On ne peut que saluer la prise de position ferme et sans ambiguïté du courrier Picard qui dans un édito intitulé « Ça sent le cochon chez Mohamed » dénonce des faits particulièrement odieux : « ils n’ont rien trouvé de mieux, au bout de leurs rires gras, que de se rendre en pleine nuit devant le salon de coiffure de Mohamed Manoubi, à Albert, dans la Somme, pour y déposer une tête de porcelet grillée. « Ils ont voulu frapper Mohamed dans son identité d’être humain. Mais rien ne peut atteindre le commerçant d’Albert. Car Mohamed a tout notre soutien, tout notre respect et, oui, tout notre amour. C’est d’humanité qu’il est question. Mohamed est notre frère en humanité. Il est notre ami. » écrit le journal.
Dans le même ordre d’idées alors que Marine Le Pen prépare sa campagne sur le thème de « La France apaisée », pour l’élection présidentielle de 2017, Les membres de sont parti agissent tout à l’inverse sur internet et dans leur proche environnement. Des sites qui se déclarent « patriotes » sont légion comme par exemple ici ou encore cette chaine youtube ou encore celle-ci qui se déclare carrément être une chaîne de « ré-information » avec des propos proches de la xénophobie. Elles n’ont que pour seuls amis celles et ceux qui soutiennent les thèses d’exclusion et voient en elles une solution à tous les problèmes. Il n’est donc pas étonnant que l’extrème droite identitaire n’hésite plus à s’afficher sans complexe et publiquement. La surenchère menée par les Républicains n’arrange rien non plus, au contraire elle apporte une caution crédible aux thèses d’exclusion et du rejet des étrangers.
Le racisme peut aussi croître chez les usagers des services sociaux et ce n’est pas surprenant non plus quand on sait que les français sont de moins en moins tolérants : 35% d’entre eux se disent racistes. Le rapport annuel 2014 de la Commission Nationale Consultative Des Droits De L’Homme sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (CNCDH) révèle cette inquiétante progression du racisme. Elle semble s’amplifier avec l’arrivée des migrants réfugiés qui rappelons le, ne sont pas très nombreux en France comparativement à d’autres pays. Ainsi la France a accueilli 10.000 réfugiés alors que dans le même temps le Canada en accueille 3 fois plus. 30.000 c’est aussi le nombre d’étrangers victimes des guerres qui devaient être accueilli dans notre pays. La peur de la montée du populisme est passée par là car l’amalgame est vite fait dans les esprits, réfugiés = attentats = terroristes. L’équation a évoluée depuis les attentats et ce sont désormais les étrangers et les français d’origine étrangère qui seraient à la source de tous nos maux.
Un journal Belge nous alerte : « Depuis quelques années, la grande utopie du journalisme participatif s’effrite peu à peu. Les espaces de débat, notamment les commentaires autour des articles, sont régulièrement assaillis par des contributeurs aux propos déplacés, voire haineux ». Car les personnes « racistes » sont très actives sur la toile. Elles ne manquent pas une occasion de déverser leurs idées et leurs solutions. Les personnes dites raisonnables, c’est à dire celles qui utilisent la raison et la logique pour se faire une opinion, ne réagissent pas ou peu.
C’est pourquoi le rôle des travailleurs sociaux est aussi d’expliquer sans cesse et calmement sans stigmatiser les personnes qui tiennent des propos racistes, une autre réalité que celle qui leur est servie par des médias qui diffusent l’air de rien les thèses du Front National et du grand remplacement. Or la réalité c’est d’abord et surtout , celle des victimes de guerre qui ont souvent été témoins d’atrocités. Des familles entières sont marquées à vie face aux violences qu’elles ont subi. En favorisant la rencontre entre la population d’un quartier et les arrivants syriens qui sont accueillis dans une ville, nous contribuons à développer ce « vivre ensemble » si nécessaire à la cohésion sociale. Ne l’oublions pas. Il est important de nous investir sur ce sujet professionnellement auprès des personnes que nous rencontrons. Parlons en, en équipe, et construisons des actions qui rapprochent la population des personnes accueillies. Il y a là aussi un véritable enjeu et défi à relever.
Photo via Visual hunt
Une réponse
très bon article et salutaire