite fait la moyenne des 4 notes
Le DC 2 porte sur un Diagnostic social (dossier écrit individuellement ou collectivement) réalisé en établissement de formation (coefficient 1). S’y ajoute un mémoire individuel de 30 à 35 pages ce qui est nettement plus court que le précédent. (le mémoire des éducateurs spécialisés est plus conséquent). Cette épreuve de mémoire et sa soutenance orale sera comme par le passé organisée par DRJSCS ( oral et écrit ont un coefficient 1). C’est la moyenne des 3 notes qui est retenue et qui compte pour le Diplôme.
Le DC3 comporte moins d’épreuves qu’auparavant avec une épreuve sur site qualifiant (soutenance à partir du dossier de diagnostic social territorial) toujours coefficient 1. S’y ajoute une épreuve sur table (étude de cas) sous la responsabilité de l’établissement de formation (coefficient 1) – Là aussi c’est la moyenne des 2 notes qui est retenue.
Le DC4 : porte sur l’Analyse d’une situation partenariale (avec la production d’une note d’analyse et une soutenance) Tout cela géré par l’établissement de formation qui note les 2 épreuves). S‘y ajoute un contrôle de connaissances des politiques sociales (se traduit par un devoir sur table) géré par l’établissement de formation. Là aussi c’est la moyenne des 3 notes qui est retenue
Quelques éléments d’analyse sur certains impacts de la réforme
Ce système de moyenne des notes peut paraître favorable aux étudiants rencontrant certaines difficultés ,ce qui fait dire à certains que le diplôme devrait être plus facile à obtenir que par le passé. Il y a là un paradoxe : les étudiants avant réforme auront des épreuves plus strictes en terme de notation. le Diplôme d’Etat peut être considéré en ce sens comme plus difficile à obtenir. Or ces futurs professionnel, s’ils ne bénéficient pas de « passerelles » garderont le niveau III (promos des diplômes 2019 et 2020) alors qu’ensuite les futures promotions bénéficieront de la reconnaissance niveau II. C’est ce qui explique pour une part l’importance, comme le demande l’ANAS, que soit instaurées des passerelles où si vous préférez un moyen permettant à ces étudiants notamment de passer du niveau III au niveau II moyennant une certification complémentaire. Il en est de même aussi pour les assistants de service social déjà diplômés : ils vont former des étudiants qui auront un niveau de diplôme universitaire supérieur à leur niveau actuel. Ce qui est quand même assez injuste au regard des expériences et de la connaissance qu’ils ont développé.
Quant au socle commun de formation : il n’y a pas de seuil maximum mais seulement un minimum de 30% (ce qui est déjà le cas) mais rien n’empêche un établissement de formation d’aller au delà.
Enfin une question se pose : ne risque-t-on pas voir apparaître des « diplômes maison » ? Cela en fonction de chaque politique de formation des établissements qui sont comme dans bien d’autres secteurs de formation « juges et parties » ? : aucun établissement ne souhaite avoir un faible taux de réussite, c’est bien logique. En tout cas le diplôme demeure un diplôme d’Etat. Les services de l’Etat malgré une moindre présence pour certaines épreuves restent garant de son bon déroulement.
Merci à Annie Pasquereau pour son apport d’expertise. Rappelons à ce sujet qu’Annie a été membre du groupe formation de l’ANAS qui a apporté sa contribution à ce travail sur les référentiels. Vous pouvez trouver là le décryptage de la réforme du DEASS qui est à mon sens une référence. C’est pourquoi je me permets d’insister sur son intérêt de le consulter.